<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Géothermie, un coup de pouce de François Bayrou

31 juillet 2025

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Géothermie, un coup de pouce de François Bayrou

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Le ministère de l’industrie et de l’énergie a annoncé une initiative plus que nécessaire en faveur de la géothermie. Une énergie renouvelable, non intermittente, décarbonée, locale, présente sur presque tout le territoire (géothermie de surface) mais qui ne bénéficie pas comme l’éolien et le solaire d’un soutien massif de lobbys économiques et politiques. Le gouvernement a rendu public, très discrètement..., un petit plan qui annonce sept « mesures concrètes pour accélérer le développement d’une énergie vertueuse ». Le Premier ministre, François Bayrou, est un partisan de longue date de la géothermie.

La géothermie est une source d’énergie renouvelable qui présente de considérables avantages, sauf un de taille. Elle n’a aucun lobby économique et politique pour la soutenir et la promouvoir auprès des dirigeants, de l’opinion et des médias. Résultat son développement n’est pas à la hauteur de ses atouts. Et pourtant, elle est donc renouvelable. Elle n’est pas intermittente. Elle est décarbonée. Elle est disponible sous sa forme dite de géothermie de surface (de calories du sous-sol se trouvant à faible profondeur pour alimenter les systèmes de chauffage et de climatisation) sur presque la totalité du territoire. Elle est locale. Elle n’a pas d’impact sur les paysages et ne mobilise pas des surfaces au sol importantes. De plus, même si les investissements de départ sont élevés, ils sont rapidement rentabilisés car les installations sont pérennes. Une sonde géothermique a une durée de vie d’un siècle… Enfin, la géothermie ne nécessite pas d’importer massivement des équipements sortis des usines chinoises.

François Bayrou, partisan de longue date de la géothermie

La seule bonne nouvelle concernant la géothermie est que François Bayrou est un partisan convaincu de longue date de cette source d’énergie. Quand il dirigeait le Commissariat au plan, il avait fait réaliser un rapport très favorable au développement de cette énergie renouvelable qui avait contraint le gouvernement à lancer en février 2023 un plan d’action national en faveur de la géothermie.

Et le Premier ministre a obtenu que le ministère de l’industrie et de l’énergie prenne une nouvelle initiative en faveur de la géothermie. Elle s’est traduite par l’annonce de sept « mesures concrètes pour accélérer le développement d’une énergie vertueuse ». Le ministère a ainsi rendu public il y a quelques jours, sans grand effort de communication, un plan de relance modeste de la géothermie.

Les promesses en l’air de la PPE3

Marc Ferraci, le ministre de l’industrie et de l’énergie, rappelle en préambule du petit texte que « malgré son potentiel et les retours d’expérience positifs, la filière représente seulement 1% de notre consommation finale de chaleur et 5,5% de la production thermique des réseaux de chaleur en France métropolitaine ».

Il vante aussi sa très controversée programmation pluriannuelle de l’énergie version 3 (PPE3) qui comporte un volet géothermie. L’ambition annoncée est considérable. Il s’agit de quadrupler en dix ans la production de chaleur géothermique en France métropolitaine: 10 TWh de chaleur renouvelable issue de la géothermie de surface en 2030, puis 15 à 18 TWh en 2035. Il faut y ajouter 6 TWh de chaleur provenant de la géothermie profonde en 2030, puis 8 à 10 TWh en 2035 (contre 2,3 TWh en 2021). Des promesses magnifiques… Faut-il encore s’en donner les moyens.

Multiples entraves réglementaires

En avril 2025, une mission d’information géothermie a été mise en place et confiée au député du Bas-Rhin Vincent Thiébaut pour lever les multiples entraves réglementaires, nous sommes en France, au développement de la géothermie. La première phase de cette mission d’information a « d’ores et déjà permis d’acter sept mesures d’accélération » qui seront applicables en 2025 et 2026.

1)-Le lancement en 2026 d’un appel à manifestation d’intérêt auprès des collectivités locales en vue de recenser les acteurs locaux intéressés, les projets potentiels et leur répartition géographique, et caractériser la ressource géothermale profonde dans des zones méconnues en France métropolitaine. Il est temps.

2)-La réduction en 2026 des délais de confidentialité de certaines données sur l’exploration géothermique pour diffuser la connaissance du sous-sol. Les données confiées au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) font l’objet d’une confidentialité de 10 ans. Il est prévu de rendre « immédiatement publiques les acquisitions de données bénéficiant d’un financement public et d’abaisser la durée de confidentialité à 1 an pour les données de puits et à 5 ans pour les données géophysiques de surface lorsque ces données ne bénéficient pas de financements publics ».

3)-Réduire les procédures applicables à certains projets de géothermie de surface en relevant le seuil de puissance maximale de la « géothermie de minime importance » sur sondes jusqu’à 2 MW ce qui lui permet de bénéficier de déclarations simplifiées. La possibilité de simplifier les procédures applicables sur nappes (géothermie de moyenne et grande profondeur) sera aussi étudiée.

4)-La définition au premier trimestre 2026 des conditions dans lesquelles les installations de stockage calorifique pourront bénéficier du régime déclaratif de la « géothermie de minime importance ».

5)-La préparation « d’ici la fin de l’année 2025 » d’un projet de décret sur la durée du temps de travail sur les chantiers de forage géothermique profond. La filière manque cruellement de foreurs qualifiés et a besoin de pouvoir « rehausser exceptionnellement la durée de travail maximale hebdomadaire » pour faire face à l’augmentation attendue de la demande. Elle s’emploie à former des foreurs mais cela ne se fait pas en quelques mois.

6)-des actions de sensibilisation et de communication sur l’efficacité et les atouts de la géothermie auprès des collectivités et des prescripteurs.

7)-le développement du réseau d’animateurs régionaux spécialistes de la géothermie pour couvrir l’ensemble du territoire métropolitain avant la fin de l’année 2026. Il s’agit de pérenniser les postes d’animateurs existants et de boucher les trous sur le territoire national.

Toutes ces mesures vont évidemment dans le bon sens mais restent modestes. Surtout si on met en parallèle les subventions accordées à d’autres types d’énergies renouvelables qui présentent bien moins d’avantages que la géothermie…

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