<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> EDF construira bien deux nouveaux réacteurs nucléaires au Royaume-Uni

23 juillet 2025

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EDF construira bien deux nouveaux réacteurs nucléaires au Royaume-Uni

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Après les deux EPR en cours de fabrication à Hinkley Point (sud-ouest), EDF construira deux autres réacteurs nucléaires au Royaume-Uni, des EPR2 améliorés, dans la centrale de Sizewell (est). C’est une très bonne nouvelle pour EDF qui en avait bien besoin. Compte tenu finalement des conditions du financement du chantier que l’énergéticien public français n’aura à assumer que marginalement, les retombées industrielles devraient être très bénéfiques pour lui. C’est le gouvernement britannique qui devient le principal actionnaire de la centrale. Mais EDF doit maintenant démontrer au Royaume-Uni que le passage à l’EPR2 permettra d’éviter les errements techniques et financiers des précédents chantiers cauchemardesques des EPR.

Le chantier très très compliqué des deux EPR de Hinkley Point (voir la photographie ci-dessus) n’a finalement pas refroidi l’enthousiasme retrouvé du Royaume-Uni pour le nucléaire et pour la technologie française. Le gouvernement britannique a annoncé mardi 22 juillet sa « décision finale d’investissement » dans la centrale nucléaire de Sizewell C, dans l’est de l’Angleterre. Hinkley Point se trouve au sud-ouest. Les deux réacteurs EPR2 de Sizewell seront d’une puissance totale de 3,3 GW et coûteront environ 38 milliards de livres (presque 45 milliards d’euros) au gouvernement britannique associé à des investisseurs privés dont l’énergéticien public français EDF.

Cette future centrale est considérée comme un projet majeur pour assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique du Royaume-Uni et le gouvernement « fait les investissements nécessaires pour ouvrir un nouvel âge d’or au nucléaire », a affirmé le ministre de l’Energie Ed Miliband. « Il est temps de faire de grandes choses et de construire de grands projets dans ce pays, et nous annonçons aujourd’hui un investissement qui fournira de l’énergie propre et locale à des millions de foyers pour les générations à venir », a-t-il ajouté.

Le coût stratosphérique du chantier d’Hinkley Point

A l’origine, au lancement du projet Sizewell C en 2020, EDF devait supporter 80% des coûts de construction estimés alors à 20 milliards de livres. Le groupe chinois CGN (China Général Nuclear) devait prendre à sa charge les 20% restants. Partenaire de longue date d’EDF, CGN a construit avec EDF les deux premiers EPR mis en service dans le monde et les plus performants, à Taïshan, à 120 kilomètres au sud-ouest de Hong Kong. Mais accusé de vols de secrets industriels, CGN a été contraint de se retirer du projet britannique en 2022.

Et dans le même temps, la situation économique et financière d’EDF n’a cessé de se dégrader. Pour ne rien arranger, le coût de Hinkley Point est devenu stratosphérique comme pour la plupart des autres chantiers d’EPR. Enfin, CGN qui était aussi associé au projet Hinkley Point s’est retiré. EDF s’est retrouvé dans une situation impossible contraint d’investir 5 milliards d’euros par an à Hinkley Point. Dont le coût initial évalué à 16 milliards de livres en 2016 lors du lancement du chantier est passé à 25 milliards de livres puis à 32,7 milliards de livres. Un cauchemar.

L’Etat britannique, qui n’avait pas le choix, devient le principal actionnaire

Il n’était évidemment pas question pour EDF, qui gère aussi le vieillissant parc nucléaire britannique, de connaître la même mésaventure avec Sizewell. Il a donc fallu monter en urgence un nouveau tour de table pour financer le chantier. Au final, l’Etat britannique, qui n’avait pas le choix, devient le premier actionnaire avec 44,9%, devant la Caisse de dépôt et placement du Québec (20%), le groupe énergétique britannique Centrica (15%), EDF (12,5%) et le fonds d’investissement britannique Amber Infrastructure (7,6%).

Sizewell C sera doté de deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération de type EPR2. Leur construction coûtera 38 milliards de livres selon le chiffre annoncé le 22 juillet qui représente une augmentation considérable par rapport à la précédente évaluation officielle de 20 à 30 milliards. Mais il est environ 20% plus faible qu’Hinkley Point C fait valoir le gouvernement britannique… Ce qui n’est pas vraiment une référence.

La Cour des comptes recommandait en janvier à EDF de ne pas investir dans Sizewell

EDF détient 72,6% d’Hinkley Point C et des critiques se sont élevées au Royaume-Uni pour dénoncer la part jugée trop importante du financement qui pèsera sur le contribuable britannique pour construire Sizewell C. D’autant plus que tous les chantiers d’EPR menés par EDF se sont traduits, en Finlande (Olkiluoto), en France (Flamanville), au Royaume-Uni (Hinkley Point) et même en Chine (Taishan) par des dérapages de budgets considérables et des délais de construction jamais respectés. Mais EDF en grande difficulté économique et qui doit financer en France la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 n’a pas les moyens d’assumer le projet Sizewell.

D’ailleurs en France, la Cour des Comptes recommandait même à EDF dans un rapport publié en janvier de cette année de ne pas investir dans Sizewell C avant d’obtenir une réduction significative de son exposition financière dans Hinkley Point C. Mais EDF souligne maintenant que Sizewell sera tout de suite financièrement positif pour le groupe. L’investissement sera d’environ 1,3 milliard d’euros ce qui sera très inférieur aux retombées industrielles immédiates en France pour Framatome et Arabelle Solutions, filiales d’EDF. La première forgera les viroles des huit générateurs de vapeur de Sizewell et la seconde fournira les deux turbo-alternateurs géants qui produiront l’électricité. Si le calendrier est respecté, on peut en douter…, Sizewell C sera opérationnel en 2033.

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