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Méthanier Wikimedia Commons

Les Etats-Unis vont devenir cette année le premier exportateur mondial de GNL


La crise du gaz commencée il y a près d’un an et fortement amplifiée en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine, ne fait pas que des perdants. Les exportateurs de Gaz naturel liquéfié (GNL) sont à la fête. Le Qatar, l’Australie et surtout les Etats-Unis.

La crise du gaz née au printemps dernier du fait d’un déséquilibre grandissant entre l’offre et la demande, amplifiée depuis deux mois par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fait le bonheur des exportateurs, notamment de Gaz naturel liquéfié (GNL). C’est le cas du Qatar, de l’Australie et plus encore des Etats-Unis, premier producteur mondial de gaz porté par la révolution technique du gaz de schiste.

Ainsi, l’an dernier, les exportations américaines de GNL ont pour la première fois dépassé le niveau des exportations gazières de ce pays via gazoducs. Et la croissance du GNL américain devrait se poursuivre et même s’accélérer selon le dernier rapport de l’Energy Information Administration (EIA) américaine tandis que les besoins en gaz des pays d’Asie grandissent, notamment pour remplacer le charbon et que les pays européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe.

La révolution du gaz de schiste

La révolution du gaz de schiste a permis aux États-Unis de ne cesser d’accroître leur production au cours des dernières années et de devenir exportateurs nets de gaz naturel en 2017.

 

Prévisions de production américaine de gaz naturel en milliards de pieds cubiques par jour. Source IEA.

Ils ont depuis augmenté significativement leurs exportations, tant par gazoduc que sous forme liquéfiée (GNL). En 2021, les flux de GNL ont compté pour 53,5% de l’ensemble des exportations américaines de gaz naturel (57,7% au 1er trimestre 2022).

Selon les prévisions de l’EIA, les exportations américaines de gaz sous forme de GNL pourraient augmenter de 2,4 milliards de pieds cubes par jour cette année  pour atteindre une moyenne annuelle de 12,2 milliards de pieds cubes par jour, soit une hausse de 25% par rapport à 2021. Ce qui permettrait aux États-Unis de
 «dépasser l’Australie et le Qatar et de devenir le plus grand exportateur mondial de GNL» écrit l’EIA. Au mois de mars 2022, les exportations américaines de GNL ont déjà atteint un niveau record de 11,9 milliards de pieds cubes.

Importations et exportations américaines de gaz naturel en milliards de pieds cubiques par jour. Source IEA

L’invasion de l’Ukraine a bouleversé le marché mondial

Les exportations américaines de gaz par gazoducs (vers le Mexique et le Canada) pourraient quant à elles augmenter « légèrement » de 0,3 milliards de pieds cubes par jour en 2022. Au total, les États-Unis ont exporté au 1er trimestre 2022 l’équivalent d’environ un cinquième de leur production de gaz naturel.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé le marché mondial du GNL. Depuis décembre 2021, la majorité des exportations américaines sont maintenant destinées au marché européen et plus à l’Asie (notamment la Chine et le Japon). Quinze  pays de l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni sont en capacité d’importer du GNL (l’Espagne, le Royaume-Uni et la France dispose des principales capacités européennes d’importations).

En mars, la France était tout simplement le premier acheteur du monde de GNL américain. Pas moins de 16 méthaniers en provenance des Etats-Unis ont livré leur cargaison dans les terminaux français, deux fois plus qu’au mois de février.

Près de 57% des exportations américaines de GNL entre décembre 2021 et février 2022 ont été livrées aux pays de l’UE et au Royaume-Uni, contre 27% durant la période de janvier à novembre 2021 (et 49% vers l’Asie). Et cette situation devrait perdurer tandis que de nombreux pays européens cherchent à tout prix à diversifier leur approvisionnement en gaz naturel et à réduire leurs achats à la Russie.

La rédaction