Transitions & Energies

L’importance des pompes à chaleur est grandement sous-estimée


Pour décarboner le chauffage des bâtiments, il n’y a qu’une seule solution techniquement mature, la pompe à chaleur. Elle devrait être la priorité de la transition énergétique avant les renouvelables et les voitures électriques. D’autant plus, que l’Union Européenne s’est fixée, pour changer, des objectifs totalement irréalistes: installer 50 millions de pompes à chaleur supplémentaires d’ici 2030. Le premier problème à surmonter est celui du manque d’informations fiables.

Pas moins de 62,8% de la consommation d’énergie dans les bâtiments en Europe est faite pour les chauffer et 15,1% pour chauffer l’eau. Toujours en Europe, chauffer et refroidir est responsable de 52% de la consommation d’énergie finale. Si un domaine devrait être la priorité de la transition énergétique, c’est bien celui-là et bien avant la production d’électricité qui assure environ un quart des besoins en énergie. Encore plus en France, où la production d’électricité est déjà décarbonée à plus de 90% avec le nucléaire, l’hydroélectrique, l’éolien et le solaire.

Des objectifs irréalistes, 50 millions de pompes à chaleur en plus en Europe d’ici 2030

La solution pour réduire la consommation d’énergie dans les bâtiments existe, elle s’appelle pompe à chaleur. Elle permet de démultiplier l’efficacité de l’électricité ce qui devient particulièrement vertueux quand elle est décarbonée. Les ventes de pompes à chaleur ont augmenté de 34% en 2021 en Europe pour atteindre un total de 2,18 millions d’unités, 560.000 de plus qu’en 2020. L’Union Européenne compte 16,98 millions d’unités installées qui représente environ 14% du marché du chauffage. Mais pour atteindre les objectifs irréalistes d’électrification et de décarbonation que les technocrates hors sol de Bruxelles ont fixé et que les gouvernements et parlementaires ont accepté sans sourciller, elle a besoin de 50 millions de pompes à chaleur en plus d’ici 2030…

A en croire l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour parvenir à atteindre l’objectif d’émissions zéro net d’ici 2050, le nombre de pompes à chaleur qu’il faudra installer dans le monde passera de 180 millions en 2022 à 660 millions en 2030 et 1,8 milliard d’ici 2050. Le retard pris par rapport à ce scénario semble d’ores et déjà presque impossible à rattraper. Et pourtant, le principe de la pompe à chaleur est connu depuis très longtemps. Il a été théorisé en 1852 par William Thomson, mathématicien, physicien et ingénieur britannique connu aussi sous le nom de Baron Kelvin. Et cinq années plus tard, l’ingénieur autrichien Peter von Rittinger fabriquait le premier prototype de pompe à chaleur. Il a fallu un siècle un demi pour cette technologie qui augmente considérablement l’efficacité énergétique commence à s’imposer.

Cette technologie est très performante. L’efficacité des pompes à chaleur est généralement mesurée en fonction de leur coefficient de performance (COP). Un COP de 3, par exemple, signifie que 1 kWh d’électricité donne 3 kWh de chaleur – c’est effectivement 300% d’efficacité. Le COP que vous obtenez de votre appareil peut varier en fonction de la météo et d’autres facteurs.

Un manque flagrant d’informations fiables

Plusieurs études montrent que l’accès à l’information sur les avantages des pompes à chaleur joue un rôle majeur dans leur diffusion et a encore plus d’importance que le prix même des équipements et de leur installation. Car il est difficile de faire changer aux propriétaires des logements leurs systèmes de chauffage. Une étude commandée par le fabricant de pompes Grundfos, basé au Danemark, montre que jusqu’à 33,3% des personnes interrogées qui ont acheté une chaudière avaient envisagé un temps une pompe à chaleur. Les principales considérations lors du choix d’un système de chauffage sont la consommation d’énergie, les coûts d’exploitation, la classe d’efficacité énergétique et les coûts d’achat et d’installation. Ainsi, 74,3% des personnes interrogées ont déclaré que les étiquettes énergétiques jouaient un rôle dans le processus décisionnel.

Une étude espagnole a également identifié l’étiquetage de l’efficacité énergétique comme un facteur essentiel qui influence sur le choix d’un appareil de chauffage avec les économies potentielles, les coûts d’exploitation et de maintenance et pour finir l’image de soi… Les auteurs recommandent de faciliter l’accès à l’information, de mettre en évidence la classification énergétique de l’appareil, de fournir également au public des informations sur les économies d’énergie et de coûts et d’encourager le passage à un appareil de chauffage économe en énergie grâce aux subventions.

L’importance de l’information – avant l’installation d’une pompe à chaleur mais aussi pendant son fonctionnement est également démontrée par une enquête auprès des utilisateurs de pompes à chaleur en Angleterre. Si la plupart des utilisateurs sont satisfaits de la fiabilité, du chauffage, de l’eau chaude, de la chaleur et du confort de leur système, l’étude a également montré qu’une meilleure compréhension de leur système de pompe à chaleur en améliorerait l’efficacité. Et c’est souvent le manque de compréhension des consommateurs qui donne lieu à des plaintes concernant la sous-chauffe ou la surchauffe, le chauffage lent et/ou les factures de carburant élevées

Choisir les appareils les plus efficaces et les mieux adaptés

Mais le type d’informations à diffuser n’est pas le même d’un État membre de l’UE à l’autre. Une étude réalisée en 2017 sur l’adoption de solutions énergétiques dans huit États membres de l’UE a révélé que les appareils les plus efficaces avaient une part de marché inférieure en France, au Royaume-Uni et en Suède par rapport à d’autres pays. En outre, les ménages de ces pays étaient moins susceptibles d’être au courant des technologies d’énergie alternatives.

De grandes variations selon les pays concernent aussi plusieurs critères d’achat, tels que le design, les recommandations des amis et de la famille, les mesures de soutien financier et les recommandations des professionnels. En fait, les États membres de l’UE auront besoin de stimuli différents pour encourager les consommateurs à passer à la pompe à chaleur.

La rédaction