Transitions & Energies

Energie: répétition générale des syndicats avant un blocage massif


Les syndicats de l’énergie se sont livrés à l’occasion de la journée d’action du 16 février contre la réforme des retraites à une répétition générale des possibles opérations de blocage du pays qui pourraient être lancées à partir du 7 mars. Dans la nuit du 15 au 16 février, plusieurs centrales nucléaire, thermique et hydroélectrique ont vu leur production fortement baisser et 4.000 MW ont ainsi été retirés du réseau sans provoquer pour autant des coupures de courant. Certaines centrales, notamment hydroélectriques, sont restées bloquées dans la journée de jeudi. Dans le domaine du gaz, six sites de stockage étaient jeudi le théâtre de barrages filtrants de la part des grévistes de Storengy, filiale d’Engie.

Les appels au blocage du pays à l’occasion des mouvements sociaux contre la réforme des retraites commencent à avoir un impact sur le secteur d’énergie et la production électrique en particulier. EDF est, il est vrai, un des bastions de la CGT. Elle y gère le plus gros comité d’entreprise de France dont le budget représente 1% du chiffre d’affaires de l’entreprise publique. Le comité d’entreprise d’EDF emploie 5.000 personnes… Déjà en octobre dernier, après une série de grèves dans les centrales nucléaires retardant encore les opérations de maintenance et menaçant la capacité de production du pays, la direction d’EDF avait tout lâché aux syndicats sous la pression du gouvernement. L’accord d’entreprise qui avait permis une reprise du travail se traduira cette année par une hausse de 9,47 % de la masse salariale du groupe… Par ailleurs, les salariés de la branche des Industries électriques et gazières sont particulièrement concernés par la réforme des retraites qui prévoit la suppression de certains régimes spéciaux dont le leur.

Baisse de production de 4.000 MW

Dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 février, il y a eu des baisses de production dans les centrales nucléaires de Saint-Alban (Isère), Paluel (Seine-Maritime), Tricastin (Drôme), Flamanville (Manche), Gravelines (Nord) et la centrale thermique de Martigues. En tout, jusqu’à 4.000 MW ont été retirés du réseau sans provoquer pour autant de coupures d’électricité.

«On a fait la démonstration qu’on pouvait être partout et donc on est prêts pour mettre laFrance à l’arrêt à l’occasion de la journée nationale d’action» du 7 mars, s’est félicité Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la branche énergie de la CGT. Les piquets de grève ont été levés dans la nuit. «On n’est pas encore dans la tenue des piquets de grève vingt-quatre heures sur vingt-quatre , a indiqué M. Coudour.

Les actions se sont en revanche poursuivies dans les centrales hydroélectriques et notamment au barrage de Grand’Maison sur la commune de Vaujany (Isère), la plus puissante centrale hydroélectrique (pompage-turbinage) de France avec une capacité de production de 1.800 MW (voir la photographie ci-dessus). Elle a été bloquée jeudi tout au long de la journée. «Usine de Grand’Maison aux mains des grévistes», a indiqué la CGT Mines-Energie, qui a signalé également des grèves dans les centrales iséroises de Saint-Pierre-de Cognet, Saint-Georges-de-Commiers, Saint-Hilaire-du-Rosier, Beauvoir, Monteynard et du Cheylas, mais aussi dans la centrale de Super Bissorte (Savoie) et dans les centrales de Bolozon, Coiselet et Vouglans (Jura). À Cheylas, les grévistes ont «non seulement coupé la production mais ils ont fait tourner la centrale en pompe pendant l’heure de pointe», et donc provoqué une augmentation de la consommation d’électricité.

Barrages filtrants sur les sites de stockage de gaz

Du côté du gaz, six sites de stockage étaient jeudi le théâtre de barrages filtrants de la part des grévistes de Storengy, filiale d’Engie, notamment le très important stockage de Gournay-sur-Aronde (Oise), qui dessert toute la région des Hauts-de-France et auquel les grévistes ont interdit l’accès aux sociétés et prestataires chargés des opérations de maintenance. Des actions de ce type étaient également menées dans les sites de stockage de Chémery (Loir-et-Cher), Céré-la-Ronde (Indre-et-Loire), Saint-Illiers-la-Ville, Beynes (Yvelines) et Saint-Clair-sur-Epte (Val-d’Oise), selon la CGT.

La rédaction