Transitions & Energies
Charbon

Les énergies fossiles domineront encore longtemps


Le bilan énergétique mondial 2018 publié par le cabinet Enerdata a le mérite de remettre les idées en place. La réalité est têtue et la substitution des énergies fossiles par des énergies non carbonées est une affaire de longue haleine, de décennies, de stratégies réalistes et de volonté politique. Les promesses faciles, les incantations et les annonces de la fin du monde n’y changeront rien.

D’ores et déjà, les niveaux de carbone émis diminuent trop lentement pour respecter les engagements pris. Les énergies fossiles représentent encore 80% de la consommation mondiale. La demande en énergie des pays du G20, les 20 pays les plus riches qui représentent 80% de la demande mondiale, s’est accrue en 2018 de 2,2% à un rythme plus faible que la croissance moyenne de leur PIB (+3,8%). Leurs émissions de CO2 ont progressé dans le même temps encore moins rapidement (+1,7%).

Mais ce résultat ne permettra pas de respecter l’Accord de Paris de 2015 qui prévoyait une baisse annuelle moyenne des émissions de… 2,9%. Cette contre performance est la conséquence, selon Enerdata, à la fois d’un découplage insuffisant entre croissance économique et demande d’énergie et d’un mix énergétique encore totalement dominé par les sources fossiles.

Du côté des énergies qui se développent le plus vite, c’est le gaz qui se distingue (+4,8%). Cela tient au développement continu du gaz de schiste américain et à la forte demande chinoise liée à un effort de remplacement du charbon par le gaz. Les échanges de gaz naturel liquéfié (GNL) bondissent de 8,5% en un an. Mais si le gaz émet deux fois moins de CO2 que le charbon, il s’agit toujours d’une énergie fossile.

Dans le même temps, le pétrole ne recule pas, du fait notamment de la progression des parcs automobiles chinois et indiens et même la consommation de charbon augmente (+0,7%) tirée également par la demande chinoise et indienne.

Il faut souligner par ailleurs la progression de l’électrification dans le monde, qui se traduit par une hausse de 3,7% de la demande, supérieure à celle de la demande globale en énergie. La production d’énergies renouvelables, notamment éolienne et solaire, augmente rapidement. Elle s’est accrue en 2018 de respectivement 10% et 24%.

Enfin, l’Union européenne est le bon élève planétaire… pour le moment. Les émissions de CO2 ont diminué plus rapidement (-2,5%) que la demande en énergie (-1,1%) grâce à la baisse de l’utilisation du charbon de plusieurs Etats membres. Malgré certaines disparités, l’UE est en bonne voie pour atteindre son objectif de 20% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2020. Mais selon Enerdata, les 32,5% visés à l’horizon 2030 s’annoncent bien plus compliqués à atteindre.

 

La rédaction