<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> EPR de Taishan, pour EDF il faut stopper le réacteur et réparer

26 juillet 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Les deux EPR de Taishan Chine
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EPR de Taishan, pour EDF il faut stopper le réacteur et réparer

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EDF a adressé une véritable mise en garde publique à son partenaire chinois CGN lui recommandant d'arrêter le réacteur EPR numéro 1 de Taishan afin de remédier aux fuites de certains crayons contenant le combustible nucléaire. Elles sont à l'origine de la présence de gaz rares dans le circuit primaire de refroidissement. Il ne s'agit pas d'un incident encore moins d'un accident, mais d'un dysfonctionnement auquel il faut remédier. Il s'agit aussi et malencontreusement d'un problème devenu politique. Il a été révélé il y a près d'un mois par un média américain et les opérateurs chinois n'entendent pas se faire dicter leur conduite par leur partenaire français...

EDF aura attendu près d’un mois après la révélation de dysfonctionnement sur le réacteur nucléaire EPR numéro 1 de la centrale chinoise de Taishan pour réagir. Dans un communiqué publié à la fin de la semaine dernière l’entreprise publique française met en garde son partenaire chinois TNPJVC qui exploite les deux EPR vendus par le français en Chine. EDF est co-exploitant minoritaire de la centrale avec l’opérateur chinois China General Nuclear Power Group (CGN) dans la co-entreprise TNPJVC.

En France, EDF aurait déjà mis le réacteur à l’arrêt

«Au regard des analyses effectuées, les procédures d’EDF en matière d’exploitation du parc nucléaire français conduiraient EDF, en France, à mettre le réacteur à l’arrêt», affirme le communiqué. «Nous ne sommes pas dans une situation d’incident, ni d’accident, nous sommes dans une situation sérieuse avec un caractère évolutif qui en France nécessiterait une mise à l’arrêt du réacteur préventive dans les meilleurs délais. Au vu des éléments dont nous disposons, on reste dans un domaine d’exploitation qui permet de garantir la sûreté de l’installation et la maîtrise des conséquences, à ce stade», explique un expert d’EDF lors d’une communication avec des journalistes.

Le défaut d’étanchéité de certains crayons qui contiennent le combustible nucléaire est un problème qui n’est pas réglé. Et des gaz rares continuent de se répandre dans le circuit primaire, indique EDF.

Arrêter la dégradation des gaines de combustible

Il y a deux EPR opérationnels à Taishan, les deux seuls au monde qui produisent de l’electricité. Le premier EPR (Taishan1), affecté par les défauts d’étanchéité, a été mis en service en décembre 2018 et le deuxième, Taishan2, en septembre 2019 (voir la photographie ci-dessus de la centrale). Ils ont été construits par CGN et par EDF, actionnaire à 30% de la joint venture commune aux deux groupes et à un troisième industriel chinois, Guangdong YUDEAN. Taishan se trouve à 120 kilomètres au sud-ouest de Hong Kong

Il s’agit en tout cas d’un véritable message d’alerte qu’EDF indique avoir délivré en conseil d’administration en présence de son partenaire chinois CGN, co-actionnaire majoritaire de la société TNPJVC chargé de l’exploitation de la centrale nucléaire de Taishan. «Une mise à l’arrêt préventive permettrait d’arrêter la dégradation des gaines de combustibles, de mener des analyses sur les crayons pour identifier et comprendre les causes de ces fuites et de limiter l’ampleur des opérations de décontamination du circuit primaire et donc l’exposition du personnel à des éléments radioactifs», détaille l’expert d’EDF.

Demandée avec insistance par le français à son partenaire chinois ces dernières semaines, la tenue de ce conseil d’administration extraordinaire a permis un
 «partage d’analyses». Mais la décision de mettre à l’arrêt ou non le réacteur 
«appartient à TNPJVC», rappelle EDF dans son communiqué.

Arrêter le réacteur permettrait «d’arrêter l’évolution de la dégradation de la gaine des combustibles, qui présente des défauts d’étanchéité. Ensuite comprendre les causes de cette perte d’étanchéité en réalisant des inspections sur les crayons endommagés… L’arrêt permettrait aussi de limiter l’activité radiologique dans l’eau du circuit primaire, et par là même de limiter l’ampleur des opérations de nettoyage ou de décontamination de ce circuit».

Framatome fournit les crayons qui contiennent le combustible

Le sujet est politiquement sensible. Il a été révélé aux Etats-Unis par un media américain, ce que les Chinois n’ont pas du tout apprécié et ont considéré comme une trahison. Par ailleurs, la Chine fait face depuis plusieurs semaines à des pénuries d’électricité et a besoin de la puissance des EPR de Taishan.

Enfin et surtout, en dépit de la présence de gaz rares dans le circuit primaire du réacteur, les seuils réglementaires en vigueur à la centrale de Taishan sont respectés. Rien n’impose une mise à l’arrêt, selon les standards en vigueur en Chine. Problème: ces seuils ont été relevés, à 324 giga becquerels par tonne (GBq/t) d’eau (en France, ce seuil est fixé à 150 GBq/t), afin, justement, de permettre au réacteur de pouvoir continuer à fonctionner.

Les concentrations de gaz rares dans le circuit primaire auraient atteint 290 GBq/t à la fin du mois de mai. Depuis, les niveaux de concentration ont selon toute probabilité continué à augmenter.

Ce type d’événement n’est pas fréquent mais n’est pas non plus exceptionnel. Il est connu des exploitants nucléaires qui savent y remédier. EDF l’a déjà géré dans le passe dans des centrales en France. Les procédures d’arrêt et d’expertises «sont des procédures standard».

EDF ne se prononce pas par ailleurs sur l’origine du dysfonctionnement. «Il faut attendre les expertises pour comprendre l’origine de ces fuites. Aujourd’hui, il est hasardeux de faire des hypothèses». C’est EDF qui fournit les crayons combustibles via sa filiale Framatome.

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