Le très important rapport Draghi, qui remonte maintenant à plus d’un an, expliquait en 400 pages la perte continue de compétitivité de l’industrie et des économies européennes. Sa conclusion était sans appel, le coût élevé de l’énergie était devenu le principal handicap de l’économie européenne. Il est trois plus élevé pour les entreprises européennes pour l’électricité et le gaz que leurs homologues américaines et chinoises.
Salué par tout le monde, le rapport Draghi a été, sans surprise, très vite enterré, notamment par la Commission européenne qui a continué comme si de rien n’était la promotion de son nouveau pacte vert qui va continuer à renchérir les prix de l’énergie. La prochaine étape qui s’annonce périlleuse est celle de l’entrée en vigueur, reportée de 2026 à 2027, du nouveau système européen de quotas échangeables. Une véritable bombe à retardement. Elle va se traduire par une envolée des coûts de l’énergie pour les particuliers et les petites entreprises. Il s’agit pour les fournisseurs d’énergie d’acheter sur le marché du carbone des quotas leur permettant d’aller au-delà de la baisse des émissions imposée par la Commission européenne.
L’urgence d’enrayer la hausse des prix de l’électricité
Seule l’Allemagne semble prendre conscience de l’urgence à enrayer la hausse des prix de l’électricité. Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé il y a quelques jours la mise en place d’un tarif fortement subventionné de l’électricité pour les industriels. Le gouvernement vise un prix de cinq centimes du kilowattheure entre 2026 et 2028.
La mesure devrait coûter de 3 à 5 milliards d’euros par an et « les discussions avec la Commission européenne sont en grande partie terminées », a déclaré Friedrich Merz. Elle vise en priorité les secteurs de la chimie, de l’acier et de l’automobile qui ne sont plus compétitifs à l’échelle mondiale.
Une désindustrialisation dramatique
Les prix de l’électricité en Allemagne ont plus que doublé au cours des dix dernières années. En octobre 2025, ils étaient en moyenne pour les particuliers les plus élevés en Europe à 40,35 euros du KWh à comparer à 25,24 euros en France. Et la désindustrialisation prend une tournure dramatique avec des centaines de milliers de suppressions d’emplois industriels au cours des derniers mois.
Parallèlement, la coalition au pouvoir s’est entendue sur une « stratégie pour les centrales électriques » prévoyant la construction de nouvelles capacités au gaz, afin de sécuriser l’approvisionnement lorsque la production éolienne et solaire est insuffisante. L’objectif est que « les besoins en électricité en Allemagne soient couverts même lorsque le vent et le soleil ne sont pas disponibles », a expliqué le chancelier. Et il s’agit et aussi surtout de tenter de faire baisser les prix de l’électricité et de renforcer la résilience du système électrique allemand. Le gouvernement a également décidé de lancer un appel d’offres en 2026 pour la construction de 8 gigawatts de centrales à gaz, avec une mise en service prévue d’ici à 2031. Des appels d’offres auront lieu pour 4 gigawatts de capacités supplémentaires dans un deuxième temps.
Le système électrique allemand compense difficilement l’intermittence du solaire et de l’éolien avec des sources pilotables, qui peuvent-elles répondre à la demande indépendamment de la météorologie, hydroélectricité, charbon, gaz, biomasse et pétrole qui font un total de 100 GW de capacités. C’est-à-dire exactement la même qu’il y a 20 ans quand a été lancée l’Energiewende, la révolution énergétique allemande… Et en plus l’Allemagne recourt fréquemment à ses voisins, notamment la France, pour leur acheter de grandes quantités d’électricité nucléaire… « maudite ». C’est surtout le cas quand il y a peu de vent comme au début de l’année marqué par une période de « dunkelflaute » (calme plat), de plusieurs mois.














