<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Une nouvelle révolution énergétique en Allemagne, moins d’argent public pour les renouvelables

17 septembre 2025

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Une nouvelle révolution énergétique en Allemagne, moins d’argent public pour les renouvelables

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La révolution énergétique allemande, l’Energiewende, lancée il y a 15 ans va connaître une évolution majeure. Plutôt que d’investir massivement dans des capacité renouvelables intermittentes qui ne permettent pas de répondre en permanence aux besoins du pays et ont fait s’envoler les prix de l’électricité, la nouvelle coalition au pouvoir veut changer radicalement d’approche. La politique énergétique du pays ne sera plus mesurée par la puissance installée des capacités renouvelables, qui n’a aucun sens, mais plutôt par l'utilisation réelle des MWh effectivement produits et à quels coûts. La politique énergétique du pays doit s'appuyer sur la réalité du marché et une partie des aides existantes sont remises en question. L'électrification des usages dans les transports, l’industrie, le chauffage… et donc l'augmentation annoncée de la consommation d'électricité ne sont pas au rendez-vous. Cela nécessite un changement radical de politique énergétique qui n’est pas sans faire écho au débat houleux en France sur la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie).

La trop fameuse transition énergétique allemande, l’Energiewende, lancée maintenant il y a plus de 15 ans, est un échec. Un échec économique avec une envolée sans précédent des prix de l’électricité qui a appauvri la population et démoli la compétitivité industrielle du pays et même un échec climatique avec une réduction bien inférieure aux ambitions des émissions de gaz à effet de serre. Comme le souligne depuis des années de nombreuses institutions allemandes, à commencer par la Cour des comptes du pays, l’équation est impossible en dépit de plus de 600 milliards d’euros d’investissements.

Tout miser sur les renouvelables intermittents, éolien et solaire, et abandonner dans le même temps le nucléaire revient à être toujours aussi dépendant des centrales thermiques à gaz et surtout au charbon et au lignite et des importations d’électricité nucléaire (surtout française) quand il n’y pas de vent et de soleil. Et les choses sont encore plus compliquées quand les centaines de milliards d’euros nécessaires à la modernisation du réseau de transport électrique à haute tension ne sont pas là. Résultat, les éoliennes produisent au nord quand il y a du vent et n’alimentent pas la demande au sud. L’Allemagne doit ainsi construire de toute urgence 40 nouvelles centrales à gaz. 

Apprendre de ses erreurs

Mais si l’Energiewende a été poursuivie envers et contre tout pour des raisons politiques et idéologiques, et est même devenu le modèle que cherche à imposer depuis des années la Commission Européenne, les choses commencent doucement à changer à Berlin avec une coalition gouvernementale menée aujourd’hui par les conservateurs de la CDU qui ont fini par apprendre de leurs erreurs.

Lors de la présentation le 15 septembre d’un rapport indépendant sur l’efficacité réelle de la transition énergétique allemande, la ministre chrétienne-démocrate de l’Economie et de l’Energie, Katherina Reiche, a indiqué sa volonté de réduire les subventions aux renouvelables et de mettre en place une politique basée cette fois sur « une évaluation honnête des besoins et un réalisme dans la planification ». Elle entend remettre les coûts « au centre des préoccupations ».

Remises en question des aides

« La transition énergétique est à un tournant », a-t-elle affirmé. Le ministère souligne que la puissance installée en énergie éolienne et solaire dépasse largement les besoins du pays à certaines périodes, tandis qu’en l’absence de vent ou d’ensoleillement, il faut avoir recours aux énergies fossiles ou aux importations. La dirigeante chrétienne-démocrate plaide pour un changement radical d’approche. A ses yeux, la politique énergétique du pays ne doit plus être mesurée par la puissance installée des capacités renouvelables, qui n’a aucun sens, mais plutôt à l’utilisation réelle et efficace des mégawattheures (MWh) produits. Katherina Reiche propose ainsi de supprimer la rémunération fixe aux exploitants d’installations solaires. La politique énergétique du pays doit s’appuyer sur les réalités du marché et une partie des aides existantes seront remises en question.

La ministre entend également avoir une approche plus efficace et économe sur la modernisation des réseaux électriques. Ainsi, l’utilisation de lignes aériennes offre des possibilités d’économies considérables par rapport à l’enfouissement, et une optimisation de l’éolien maritime permettra d’éviter « jusqu’à 40 milliards d’euros » d’investissements en ayant pour objectif de limiter le nombre de lignes de raccordement.

Une consommation d’électricité revue à la baisse

L’industrie s’est félicitée de ce retour à plus de réalisme. « La transition énergétique n’est plus sur les rails depuis longtemps […]. Nous avons besoin d’un changement de cap », a affirmé le directeur général de la Fédération de l’industrie chimique, Wolfgang Grosse Entrup. Une approche saluée par la Fédération allemande de l’industrie (BDI).

Mais Katherina Reiche doit aussi tenir compte des rapports de force politique et de la présence des sociaux-démocrates du SPD dans la coalition au pouvoir. Elle a donc conclu en affirmant que le pays maintiendrait ses objectifs climatiques, en portant la part des renouvelables dans la consommation électrique de 60% à 80% d’ici à 2030. Mais le nombre d’installations nécessaires pour atteindre cet objectif sera moins important qu’annoncé, parce que les besoins en électricité sont tout simplement moins élevés qu’espéré.

Le rapport réalisé à la demande du gouvernement allemand par la société de conseil BET et l’Institut d’économie de l’énergie (EWI) de l’Université de Cologne montre que l’électrification des usages dans les transports, l’industrie, le chauffage… n’est pas au rendez-vous, comme en France d’ailleurs. Les experts estiment que la consommation électrique de l’Allemagne se situera entre plutôt entre 600 et 700 térawattheures (TWh) à l’horizon 2030. En 2023, elle avait été estimée par le gouvernement et l’Agence fédérale des réseaux à au moins 750 TWh.

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