Transitions & Energies

L’usine Tesla de Berlin en passe de devenir une ZAD


Sabotages, manifestations, affrontements, intrusions. Il ne se passe plus une semaine sans que des actions violentes viennent perturber le fonctionnement de l’usine Tesla de Berlin. Des militants écologistes radicaux veulent par tous les moyens empêcher une extension de l’usine qui passe notamment par le défrichement d’une centaine d’hectares de forêt. La situation commence à rappeler celle de la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Des militants écologistes et anticapitalistes ont commencé à construire des cabanes dans les arbres pour bloquer les travaux. Voilà qui ne va pas arranger la situation du constructeur automobile américain en difficulté depuis plusieurs mois.

Tesla en difficulté depuis plusieurs mois n’avait pas vraiment besoin de cela. Confronté à une baisse historique de ses ventes et de ses marges et à la contestation grandissante de son président gourou Elon Musk, le constructeur automobile américain est en butte dans son usine proche de Berlin à des attaques permanentes de militants écologistes et d’extrême-gauche.

Depuis le début de l’année, ils sont de plus en plus nombreux et déterminés à empêcher l’agrandissement de la seule usine européenne de Tesla inaugurée en 2022 à Grünheide, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Berlin. Le projet passe notamment par le défrichement d’environ 100 hectares de forêt afin de construire une gare de marchandises et des entrepôts. Pour la firme automobile américaine, ce site qui emploie aujourd’hui 12.000 personnes est stratégique. Il produit notamment le « Model Y », un SUV qui est son véhicule le plus vendu sur le Vieux-Continent.

Affrontements avec la police et tentatives d’intrusion

Le 11 mai dernier, plus d’un millier de manifestants, selon la police, et 2.000, selon les organisateurs, ont à nouveau manifesté contre le projet de Tesla d’agrandir son usine. Il y a eu quelques échauffourées entre militants et policiers qui étaient venus avec des unités à cheval et un canon à eau, mais rien de bien grave. Le site en a connu d’autres.

La veille, le 10 mai, plusieurs centaines de manifestants avaient tenté de s’introduire sur le site mais la police les avait repoussés. Un porte-parole des forces de l’ordre avait fait état de dizaines de blessés des deux côtés. Un collectif d’associations extrémistes dont Extinction Rebellion, Nabu et Robin des Bois avait établi un camp d’environ 200 tentes non loin de l’usine qui a accueilli des militants venus de toute l’Europe et a été démantelé par la police. Ces organisations ont fait de Tesla et d’Elon Musk des cibles emblématiques.

Et la situation commence aussi à rappeler celle de la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique. Des militants écologistes et anticapitalistes ont commencé à construire des cabanes dans les arbres pour bloquer les travaux.

L’usine à l’arrêt plusieurs jours en mars après un sabotage

Début mars, l’incendie d’un pylône électrique, revendiqué par un groupuscule d’extrême gauche, avait mis l’usine à l’arrêt pendant plusieurs jours. Une semaine après ce sabotage, Elon Musk était venu « soutenir » les salariés de l’usine et s’en prendre aux auteurs de l’incendie qu’il avait qualifiés « d’écoterroristes ».

Le chancelier Olaf Scholz a déclaré qu’il espérait une augmentation de la production de Tesla sur le site. Et dans un message sur X, qu’il possède, Elon Musk a jugé les événements qui se succèdent à Grünheide étonnants. « Il se passe quelque chose de très étrange, car Tesla est la seule entreprise automobile à avoir été attaquée ! ».

Tesla a estimé à plusieurs centaines de millions d’euros le préjudice lié à l’incendie du mois de mars. Et il faisait suite à un autre arrêt de la production, entre le 29 janvier et le 11 février, du fait cette fois d’une pénurie de pièces liée à l’allongement des itinéraires de transport maritime à la suite des attaques des Houthis en mer Rouge empêchant le transit des navires par le canal de Suez.

Tesla souhaite agrandir de 170 hectares en tout son usine de Grünheide afin d’y doubler la production, pour atteindre un million de véhicules électriques par an. L’usine occupe déjà 300 hectares et a une capacité de production de 500.000 unités par an, mais la production réelle serait autour de 250.000 voitures électriques.

Le conseil municipal de Grünheide doit donner son avis sur le projet d’extension de l’usine le 16 mai. Si elle est positive, il est à craindre qu’elle ne mette pas fin aux violences.

La rédaction