Transitions & Energies

Non, une vague de chaleur même planétaire n’est pas la fin du monde


La dramatisation ne règle pas les problèmes. Elle attire l’attention et puis elle lasse. L’hystérie climatique dont les médias se délectent en nous annonçant tous les jours des températures « extrêmes », « record » et « mortelles » qui frappent l’Asie, les États-Unis et l’Europe… est contre-productive et souvent scientifiquement douteuse. Non la planète ne va pas devenir inhabitable dans quelques années. Le laisser entendre rend de plus en plus difficiles et en apparence inutiles les stratégies rationnelles et de long terme indispensables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour faire face aux conséquences du réchauffement.

Les médias adorent dramatiser. Cela crée de l’attention. Ils se délectent à annoncer tous les jours les records de chaleur battus dans le monde. Il n’y a pas un journal, une chaîne de télévision, un site d’informations ou une station de radio qui ne fasse depuis plusieurs jours ses gros titres sur les températures « extrêmes » et « mortelles » qui frappent l’Asie, les États-Unis et l’Europe…

On nous annonce une apocalypse qui scientifiquement est une absurdité. Non, la planète ne sera pas inhabitable dans quelques années. Plus grave encore, annoncer jour après jour des catastrophes à venir a avant tout un seul effet, démobiliser et décourager. L’hystérie climatique ne mène nulle part. Elle rend plus difficiles et même en apparence inutiles les stratégies rationnelles et de long terme indispensables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour faire face aux conséquences du réchauffement. A quoi cela peut-il donc bien servir de mobiliser des moyens humains et financiers considérables sur des décennies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre si nous sommes de toute façon condamnés à dessécher…

« Angoisse climatique »

Les faits sont pourtant assez clairs. Le changement climatique et le réchauffement de la planète sont bien réels et résultent en grande partie de l’activité humaine. Mais la planète n’est pas pour autant sur le point de devenir invivable pour l’humanité et personne de sérieux ne dit cela à commencer par le Giec. Seuls les habituels prophètes de l’apocalypse nous promettent la fin du monde si nous ne nous repentons pas immédiatement de nos pêchés, mais ils le font depuis des millénaires… Même sans remonter à l’Ancien et au Nouveau Testaments, de Malthus (1798) au Club de Rome (1972) en passant par Paul Ehrlich (1968) et plus près de nous les collapsologues et autres décroissants, les uns et les autres nous promettent la fin des temps. Ils se sont toujours trompés !

La conséquence de cette hystérie dans laquelle se complaisent à la fois bon nombre de médias et d’activistes est la propagation de « l’angoisse climatique ». Selon une étude menée par l’Ifop il y a déjà trois ans, pas moins de 65% des Français, 56% des Britanniques et 52% des Américains croyaient que « la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s’effondrer dans les années à venir ». Selon le dernier rapport des Nations unies sur le développement humain, le monde est plus pessimiste qu’il ne l’a jamais été depuis la Première Guerre mondiale, même si, dans presque tous les domaines matériels mesurables, la vie sur Terre est meilleure que jamais pour la très grande majorité de la population. Contrairement à la plupart des générations précédentes, elle a échappé à la famine et à la misère et l’ignorance crasses.

Fantasmes totalitaires

On ne mesure pas souvent, par légèreté ou ignorance, l’importance et l’impact extraordinaires de la révolution verte qui depuis soixante-dix ans a multiplié les capacités de production agricole dans le monde. Selon les statistiques de la FAO (Food and Agriculture Organization), il y avait 2,5 milliards d’êtres humains sur terre en 1950 dont 65% souffraient de malnutrition. La proportion de personnes mal nourries est tombée à 25% en 1970, 15% en 2000 et 8,9% en 2019. Et dans le même temps, la population mondiale a été multipliée par plus de trois. Cela signifie qu’en 1950, la production alimentaire mondiale était capable de nourrir correctement environ 890 millions de personnes et en 2019 plus de 7 milliards…

Toujours entre 1950 et 2019, l’espérance de vie moyenne dans le monde a progressé de façon ininterrompue de plus de vingt-sept années. Entre 1990 et 2015, l’extrême pauvreté a été diminuée de moitié dans le monde, ce qui a permis à un milliard d’êtres humains d’y échapper. Et dans le même temps, l’humanité s’est agrandie de 3 milliards de personnes. Au cours des deux derniers siècles, l’alphabétisation, auparavant réservée à une élite, a été apportée à huit personnes sur dix.

Tout cela ne veut pas dire évidemment que nous vivons dans un monde idéal, que nous ne surconsommons pas et ne dilapidons pas les ressources de notre planète et qu’il ne faut pas mener la transition énergétique et écologique. Mais l’annonce en boucle de la catastrophe imminente entrave la possibilité de s’attaquer à la réalité du problème, les émissions de gaz à effet de serre, et engendre également toutes sortes de fantasmes totalitaires. Quand les uns tombent dans le désespoir, les autres en viennent aux solutions extrêmes et autoritaires tout aussi absurdes. Si la fin du monde est proche, tout est justifié, réduire les émissions de CO2 à n’importe quel prix ou les formes de plus en plus violentes de l’éco-terrorisme.

Les pays occidentaux n’ont pas le destin climatique entre leurs mains

Toute politique climatique et de transition énergétique réaliste mettra des décennies à porter ses fruits. Même si nous réduisons considérablement nos émissions dans les années à venir, la quantité totale de dioxyde de carbone dans l’air continuera mécaniquement à augmenter. L’an dernier, 82% de l’énergie consommée dans le monde était encore d’origine fossile. C’est quelque chose que les pays occidentaux ont beaucoup de mal à admettre et encore plus les activistes, mais nous n’avons pas notre destin climatique en mains. Et cela ne va cesser de s’amplifier puisque les pays riches représenteront une part de plus en plus faible des émissions mondiales dans les années et les décennies à venir. La réalité est la suivante. Entre 1989 and 2019, les émissions de gaz à effet de serre anthropogéniques ont augmenté de 67%. Les pays riches, Europe, États-Unis, Japon, Canada, Australie… ont réduit leurs émissions par habitant de 4%. Dans le même temps, celles des Indiens ont été multipliées par 4,3 et celles des Chinois par 4,8.

Nous continuerons donc quoi qu’il arrive à subir les conséquences du changement climatique -inondations, tempêtes et vagues de chaleur- pendant très longtemps. Cela signifie que pour sauver des vies notre priorité doit être l’adaptation, prendre des mesures qui aideront les populations à faire face aux effets du changement climatique. Et nous savons faire…

L’adaptation a déjà permis de réduire considérablement le nombre de décès liés au climat. Le nombre de morts dans le monde du fait des tempêtes a fortement diminué depuis plusieurs décennies tout comme celui résultant des incendies de forêt. Dans l’ensemble, les décès liés au climat ont diminué d’environ 96% au cours du siècle dernier, en dépit de l’augmentation massive de la population mondiale.

La rédaction