Transitions & Energies

Gaz: les projets de forage se multiplient en Europe


Les prix du gaz ont atteint en Europe leur plus haut niveau depuis six mois. Pour diversifier leurs sources d’approvisionnement en énergies fossiles et plus particulièrement en gaz naturel, certains pays européens ont décidé de développer ou de reprendre des projets de forages. Un virage à 180 degrés inimaginable il y a encore quelques mois.

Les cours du gaz n’en finissent plus de monter en Europe. Au début de la semaine, le TTF néerlandais, a dépassé un temps 250 euros le mégawattheure (MWh). Historiquement, le prix du gaz n’a mais été plus élevé que lors de deux séances, début mars, après l’annonce des premières sanctions économiques contre la Russie après son invasion de l’Ukraine. A 250 euros le MWh le gaz est 11 fois plus cher que la moyenne saisonnière des cinq dernières années. Si la tendance se poursuit, les prix pourraient grimper jusqu’à 347 euros le MWh, a prévenu le géant russe Gazprom.

Risque de pénurie et prise de conscience tardive de la nécessité de la souveraineté énergétique

Le risque est bien réel d’une pénurie de gaz et d’électricité en Europe à la fin de l’année. Il s’accompagne d’une prise de conscience bien tardive de la nécessité de sécuriser les approvisionnements et de retrouver une certaine souveraineté énergétique. Tout cela a balayé les postures des dernières années. Le tabou autour du développement sur le Vieux continent de nouveaux forages de gaz et même de pétrole a disparu… Ce qui était impensable il y a encore huit mois. Mais quelle est la différence entre acheter du GNL (Gaz naturel liquéfié) américain et qatari aux prix fort ou le sortir de la mer du nord ? Sur le plan environnemental, il n’y en a aucune. En matière de souveraineté, l’avantage est considérable.

«La guerre russe contre l’Ukraine a prouvé que l’approvisionnement en énergie est un défi qui dépasse certaines mesures de sécurité et en particulier les préoccupations environnementales», reconnait avec franchise Carsten Mühlenmeier, président de l’organisme allemand chargé des permis de forage de la mer du Nord.

Résultat, les projets d’exploitation de gaz naturel, auparavant bloqués, se multiplient. Les plafonds de production ont été levés et de nouveaux sites de forages autorisés. En mer du Nord, le Danemark, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l‘Allemagne accroissent ou reprennent l’exploitation de gisements de gaz naturels. Quant à la Hongrie, elle compte faire passer sa production de gaz de 1,5 à 2 milliards de mètres cube.

La question du gaz de schiste

Même la question de l’exploitation éventuelle du gaz de schiste, en France par exemple, a été évoquée du bout des lèvres… Car la France possède des ressources certaines de gaz de schiste dans son sous-sol. Mais son exploitation et même les recherches sont illégales.

Pour ses défenseurs, exploiter les richesses gazières de notre sous-sol représenterait une formidable opportunité pour permettre à notre pays de bénéficier d’une énergie à moindre coût et de réduire nos importations et notre dépendance aux pays gaziers. Pour ses opposants, le coût environnemental de l’exploitation du gaz de schiste (que ce soit en matière de pollution des nappes phréatiques, d’émission de gaz à effet de serre ou d’augmentation des tremblements de terre…) est tel qu’il n’est pas question de revenir sur son interdiction.

Mais le sujet est tellement sensiblement politiquement qu’il restera tabou. Cela n’empêchera pas la France et l’Europe de consommer toujours plus de gaz de schiste, mais il viendra des Etats-Unis…

 

 

 

 

 

La rédaction