Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Tandis que l’indice Standard & Poor’s 500 a progressé de plus de 13% au premier trimestre 2019, sa meilleure performance depuis dix ans, les entreprises du secteur de l’énergie présentes dans le S&P 500 ont fait encore mieux : + 16,2% en moyenne ! Les vingt plus grosses capitalisations du secteur, présentes dans l’indice, ont même franchi la barre des 20% de hausse en moyenne, entre janvier et mars 2019, avec des pointes à 40% de valorisation pour Devon Energy et Chesapeake Energy, deux producteurs de gaz et de pétrole américains indépendants, respectivement premier et troisième de leur marché. La hausse du prix du pétrole brut n’est pas étrangère à cette flambée des cours des actions des entreprises du secteur de l’énergie. ExxonMobil a également vu son cours progresser de 20% quand Shell et Total n’ont gagné “que” 10% de capitalisation boursière en moins de cent jours..
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Pour la première fois, les investissements dans le solaire seront supérieurs cette année à ceux dans le pétrole
Dans son dernier rapport sur l’investissement mondial dans l’énergie, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère que nous sommes arrivés à un tournant majeur. Il est marqué par l’accélération dans le monde, à la suite de la crise énergétique qui a commencé il y a deux ans, des investissements dans les technologies bas carbone qui sont maintenant nettement supérieurs à ceux dans les combustibles fossiles. Cela est lié à la volonté de décarbonation de certains gouvernements, à la prise de conscience depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie de la nécessité d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques et surtout à des questions de coûts puisque les renouvelables sont devenus aujourd’hui très compétitifs pour produire de l’électricité avec le gaz et le charbon, en dépit de leur intermittence pour l’éolien et le solaire.
Décarbonation en France et en Europe, l’Académie des Technologies se rebiffe
Après l’étonnante apathie qui a suivi l’annonce la semaine dernière par la Première ministre, Elisabeth Borne, du plan de décarbonation accéléré du gouvernement, à la fois irréaliste et construit sur des hypothèses techniques, financières et sociales douteuses, des voix commencent à s’élever pour dénoncer une stratégie française et européenne qui mène à l’échec. L’Académie des Technologies, qui n’a pas l’habitude de se mêler directement au débat public, tire la sonnette d’alarme dans un avis publié à la fin de la semaine dernière. Cette institution publique indépendante, qui rassemble les meilleurs experts français des technologies et des sciences appliquées dont quatre Prix Nobel, ne peut pas être traitée à la légère comme l’ont été pendant de nombreuses années ceux qui ont dénoncés, à juste raison, des politiques énergétiques absurdes et dangereuses menées en France comme en Europe. Elles l'avaient déjà été notamment par Elisabeth Borne et par le président de la République Emmanuel Macron.
Le plan de décarbonation du gouvernement, des mots, des promesses et un sérieux problème de crédibilité
La Première ministre Elisabeth Borne, également «chargée de la Planification écologique et énergétique», a présenté lundi 22 mai le plan du gouvernement pour accélérer d’ici 2030 la décarbonation de l’économie. Un catalogue très général de mesures concernant les transports, le logement, l’industrie, l’agriculture, déjà annoncées pour la plupart, et dont l’accélération de la mise en œuvre n’est pas financée et encore moins préparée sur le plan technique comme économique. Ainsi, l’accélération de la décarbonation ne peut se faire sans des investissements massifs évalués par les économistes à plus de 50 milliards d’euros par an. Où les trouver? Cela implique aussi une augmentation rapide de l’électrification des usages dans les transports, l’industrie et le chauffage et la climatisation des bâtiments. Mais d’où viendra la production d'électricité décarbonée supplémentaire indispensable?