Transitions & Energies
Tesla-Gigafactory

Elon Musk dénonce les subventions publiques et a construit sa réussite et sa fortune en partie grâce à elles


Devenu à 50 ans l’homme le plus riche du monde et l’homme de l’année 2021 du magazine Time, Elon Musk a connu une réussite extraordinaire. Avec Tesla et Space X, il a transformé en moins de deux décennies l’industrie spatiale et automobile mondiales. Mais Elon Musk est aussi un grand manipulateur. Par exemple quand il s’en prend aux subventions publiques… dont il a bénéficié généreusement pendant des années.

Pour employer une expression typiquement américaine, Elon Musk est plus grand que la vie («larger than life»). A 50 ans, il est devenu l’homme le plus riche du monde. La personnalité de l’année 2021 du magazine Time a construit en moins de deux décennies une réussite extraordinaire dans l’industrie spatiale avec Space X et dans l’automobile avec Tesla. A chaque fois, il a changé les règles du jeu d’industries qui semblaient matures.

Dans le spatial en effondrant les coûts et dans la voiture électrique en en faisant un objet de haut de gamme, de haute technologie et même un signe d’appartenance. Les propriétaires de Tesla ont, au moins pour une partie d’entre eux, le sentiment de faire partie d’une avant-garde. Tesla n’a pas besoin de lancer la moindre campagne de publicité. Les acheteurs et les médias s’en chargent. Et cela fonctionne au-delà de toute rationalité. la capitalisation boursière de Tesla à Wall Street dépasse aujourd’hui 1.000 milliards de dollars… Quant à Space X, la société a signé il y a quelques mois un contrat exclusif avec la Nasa pour envoyer sur la lune des astronautes pour la première fois depuis 1972.

66 millions de «followers» sur twitter

Mais Elon Musk, comme tous les grands capitaines d’industrie, n’a pas que de bons côtés. Il a souvent montré qu’il était prêt à tout pour parvenir à ses fins. Du haut de ses 66 millions de «followers» sur Twitter, il possède une capacité hors du commun à manipuler l’opinion et les marchés financiers (en toute impunité) et à travestir la réalité quand cela l’arrange. Il est aujourd’hui en conflit avec l’administration Biden, qui en soutenant le développement aux Etats-Unis de la voiture électrique, soutient avant tout ses concurrents. Car l’administration Biden ne veut pas financer les constructeurs qui n’ont pas signé d’accords avec le syndicat de l’automobile (UAW). Elon Musk s’est donc lancé dans des diatribes contre les subventions publiques.

Il l’a fait récemment dans une interview à Time Magazine et lors d’une conférence organisée par le Wall Street Journal, expliquant que Joe Biden devait effacer toutes les subventions de son plan d’investissement de mille milliards de dollars dans les infrastructures du pays, y compris 7,5 milliards pour les bornes de recharge de véhicules électriques.

En 2015, le total d’aides publiques reçues atteignait déjà 4,9 milliards de dollars

Mais au fil des années, les sociétés d’Elon Musk (Space, Tesla et Solar City) ont reçu des milliards de dollars de prêts, de contrats, de crédits d’impôts et de subventions du gouvernement américain… Et sans cela, elles n’auraient sans doute pas pu se développer et survivre. En 2015, le Los Angeles Times, évaluait à 4,9 milliards de dollars les aides publiques reçues par les sociétés d’Elon Musk. Et depuis, il y en a eu d’autres.

Business Insider en a fait un relevé très précis. En voici quelques exemples. Space X a signé un contrat de 2,89 milliards de dollars avec la Nasa en avril 2021 et un autre de 653 millions de dollars avec l’US Air Force en 2020. Le Nevada a accordé en 2014 à Tesla un crédit d’impôts de 1,4 milliard de dollars pour installer dans cet Etat une «gigafactory» située non loin de Reno (voir la photographie ci-dessus). Le Département de l’énergie a accordé en 2010 un prêt de 465 millions de dollars à Tesla. Tesla avait vendu en 2015 plus de 475 millions de dollars de droits carbone à des concurrents grâce à une autorisation fédérale. L’Etat de New York a accordé 750 millions de dollars à Solar City pour construire une usine dans la ville de Buffalo.

On peut ajouter à tout cela que sans la multiplication dans de nombreux pays, notamment en Europe, de subventions et aides massives à l’achat de véhicules électriques, les ventes de Tesla ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Elon Musk réécrit l’histoire de sa fantastique réussite. Cela confirme, si besoin en était, qu’il est sans scrupules et n’a rien d’un personnage sympathique. Ce qui ne retire rien à son génie et à sa capacité hors du commun de réellement changer le monde.

La rédaction