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Cartes méthane monde GHGSat capture écran

Il est maintenant possible de savoir qui émet le plus de méthane sur la planète


Les pays et les sociétés responsables des émissions du méthane -ce puissant gaz à effet de serre qui serait responsable d’un quart du changement climatique d’origine humaine et dont le pouvoir de réchauffement est 28 fois plus élevé que le CO2- ne peuvent plus se cacher.

La société GHGSat de Montréal, spécialisée dans la détection des émissions de gaz à effet de serre et des gaz polluants, a rendu publique il y a quelques jours une carte des émissions de méthane dans le monde (voir la capture d’écran ci-dessus) en utilisant les données obtenues par ces deux satellites. Ces satellites ont été lancés au début de l’année et sont capables de détecter les émissions de méthane provenant des gisements de pétrole et de gaz, des mines de charbon, des centrales électriques, des fermes, des usines et des sols.

Les émissions de méthane augmentent depuis dix ans sans qu’on sache vraiment pourquoi

Pour rappel, le méthane est un gaz à effet de serre dont l’importance a été longtemps négligée. Il serait responsable d’un quart du changement climatique d’origine humaine. Son pouvoir de réchauffement est 28 fois plus élevé que celui du CO2, mais il ne reste dans l’atmosphère qu’une dizaine d’années. Réduire les émissions de méthane aurait donc un impact climatique bien plus rapide.

«Nous avons un problème puisque depuis plus d’une décennie, il y a une augmentation significative et inexpliquée de la concentration de méthane dans l’atmosphère», explique à l’agence Bloomberg, Jonathan Elkind, un chercheur de l’Université de Columbia. Dans une article publié il y a quelques jours, Jonathan Elkind souligne le fait que les données recueillies par les satellites de GHGSat vont permettre enfin de savoir quels sont les pays et les sociétés qui sont responsables de cette situation.

«Plus personne ne pourra se cacher…»

La carte publiée par GHGSat couvre une période de six mois d’émissions allant jusqu’au 10 octobre à partir d’images prises toutes les semaines depuis l’espace. Les émissions moyennes représentées en vert sur la carte correspondent à 1.800 parts par milliard, avec le jaune au-dessus de la moyenne et rouge au maximum de l’échelle.

Les premières données, obtenues pendant la période de confinement qui a fait fortement baisser la consommation de pétrole dans le monde, sont caractérisées par des émissions de méthane faibles. Mais la carte montre que les émissions ont à nouveau fortement augmenté à partir de l’été, notamment dans l’hémisphère nord en Chine et en arctique.

La carte identifie les concentrations de méthane dans la troposphère qui proviennent à la fois de phénomènes naturels, notamment des forêts humides équatoriales, et de l’activité humaine. «Très bientôt, plus personne ne sera capable de cacher les fuites de méthane», annonçait déjà il y a deux ans Bod Dudley, ancien directeur général du pétrolier BP.

Distinguer le naturel et l’industriel

Certaines tendances semblent déjà assez claires. La Chine est un émetteur important de méthane pour des raisons à la fois naturelles et du fait de l’importance des rizières et des mines de charbon. Sur les 12.000 mines de charbon en activité dans le monde, 10.000 se trouvent en Chine. Sans surprise également, les zones marquées par des niveaux élevés d’exploitations de gisements de pétrole et de gaz comme le Texas et le Nouveau Mexique aux Etats-Unis, la mer Caspienne en Russie et le Golfe persique ont des niveaux élevés d’émissions de méthane. Mais il y en a aussi beaucoup au nord du Canada, en Sibérie et dans le désert du Sahara, des zones où l’activité industrielle est très faible ou inexistante. Les explications nous manquent.

«Un petit nombre de sites sont responsables de la grande majorité des émissions d’origine humaine. Si vous identifiez ces émissions industrielles, vous pouvez avoir un impact significatif», affirme Stéphane Germain, président de GHGSat.

La rédaction