Transitions & Energies

Empreinte carbone et respect des droits humains, les véhicules électriques ne sont pas au rendez-vous


Lead the Charge, un réseau qui regroupe plusieurs organisations et institutions engagées dans la transition énergétique, vient de rendre publique une étude sur la réalité des chaînes d’approvisionnement des constructeurs de véhicules électriques. Tant en termes d’empreinte carbone que de droits de l’homme, les résultats sont loin, très loin, d’être satisfaisants. Le meilleur du classement, Mercedes, n’a que 37% sur 100% possibles (Stellantis 22% et Renault 18%) et Tesla et les constructeurs chinois affichent des performances encore plus désastreuses.

L’empreinte carbone des véhicules électriques est en général meilleure que celle des véhicules thermiques même si le coût carbone de leur fabrication, surtout celui des batteries, et de leur recyclage est supérieur. Mais à condition d’être rechargé avec de l’électricité en partie décarbonée, il faut quelques dizaines de milliers de kilomètres à un véhicule électrique pour afficher un bilan carbone supérieur à son équivalent thermique. Mais les différences ne sont pas considérables et les manipulations des modèles fréquentes car les résultats des études dépendent beaucoup des hypothèses retenues par les différentes organisations et ONG faisant la promotion des véhicules électriques. Ainsi, stipuler que la durée de vie d’un véhicule avec ses batteries d’origine est de 10 ans, 15 ans ou 20 ans et qu’il aura parcouru avant d’être détruit 150.000 ou 300.000 kilomètres change totalement sa performance…

Evaluer la réalité de l’empreinte carbone et du respect des droits humains des chaînes d’approvisionnement

Voilà pourquoi les travaux menés par Lead the Charge avec une toute autre logique méritent une attention particulière. D’abord, cette association regroupe plusieurs organisations et institutions engagées dans la transition énergétique comme le Sierra Club, Transport and Environment, Investor Advocates for Social Justice et l’Université du Colorado. Ensuite, en partenariat avec le cabinet britannique Pensions & Investment Research Consultants (PIRC), elle s’est intéressée au cœur du problème à savoir les chaînes d’approvisionnements des constructeurs de véhicules électriques qui vont des matières premières et de leur raffinement jusqu’à la production de l’acier, de l’aluminium, des cellules de batteries, des câblages ou des moteurs électriques. Et les chaînes d’approvisionnement sont évaluées à partir de deux critères: l’empreinte carbone et le respect des droits humains.

Le classement de Lead the Charge

Mercedes en tête, Stellantis et Renault au milieu du peloton, les Chinois en queue du classement

Le moins que l’on puisse dire est que la fabrication des véhicules électriques pose de sérieux problèmes. Ainsi, l’étude montre que les modèles électriques de Mercedes sont les plus vertueux avec un score, loin d’être exceptionnel, de 37% sur 100%. Il se décompose en 27% pour le respect environnemental et 46% pour les droits humains. Lead the Change souligne les ambitions de Mercedes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de sa chaîne d’approvisionnement avec de l’acier et de l’aluminium provenant de fournisseurs qui font des efforts de décarbonation et note ses «efforts louables» pour recycler davantage et ses «politiques et mesures de pointe en matière de droits de l’homme». Lead the Charge note, cependant, que le constructeur automobile allemand n’est que légèrement meilleur que certains de ses concurrents dont Ford et Volvo.

Pas d’informations venant de BYD ou Chery

Ford est ainsi à la deuxième place avec 33% (mais le meilleur score en droits humains, 51%), suivi de Volvo avec 31%. Sauf que la marque suédoise passée sous le contrôle du chinois Geely décroche seulement 24% en droits humains, ceci expliquant cela. Geely, justement, arrive en queue de peloton, avec une note globale de 6%, à égalité avec Toyota, Kia et Mitsubishi. Et ce ne sont pas les plus mauvais. Les constructeurs chinois Chery et BYD (voir l’image ci-dessus d’une partie de sa gamme), devenu le numéro mondial du véhicule électrique et qui est sur le point d’envahir le marché européen, ont obtenu 0%. Tout simplement parce que les informations nécessaires à l’étude n’ont jamais été données…

Du côté des constructeurs français, Stellantis affiche un score de 22% avec seulement 11% sur l’empreinte carbone et 35% sur les droits humains. Renault se voit attribuer 18% avec 14% sur l’empreinte carbone et 21% sur les droits de l’homme. Ils peuvent se consoler en étant l’un comme l’autre meilleurs que Tesla avec 14% dont 7% seulement sur l’empreinte carbone et 21% sur les droits humains. Les sud-coréens Hyundai et Kia font encore moins bien avec des scores globaux de respectivement 11% et 6%.

«Cette campagne encourage les constructeurs automobiles à tirer parti de l’opportunité sans précédent offerte par la transition vers les véhicules électriques pour transformer radicalement leurs chaînes d’approvisionnement afin qu’elles soient équitables, durables et 100% sans combustibles fossiles», écrit la fondation First People Worldwide de l’université du Colorado. «Elle sensibilise également aux droits de l’homme et des peuples autochtones, au climat et aux impacts environnementaux qui se produisent tout au long des chaînes d’approvisionnement automobiles, en mettant l’accent en particulier sur l’acier, l’aluminium et les batteries

La rédaction