<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Comment le gouvernement cherche à accélérer la transition

8 octobre 2022

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Comment le gouvernement cherche à accélérer la transition

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Pour faire oublier des années d’erreurs et d’irresponsabilité en matière de stratégie énergétique, le gouvernement entend accélérer la transition via deux projets de lois. Il s’agit d’essayer d’augmenter rapidement les capacités de production d’énergie décarbonée en contournant l’étouffement réglementaire et législatif. Reste que le temps de l’énergie et de la construction des équipements se chiffre en années et n’est pas celui de la politique et encore moins de la communication.

«Plus vite, plus fort». Telle pourrait être la devise actuelle du ministère de la transition écologique. Pris de cours par la conjugaison de la crise du gaz européenne, liée à l’invasion de l’Ukraine, la crise du nucléaire français, conséquence de décisions regrettables ou d’indécisions depuis de nombreuses années, et la crise de l’eau du fait d’une sécheresse généralisée, plus personne n’ignore la pression pesant sur la production énergétique française à l’approche de l’hiver.

C’est pourquoi il a été décidé d’accélérer afin d’augmenter au plus vite la capacité de production d’énergie sur le territoire français. Pour se faire, deux projets de lois sont actuellement sur le bureau du gouvernement et seront débattus à l’automne.

Un fourre-tout pour gagner du temps

Le premier vise à accélérer, par des mesures dérogatoires sur une durée de 48 mois, l’installation d’énergies renouvelables, et se trouve être un vrai fourre-tout d’un grand nombre de mesures sur des thèmes s’éloignant souvent de la production électrique. Bien entendu, les projets d’installation d’éolien ou de photovoltaïque ont attiré toute l’attention… et les critiques.

Cependant, ce projet de loi est beaucoup plus complet et complexe : favoriser la production et le stockage d’hydrogène vert, électrification de l’industrie, un grand nombre de sujets connexes est concerné.

Ce projet de loi ayant entraîné une levée de boucliers de beaucoup d’associations notamment anti-éoliennes, le gouvernement ne pouvait pas se passer de se mettre aussi à dos les associations autoproclamées écologistes en avançant en parallèle sur le nucléaire.

Les renouvelables, l’hydrogène et le nucléaire

Tandis que l’objectif est d’avoir coulé le premier béton des deux futurs EPR nouvelle génération (EPR2) sur le site de la centrale de Penly (Seine-Maritime) avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron (avril 2027), le gouvernement souhaite accélérer les démarches administratives liées à la création de ces nouveaux réacteurs.

Il souhaite ainsi permettre, par exemple, mettre en place un dossier d’autorisation unique et une unique concertation publique afin de gagner du temps. Dans le même but, le projet de loi prévoit d’autoriser le début des travaux de terrassement et de construction des bâtiments auxiliaires (non nucléaires) en parallèle de la phase de débat public. L’objectif est de gagner plusieurs années de construction, afin d’éviter de réitérer les multiples dépassements de Flamanville.

Ces deux projets de loi et les débats qui s’annoncent illustrent bien la forte polarisation du débat énergétique en France. Face à face se retrouvent pro-renouvelable incarnés dans les médias par des associations qui sont plus farouchement anti-nucléaire qu’anti-CO2, et pro-nucléaires, dont l’audience est plus récente, mais qui par réciproque se sont construite sur le rejet de l’éolien, voir du photovoltaïque.

Des lois d’exception pour échapper à l’étouffement législatif et réglementaire

Deux oppositions qui peuvent paraître absurdes au regard du rapport de RTE qui est assez clair: même dans le cadre d’une renucléarisation massive, la France ne peut se passer de développer les renouvelables. Et inversement, l’intermittence des énergies renouvelables fait du nucléaire le meilleur allié de leur développement.

Les débats sur ces deux projets seront donc à suivre avec attention, mais l’objectif est louable. Il est cependant regrettable que la lourdeur administrative française ait besoin de loi d’exception plutôt qu’une réforme en profondeur.

Philippe Thomazo

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