Transitions & Energies

Ce sont les deux et trois roues qui mènent la révolution électrique dans les pays en développement


La transition vers les véhicules électriques à batteries n’est pas réservée aux pays développés, à la Chine, l’Europe et les Etats-Unis. Elle devient aussi une réalité dans les pays en développement en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Mais elle se fait dans les grandes métropoles congestionnées via les deux et trois roues qui passent à l’électrique.

La progression des ventes de voitures électriques à batteries ne se dément pas et l’année 2023 devrait avoir êté marquée par de nouveaux records de vente. Il s’en est vendu plus de 10 millions en 2022 et les parts de marché sont passées de 4% en 2020 à 14% en 2022. En 2023, les ventes de véhicules électriques neufs devraient avoir franchi le cap des 14 millions. Mais ce qui est vrai en Chine, en Europe et aux Etats-Unis ne l’est pas dans les pays en développement bien plus pauvres et dont les métropoles sont en outre souvent totalement congestionnées. Dans ces pays, en Asie, en Afrique et en Amérique, les deux et trois roues font la loi : scooters, motocyclettes, motos et triporteurs. Et leur conversion à la motorisation électrique est spectaculaire !

L’Inde, le royaume des triporteurs électriques

L’Inde en est un bon exemple. En 2023, plus de la moitié des nouveaux véhicules à trois roues vendus et immatriculés dans le pays étaient électriques alimentés par des batteries. En 2022, ils représentaient déjà 40% des 632.000 triporteurs commercialisés en Inde. Pas moins de 70% des véhicules en circulation dans le pays sont à deux roues. Et les « tuk-tuks», les fameux utilitaires à trois roues pour transporter des personnes et des marchandises, représentent 10% supplémentaires. Un plan fédéral de 1,3 milliard de dollars a été lancé pour encourager la fabrication des deux et trois roues électriques et offrir des incitations financières aux clients qui les achètent. Même si l’investissement initial est élevé, de nombreux chauffeurs de taxi indiens font ce choix car le coût d’exploitation de ces véhicules est généralement inférieur à celui des véhicules à moteur à combustion interne. Certaines villes indiennes offrent aussi désormais de cartes interactives indiquant l’emplacement des centres de recharge des véhicules électriques. L’objectif très ambitieux du gouvernement indien est que les électriques représentent 80% des ventes de véhicules à deux ou trois roues d’ici à 2030.

Ce n’est pas encore gagné. Même avec les aides, le coût initial élevé des véhicules électriques est un problème persistant. Les infrastructures de recharge manquent. Le marché des trois roues s’est développé rapidement parce qu’une industrie informelle de petits garages fabrique des véhicules utilisant des batteries plomb-acide très polluantes.

De nombreuses start-ups dans le monde entier se sont lancées dans la fabrication de petits véhicules électriques à 2 ou 3 roues, mais aussi plusieurs grands constructeurs. Honda a récemment annoncé son objectif de vendre quatre millions de motos électriques par an d’ici la fin de la décennie.

La question clé des subventions pour les carburants fossiles

Si l’utilisation d’un petit véhicule électrique en Inde peut éventuellement s’avérer moins coûteuse que celle d’un véhicule à combustible fossile, ce n’est pas le cas partout. Le prix élevé de l’électricité et la multiplication des coupures de courant sont souvent un obstacle. Au Mexique, par exemple, le gouvernement continue de subventionner l’essence, ce qui incite les consommateurs à continuer d’acheter des véhicules à moteur à combustion interne. Dans la ville de Mexico soumises à des embouteillages monstres permanents et à des niveaux élevés de pollution atmosphérique, l’électrique à 2 roues offre de nombreux avantages. Econduce, un service de partage de cyclomoteurs électriques, se développe rapidement.

Au Kenya, les problèmatiques sont encore différentes. , il y a environ 1,3 million de boda bodas (vélos et motos-taxis) dans tout le pays, dont environ 1.500 fonctionnent à l’électricité. Une startup, ARC Ride, a créé un service qui permet aux consommateurs d’utiliser une application qui déverrouille un casier contenant une batterie au lithium entièrement chargée. Les conducteurs de motos-taxis peuvent laisser leur batterie déchargée dans un autre casier et prendre la nouvelle pour parcourir 90 km supplémentaires. Il existe actuellement 72 stations d’échange à Nairobi, la capitale et d’autres sont en cours d’installation. William Ruto, le président du Kenya, espère faire passer le nombre de motos électriques dans le pays à 200000 d’ici à la fin de 2025.

La rédaction