Transitions & Energies
Joe Biden 2 Wikimedia Common

Joe Biden veut investir 2 mille milliards de dollars dans les transports et la transition énergétique


Le président américain a pris pour modèle son illustre prédécesseur Franklin Delano Roosevelt et comme lui veut relancer et transformer l’économie américaine avec un New Deal. L’accent est mis dans un plan massif d’investissement sur la modernisation des infrastructures de transport et la transition énergétique. Les moyens sont considérables et l’ambition est grande, rattraper la Chine dans ce domaine.

Après un plan de relance de 1.900 milliards de dollars approuvé par le Congrès au début de mois de mars, Joe Biden poursuit son ambition de doper massivement l’économie américaine. Il s’inspire clairement du fameux New Deal de Franklin Delano Roosevelt lancé en 1934 pour sortir les Etats-Unis de la grande dépression. Joe Biden met ainsi l’accent sur les infrastructures de transport et sur l’énergie. Les Etats-Unis veulent rattraper leur retard notamment face à la Chine dans les technologies et les industries de la transition énergétique, à l’exception évidemment de l’automobile ou Tesla est le numéro un mondial de l’électrique.

«Gagner face à la Chine»

Le plan annoncé le 31 mars à Pittsburgh ((Pennsylvanie), au cœur de ce qui était l’Amérique industrielle du siècle dernier, est colossal, pas moins de 2.000 milliards de dollars. Il s’étalera sur huit ans. Le programme baptisé Build Back Better («Reconstruire mieux») prévoit d’injecter 620 milliards de dollars pour moderniser et réparer les infrastructures de transport, les voies ferrées, les ports, les aéroports  et tout particulièrement 32.000 kilomètres de routes et d’autoroutes et 10.000 ponts à travers tout le pays. Des infrastructures qui remontent pour non nombre d’entre elles à l’époque du New Deal ou au années 1950… Sur les 620 milliards, 85 milliards iront aux transports collectifs urbains, 80 milliards aux chemins de fer, 25 milliards aux aéroports et 17 milliards aux ports et aux voies fluviales.

Le volet purement transition énergétique est aussi considérable et approche au total 800 milliards de dollars. Pas moins de 174 milliards de dollars serviront à accélérer «la révolution des véhicules électriques». Il s’agira d’équiper le pays de 500.000 bornes de recharge, de faire passer 20% des célèbres bus jaunes de ramassage scolaire à l’électrique et de convertir les flottes de véhicules des services fédéraux, notamment de la Poste.

L’accent est mis également sur le renforcement du réseau électrique dont la fragilité a encore été démontrée au Texas au début de l’année. Pas moins de 50 milliards de dollars seront consacrés à améliorer la résistance du réseau aux intempéries et 100 milliards à sa modernisation. Et pour accélérer le passage à l’électricité décarbonée, la plan proposé prévoit l’instauration d’une mesure contraignant les fournisseurs d’électricité à ce qu’une proportion donnée de l’énergie vendue provienne de sources n’émettant pas de CO2 (Clean Electricity Standard). Aujourd’hui 37% de l’électricité aux Etats-Unis est produite sans émission importante de gaz à effet de serre (20% nucléaire, 17% renouvelable, dont une bonne part d’énergie hydraulique). Enfin, 300 milliards de dollars seront consacrées au soutien de l’investissement notamment dans l’innovation énergétique (solaire, hydrogène, éolien et nucléaire) et 180 milliards au financement direct de projets de recherche et de développement notamment dans ce domaine.

De sérieux obstacles politiques

«C’est ambitieux! C’est audacieux! Et nous pouvons le faire!», a lancé depuis Pittsburgh le président américain. «Cela permettra de créer l’économie la plus résistante, la plus forte et la plus innovante du monde», a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de «gagner» face à la Chine.

Mais pour voir le jour, ce plan d’investissement massif aura de nombreux obstacles politiques à franchir. D’ores et déjà, l’aile gauche du parti démocrate le juge insuffisant à l’image de l’élue de New York Alexandria Ocasio-Cortez et le parti républicain s’y oppose considérant qu’il s’agit avant tout «de dépenser plus et d’augmenter les d’impôts» selon les mots du sénateur républicain du Wyoming John Barrasso. Car les investissements devraient être financés en partie par une hausse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, qui passerait de 21 à 28%. Ce à quoi s’opposent évidemment la plupart des organisations patronales. Sans surprise, dans un communiqué Donald Trump a accusé son successeur de proposer une stratégie de «capitulation économique totale». Il estime  que la hausse de l’impôt sur les sociétés serait «un énorme cadeau» fait à la Chine.

Faire adopter le plan de 2.000 milliards de dollars donnera aussi l’occasion de juger de l’habileté de Pete Buttigieg. L’ancien candidat très remarqué à la primaire démocrate lors de l’élection présidentiel et qui s’est rallié à Joe Biden, portera le projet tant que ministre des transports. «Les Américains n’ont pas besoin qu’on leur explique que nous devons agir sur les infrastructures, et la réalité est que vous ne pouvez séparer la dimension climatique de ce défi», a-t-il déclaré.

La rédaction