<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’AIE persiste et signe, l’avenir pétrolier de la Russie s’assombrit rapidement

20 mars 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Photo :
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

L’AIE persiste et signe, l’avenir pétrolier de la Russie s’assombrit rapidement

par

La Russie a réussi l’an dernier à maintenir ses revenus pétroliers et gaziers et même à les augmenter en dépit des sanctions et embargos ayant suivi l’invasion de l’Ukraine. Mais pour l’Agence internationale de l’énergie, les exportations russes d’hydrocarbures baissent et continueront à baisser inéluctablement.

Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les revenus tirés par la Russie de ses exportations de pétrole sont en net repli du fait des sanctions prises par l’Union européenne et le G7 et ce n’est qu’un début. Faute de soutien technique des compagnies occidentales, la Russie aura le plus grand mal à entretenir, renouveler et encore moins développer ses infrastructures pétrolières.

Dans son dernier rapport mensuel, l’agence affirme que la succession de sanctions prises par les pays occidentaux et leurs alliés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 commence à porter ses fruits, au moins dans le domaine énergétique. Début décembre, l’UE et le G7 ont interdit l’entrée de pétrole russe dans leurs ports. Ils ont en outre plafonné le prix du baril russe qui utilise la voie maritime pour être exportée, largement contrôlée par les pays occidentaux (fret et assurances). Début février, l’embargo s’est étendu aux produits raffinés issus du pétrole russe.

Vendre son brut à la Chine, l’Inde et la Turquie

Jusqu’à aujourd’hui, la Russie a plutôt bien réussi à contourner l’embargo en vendant son brut à d’autres pays que les alliés de l’Ukraine, notamment en Asie (Chine, Inde et Turquie). Mais la salve de sanctions sur les produits pétroliers raffiné devrait davantage avoir d’impact.  Car le principal acheteur du gazole russe, avant la guerre, était l’Union européenne (UE). La Russie était alors de loin le plus important fournisseur d’énergie de l’UE, assurant 27% de ses importations de pétrole et 41% de celles de gaz.

Selon l’AIE, les exportations russes de pétrole étaient de 8,2 millions de barils par jour (mb/j) en janvier et sont tombées à 7,5 mb/j en février. «Les recettes d’exportation ont encore chuté de 2,7 milliards de dollars à 11,6 milliards de dollars en baisse de 42% par rapport à il y a un anEt si les recettes fiscales russes provenant des ventes de pétrole ont augmenté de 22% par rapport à janvier après ajustement des règles de taxation à l’exportation, à 6,9 milliards de dollars, elles représentent seulement 45% du niveau de l’année précédente, selon le ministère russe des Finances», écrit l’AIE.

Une baisse de la production

Mais les sanctions ont mis beaucoup de temps à commencer à avoir un impact, d’autant plus que l’an dernier, la Russie qui était en 2021 le deuxième producteur mondial de pétrole et de gaz, a pu profiter de l’envolée des prix des carburants fossiles. Ainsi, selon le Centre for research on energy and clean Air (CREA), un institut de recherche indépendant basé en Finlande, la Russie a tiré 93 milliards d’euros de ses exportations de pétrole, gaz et charbon durant les cent premiers jours de l’invasion en Ukraine. Dont 57 milliards en provenance des pays de l’Union européenne alors incapables de s’en passer. Et dans l’année qui a suivi l’invasion de l’Ukraine, toujours selon le CREA, la Russie a tiré 315 milliards de dollars de ses exportations d’énergies fossiles dans le monde dont près de la moitié provenant des pays de l’Union Européenne. Mais les choses commencent à changer.

Car si Moscou a réussi l’an dernier, surtout pour le pétrole, à trouver d’autres clients et a pu profiter de prix élevés, même en cassant les siens, la situation est aujourd’hui moins favorable. La Russie a assuré l’an dernier 20% des importations de pétrole de la Chine et 40% de celles de l’Inde. Selon l’AIE, ce mécanisme atteint maintenant ses limites. Le nombre de cargaisons russes vers la Chine et l’Inde ont baissé en février, les stocks mondiaux de pétrole sont au plus haut depuis dix-huit mois et les cours du baril ne cessent de baisser. Même si l’Afrique, la Turquie et le Moyen-Orient absorbent une partie du pétrole russe dont l’Occident ne veut plus et que l’Asie ne peut absorber, le compte n’y est pas. Voilà pourquoi Moscou a annoncé une réduction de sa production de 500.000 barils/jour rappelle l’AIE.

Combiné avec la baisse rapide des cours du baril depuis plusieurs jours, du fait notamment de la crise bancaire aux Etats-Unis, c’est une mauvaise nouvelle pour la Russie qui est de fait un Etat pétrolier. Les exportations de pétrole, gaz et dans une moindre mesure de charbon constituent la principale source de revenus du Kremlin.

Problèmes d’infrastructures

Et puis l’AIE estime qu’à terme les infrastructures pétrolières russes deviendront de moins en moins performantes, faute de moyens, techniques et financiers, pour les entretenir, les renouveler et les développer. Même avant la guerre, les propres prévisions du gouvernement russe étaient que la production de pétrole et de gaz du pays allait s’affaiblir du fait à la fois de l’épuisement des réserves et des effets des sanctions technologiques et économiques imposées par l’Occident après l’annexion de la Crimée en 2014. Même son scénario le plus optimiste prévoyait une augmentation modeste à court terme de la production de pétrole, puis un plateau de 2024 à 2035. Dans le scénario le plus conservateur, la production de pétrole devait diminuer rapidement.

Depuis le début de la guerre, de nombreuses compagnies pétrolières occidentales, qui apportent généralement des capitaux et de la technologie, ont quitté la Russie. Dans un pays aux réservoirs complexes, aux gisements vieillissants et au climat hostile, le manque d’investissements et d’accès à la technologie va accélérer ce déclin.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This