Transitions & Energies

Les réserves de pétrole prouvées ont augmenté de 1,1% dans le monde l’an dernier


Si l’âge du pétrole arrive à son terme un jour, ce ne sera pas par manque de réserves comme le clament depuis des décennies prophètes de l’apocalypse, experts en mal de notoriété et institutions internationales, mais du fait d’une baisse continue de la consommation mondiale. Car les réserves prouvées de pétrole dans le monde se sont encore accrues l’an dernier, selon le bulletin statistique annuel de l’Opep, de 1,1 % à 1.564 milliards de barils, ce qui représente environ 40 ans de consommation actuelle.

Contrairement aux scénarios catastrophes annoncés toutes les quelques années, aux légendes urbaines et aux prévisions d’experts en mal de notoriété, le monde n’est pas prêt de manquer de pétrole. Si l’âge du pétrole, qui a commencé il y a maintenant un siècle et demi, arrive à son terme, il le devra plus à une raréfaction de la demande qu’à un manque de réserves. Le fameux peak oil ou pic pétrolier qui nous est promis depuis les années 1950 par des quantités d’experts et d’institutions internationales allant de King Hubbert à Jean-Marc Jancovici en passant par le Club de Rome ou l’ONU sera avant tout le fait d’une baisse continue de la consommation. Rien à voir avec un scénario à la Mad Max.

Le monde ne va pas manquer de pétrole

Cette hypothèse a été formulée il y a déjà plusieurs années par Michael Liebreich, le fondateur du très influent Bloomberg NEF (New energy foundation), et reprise très récemment par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le déclin rapide de la demande que les uns et les autres annonce serait lié notamment à la révolution dans les transports marquée par le déclin de l’automobile individuelle et le développement des véhicules électriques et le rejet grandissant du plastique issu de la pétrochimie. Reste à savoir à quelle échéance. Et il ne suffira pas de grandes déclarations et de grands engagements sur la fin de l’utilisation des énergies fossiles. Il y a un principe de réalité, économique, technologique, social et politique. Elles représentaient encore l’an dernier pas moins de 82% de la consommation d’énergie primaire dans le monde, et l’essor indéniable des renouvelables n’y change presque rien pour le moment. Les évolutions dans le monde de l’énergie sont lentes. Elles n’ont rien de comparable avec celles dans le monde des technologies de l’information où les innovations se diffusent en quelques mois ou quelques années. Les équipements et infrastructures énergétiques sont construits pour des décennies et dans l’histoire l’échelle de temps des transitions énergétiques est d’au moins un demi-siècle.

En tout cas, le monde ne va pas manquer de pétrole ni demain, ni même après-demain. Dans son dernier bulletin statistique annuel publié la semaine dernière, le cartel de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) indique que les réserves mondiales de pétrole brut prouvées ont augmenté de 17 milliards de barils en 2022, ou de 1,1 % par rapport à 2021. Elles atteignent 1.564 milliards de barils en 2022, ce qui représente environ 40 ans d’une consommation mondiale annuelle au niveau actuel de l’ordre de 37 milliards de barils. Cela fait cinquante ans que les réserves prouvées permettent d’assurer 40 ans de consommation…

L’Opep détient la majeure partie des réserves

L’Opep définit les réserves prouvées de pétrole comme les quantités de pétrole brut qui, après analyse des données géologiques et techniques, peuvent être estimées avec une certitude raisonnable comme étant commercialement récupérables, à partir d’une date donnée, à partir de réservoirs connus et dans des conditions économiques, avec des méthodes d’exploitation et des réglementations gouvernementales le permettant.

Les 13 États membres de l’Opep détiennent la majeure partie des réserves mondiales prouvées de pétrole brut. Elles s’élevaient à 1.243 milliards de barils à la fin de 2022, soit une hausse de 0,1% par rapport aux réserves de 2021. La part de l’Opep dans les réserves mondiales prouvées de pétrole brut était ainsi de 79,5% l’année dernière, contre 80,3 % en 2021, toujours selon le bulletin statistique.

Les revenus pétroliers de pays de l’Opep ont bondi de 54% en 2022

Le nombre de puits en activité dans les États membres de l’Opep a augmenté de 203 pour atteindre 1.791 en 2022, tandis que le nombre total de puits actifs dans le monde a augmenté de 8.105 pour atteindre 60.029 l’année dernière.

Toujours l’an dernier, les exportations de pétrole brut des pays de l’Opep ont augmenté de 8,8% pour atteindre une moyenne de 21,39 millions de barils par jour, les volumes d’exportation restant légèrement inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie.

Grâce à l’augmentation des exportations et surtout la remontée des prix du pétrole, la valeur des ventes de pétrole par le cartel de l’Opep s’est envolée de 54% en 2022 par rapport à 2021 pour atteindre 873,6 milliards de dollars. Cette année, les recettes des pays exportateurs devraient être inférieures, les prix du pétrole étant tombés depuis plusieurs mois sous les 80 dollars le baril et les exportations de l’OPEP étant réduites dans le cadre des efforts répétés du cartel élargi dit Opep+ pour tenter de « stabiliser le marché ».

La rédaction