Transitions & Energies

Pour le père de la voiture électrique chinoise, l’avenir est à l’hydrogène


Wan Gang, l’homme qui a convaincu le gouvernement chinois de parier sur le véhicule électrique à batteries, estime qu’il est temps maintenant de passer à l’étape suivante, la voiture à pile à combustible. Pour lui, le véhicule à hydrogène n’a pas encore pris son envol pour des questions de coûts et quelques obstacles industriels. Mais la Chine peut tout changer en en faisant une priorité nationale.

Ancien cadre d’Audi, Wan Gang est devenu ministre de la science et de la technologie. Il a convaincu les dirigeants du pays il y a près de deux décennies de parier sur les véhicules électriques à la fois pour soutenir la croissance économique, réduire la dépendance chinoise au pétrole et diminuer la pollution dans les villes. Utilisant les aides publiques pour convaincre les consommateurs et les industriels, il a fait de la Chine, et de loin, le premier marché des véhicules électriques à batterie au monde. Il veut récidiver avec l’hydrogène.

«Nous devons créer une société de l’hydrogène», déclare Wan qui est maintenant vice-président du Conseil national chinois pour l’élaboration des politiques, un rôle plus important que celui de ministre et qui lui permet d’influer sur la planification à long terme de l’économie chinoise.

Cela signifie que le gouvernement chinois qui va arrêter l’an prochain de subventionner les voitures électriques à batteries va consacrer ses ressources au développement de la voiture à pile à combustible. En dépit de l’engagement en sa faveur de grands constructeurs comme Toyota et Hyundai, de ces avantages techniques – elle se recharge en quelques minutes et peut parcourir facilement de longues distances – la technologie du véhicule à hydrogène reste marginale car les coûts sont trop élevés. Elle est en plus particulièrement bien adaptée aux véhicules lourds, camions, bus et même les trains. Mais il y a seulement 1500 voitures à hydrogène aujourd’hui en Chine et 2 millions de voitures électriques à batterie…

La Chine a bien l’intention de changer cela. Le coup de pouce que les partisans du véhicule à hydrogène attendent depuis des années. Il faut à la fois réduire les coûts de production des véhicules et des piles à combustible en passant à une échelle industrielle de masse, améliorer la technologie en réduisant notamment le besoin en platine des piles à combustible et mettre en place des infrastructures lourdes de distribution et de stockage en toute sécuritéde l’hydrogène. «Nous allons surmonter tous les problèmes qui ont empêché le développement du véhicule à pile à combustible», promet Wan Gang.

La Chine n’est pas le seul pays à commencer à miser sur l’hydrogène. Le Japon a pour objectif d’avoir 40 000 véhicules à pile à combustible sur ses routes en 2020. Mercedes-Benz fait rouler une version à hydrogène de son modèle de SUV GLC.

La Chine a l’intention de tester l’hydrogène dans certaines régions en mettant en place un écosystème comprenant la production, le stockage, le transport et les stations pour recharger les véhicules. La première étape pourrait se voir rapidement dans les transports en commun. La Chine utilise beaucoup les bus électriques et possède presque 99% du parc mondial de ses véhicules lourds. Mais leur autonomie ne dépasse pas 200 kilomètres, ce qui réduit leur usage aux villes. Avec une autonomie de 500 kilomètres, les bus à pile à combustible pourraient devenir omniprésents sur les longues distances.

La rédaction