Le groupe Atlantic, un des champions européens du CVC (chauffage, ventilation et climatisation), est sur le point d’être vendu au groupe nippo-américain Paloma Rheem. Un accord annoncé au début de la semaine prévoit une prise de participation majoritaire à son capital. Selon Les Echos, la transaction se ferait à une valorisation de l’entreprise d’environ 3 milliards d’euros. Atlantic est une véritable réussite industrielle comme la France en connait trop peu. La société fabrique des radiateurs, des chauffe-eau, des chaudières et surtout des pompes à chaleur dont elle est le numéro un en France.
L’opération est soumise au contrôle des investissements étrangers et donc à l’approbation du gouvernement. « Si on a un investisseur étranger qui vient pour développer Atlantic, préserver l’empreinte industrielle, en faire ce qu’il est déjà, mais en mieux, un des leaders mondiaux de la transition énergétique, je vais dire « welcome », bienvenue. Si c’est pour désosser, couper, casser et je vais dire « prendre l’argent et se tirer », c’est non », a prévenu le 23 décembre le ministre de l’économie Roland Lescure, sur BFMTV.
La clé de la transition énergétique dans le logement
Le développement des pompes à chaleur est la clé de la transition énergétique dans le chauffage et la climatisation des bâtiments et des logements. C’est même la seule solution technique mature pour y parvenir. A niveau de confort équivalent, elle permet en général de consommer entre trois et cinq fois moins d’électricité qu’un radiateur pour chauffer une habitation. Et il s’agit d’une véritable source d’énergie renouvelable puisque les pompes fabriquent de l’énergie à partir des calories présentes dans l’air, l’eau ou le sol. Et cette énergie peut être utilisée pour le chauffage, la climatisation et l’eau chaude sanitaire.
Les pompes à chaleur sont ainsi un élément essentiel de la fameuse électrification des usages, si difficile à mettre en place, qui permet de substituer aux combustibles fossiles (gaz et fioul) de l’électricité décarbonée. Pas moins de 95% de l’électricité produite en France l’an dernier était décarbonée.
Atlantic a été fondé en 1968 en Vendée par deux ingénieurs
Si elle est autorisée par le gouvernement, la vente de Atlantic doit être finalisée rapidement en 2026. Elle est présentée par les dirigeants de l’entreprise comme un moyen de faire face à la concurrence chinoise devenue féroce dans le domaine des pompes à chaleur.
Atlantic a été fondé en 1968 à la Roche-sur-Yon en Vendée par deux ingénieurs Paul Radat et Pierre Lamoure. L’entreprise est présente aujourd’hui dans plus d’une douzaine de pays et possède 31 usines dont treize situées en France, et environ 12.000 salariés. Elle est notamment propriétaire des marques Atlantic, Thermor et Sauter.
La filière subit de plein fouet la concurrence des fabricants asiatiques, notamment chinois, sans parler de l’instabilité et des dysfonctionnements à répétition des aides et dispositifs publics à la rénovation énergétique des bâtiments. Voilà notamment pourquoi le chiffre d’affaires du groupe était en baisse de 12,5% l’an dernier par rapport à 2023 à 2,8 milliards d’euros en 2024. En 2024 seulement 180.000 pompes à chaleur air/eau ont été vendues, en France, 40% de moins qu’en 2023.
D’une façon plus générale, la filière est entrée dans une phase de consolidation internationale. L’un des autres leaders européens du secteur, l’allemand Viessmann, a été racheté l’an dernier par un autre acteur américain, le groupe Carrier.
Conflit dans l’actionnariat familial
Mais Atlantic est aussi victime, comme souvent les entreprises familiales, d’un problème de succession. La société appartient aujourd’hui aux enfants des fondateurs Paul Radat et Pierre Lamoure, les deux familles possédant à parts égales 99,8% de son capital. Mais des dissensions sont apparues entre les familles qui n’ont fait que s’aggraver après la disparition des deux fondateurs en 2016 et 2017. En septembre 2025, les familles Radat et Lamoure ont finalement conclu un accord pour la mise en vente du groupe.
Basé à Tokyo, Paloma Rheem est issu de l’alliance des deux groupes japonais, Paloma et Fujitsu General, avec l’américain Rheem. Atlantic est un partenaire de longue date de Fujitsu General dont il assure depuis 30 ans la distribution en France et au Benelux des équipements de climatisation. Avec le rachat d’Atlantic, le nouveau groupe afficheraient un chiffre d’affaires supérieur à 10 milliards d’euros, ce qui lui permettrait d’entrer dans le top 10 mondial du secteur. Les autres acteurs européens se situent sous la barre des 5 milliards de chiffre d’affaires. Surtout, le nouveau groupe disposerait d’une vraie complémentarité géographique, avec une présence industrielle et commerciale forte à la fois en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.
Maintenir le siège en France
« Paloma Rheem a constamment démontré sa capacité à investir dans les entreprises qu’elle acquiert et à en soutenir la croissance dans la durée en laissant une large autonomie au management opérationnel local, a déclaré Damien Carroz, président du directoire d’Atlantic. Dans un contexte de concurrence internationale accrue, cette opération nous donne les moyens de renforcer durablement notre compétitivité tout en accélérant notre transition vers les solutions thermodynamiques ».
Une partie des actionnaires familiaux d’Atlantic devraient rester au capital de l’entreprise. L’acheteur se serait par ailleurs engagé à maintenir le siège du Groupe Atlantic en France, à conserver ses marques et à confirmer le management. Le groupe avait annoncé en décembre 2024 un investissement de 140 millions d’euros pour ouvrir une nouvelle usine de pompes à chaleur près de Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire), afin de relocaliser en France une partie de sa production.













