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Le marché du vélo électrique n’est plus ce qu’il était


L’euphorie du marché du vélo en général et de l’électrique en particulier n’aura pas duré longtemps. Née lors de la pandémie en réaction au risque de contamination dans les transports en commun, l’envolée des ventes de vélos neufs a reflué dès 2022. Une tendance qui s’est accélérée l’an dernier et même le marché du vélo électrique s’est tassé. C’est une conséquence de la baisse du pouvoir d’achat et du fait que les ménages ont préféré ressortir des garages et faire réparer leurs vieux vélos.

Le vélo est à la mode. Symbole de la mobilité « douce », pour employer le jargon de l’époque, il est vanté par les municipalités, les militants et les politiques de tous bords. Son usage augmente même s’il reste dans les faits marginal, notamment face à l’automobile. Mais paradoxalement le marché du vélo neuf ne se porte pas bien au contraire de celui de l’occasion et plus encore de la réparation. En tout cas, pour la première fois depuis treize ans, les ventes de vélos à assistance électrique ont baissé l’an dernier de 9%. Les professionnels du secteur veulent croire à un simple accident de parcours, mais ils croulent sous les stocks invendus. La situation est d’autant plus préoccupante que les vélos électriques tirent l’ensemble du marché.

Il faut dire qu’à partir de mars 2020 et de la crise sanitaire majeure liée au Covid-19, le vélo est apparu, notamment dans les métropoles, comme le meilleur moyen avec l’automobile d’assurer une distance suffisante entre usagers pour éviter les contaminations dans les transports en commun. Et les bicyclettes dites à assistance électrique avec batterie et moteur bénéficiant de subventions généreuses, notamment à Paris et en Ile-de-France, permettaient à ceux qui n’ont plus des jambes de première jeunesse d’utiliser un vélo en toutes circonstances ou presque.

La production de vélo électrique a dégringolé de 24% en France

Au total, il se sera vendu l’an dernier 2.23 millions de vélos (dont 671.000 à assistance électrique) contre 2.59 millions en 2022, une baisse de 14% après déjà un recul de 7% des volumes en 2022 selon les chiffres de l’Observatoire du cycle présentés le 29 avril par l’Union sport et cycle (USC).

Depuis treize ans, les ventes de vélos à assistance électrique tirent le marché hexagonal et représentent désormais 30% des achats. Cette montée en puissance et leurs prix bien plus élevés expliquent que le marché du cycle n’a finalement baissé que de 8% en valeur en 2023, à 2,2 milliards d’euros.

Mais la production de vélos électriques en France a dégringolé de 24% l’an dernier à 645.000 unités. A force de prix cassés, le marché a réussi à absorber quelque 150.000 vélos en surplus en un an, mais il en restait encore 750.000 dans les stocks fin 2023… l’équivalent de quatre mois de ventes au rythme de 2023.

L’impact de la baisse du pouvoir d’achat

Et plus préoccupant encore, la filière industrielle ne doit en fait sa survie sur le sol français qu’à l’électrique. Un peu plus de 50% des véhicules à assistance électrique commercialisés en France sont assemblés dans l’Hexagone contre seulement 18% des vélos classiques. Les coûts de fabrication élevés en France ne peuvent être absorbés que par des vélos haut de gamme et chers.

Mais les Français n’ont plus vraiment les moyens de s’en payer ou ceux qui le pouvaient l’ont déjà fait. La croissance économique ralentie, la remontée du chômage, l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat ont refroidi les envies des acheteurs face à un deux-roues électrique qui coûte en moyenne 1.967 euros. Conséquence, les ménages ont ressorti les vieux vélos des garages et les font réparer. Le marché de la maintenance a bondi de 19% en 2023 et même de 116% depuis 2019…

La rédaction