Transitions & Energies

Les écologistes préfèrent toujours le gaz émetteur de CO2 au nucléaire décarboné


La COP27 qui se déroule actuellement en Egypte nous montre une fois encore que le mouvement écologiste mondial a plusieurs problèmes majeurs. Son côté apocalytique, millénariste et parfois violent, et ses multiples incohérences. Il est notamment toujours incapable dans de nombreux pays de remettre en cause son fondement idéologique, issu des années 1970 et même 1950, qui est son opposition farouche à l’énergie nucléaire allégrement confondue avec la bombe du même nom. Résultat, il préfère le gaz naturel, énergie fossile émettrice de CO2 au nucléaire, énergie décarbonée. Certains mouvements écologistes allemands ont même été financés par Gazprom…

Tandis que cette semaine se déroulait la COP27, il semble acquis que les mouvements écologistes européens, et à fortiori français, ont comme priorité la diminution des émissions de CO2 afin de limiter le dérèglement climatique et ses effets. Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. Et il semble qu’une priorité passe avant cette lutte contre le rejet de dioxyde de carbone.

Mais quel péril peut frapper notre environnement qui soit plus important que de tenter, autant que faire se peut, de rendre la planète la moins inhabitable possible, pour nos enfants? Des rejets de gaz neurotoxiques? La destruction des forêts européennes? Non. La priorité, c’est avant tout la lutte contre le nucléaire, dans une peur panique de l’atome et de ses effets potentiels.

Partisans depuis des décennies du gaz naturel en Allemagne… et en France

C’est somme toute logique: la lutte contre le nucléaire fait partie du mythe fondateur de l’écologie politique dans les pays occidentaux. Dès les années 50, toute une nébuleuse s’est constituée, agrégant mouvement pour la paix, lutte contre le nucléaire militaire et lutte contre les projets de nucléaire civil.

Ainsi, si tout le monde a encore en tête la mobilisation très récente contre le projet de «bassine» de Sainte-Soline, des protestations similaires ont eu lieu par le passé, contre la construction de la centrale de Fessenheim ou encore, et les bretons s’en souviennent, contre le projet de centrale nucléaire de Plogoff.

Les mouvements écologistes politiques ont bien naturellement repris à leur compte ces combats et leur ordre de priorité. Ainsi, en 2002, le candidat «Les Verts» à la présidentielle, Noël Mamère, n’hésitait pas à ériger au rang de priorité la «promotion des technologies modernes de production énergétique» en les citant. Et de commencer… par le gaz. Devant le photovoltaïque et l’éolien.

Un peu plus loin, son programme promettait le «remplacement progressif du chauffage électrique dans les logements». En effet, afin de réduire la consommation électrique et donc le besoin de centrales de forte puissance (donc nucléaires en France), il apparaissait primordial à leurs yeux de ne pas utiliser l’électricité pour se chauffer. C’est ainsi que les chaudières au fuel ou au gaz ont longtemps été subventionnées dans notre pays.

Subventionnés en Allemagne… par Gazprom

Et aujourd’hui, on retrouve cet ancien tropisme. Cette semaine se déroulait la deuxième réunion publique du débat autour de la construction de deux nouveaux réacteurs (EPR2) sur la centrale de Penly. Débat qui, comme c’est habituel, a mobilisé un nombre d’activistes anti-nucléaires aussi peu nombreux que motivés.

L’un d’entre eux, le «collectif ADN», pour Arrêt Du Nucléaire, distribuait à l’entrée un tract qui ne cachait pas leurs revendications. Il y était ainsi indiqué noir sur blanc «pour mettre en œuvre l’arrêt sans délai de tous les réacteurs nucléaires […] il faut nécessaire lever le tabou sur le recours possible au gaz dans des centrales modernes peu émettrices de gaz à effet de serre et rapidement constructibles».

Ainsi, simultanément, à Charm el-Cheikh, les représentants du monde entier tentait de s’entendre pour sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles et, en France, un groupuscule explique sereinement que le «tabou du recours au gaz» est un problème car la priorité est de démanteler notre parc atomique.

Tandis que l’Europe souffre actuellement de sa trop grande dépendance au gaz notamment russe dans le contexte géopolitique que nous connaissons, de tels objectifs affichés laissent pantois.

Cela ne peut que rappeler l’affaire révélée par le Canard Enchaîné de la Fondation pour la protection du climat et de l’environnement qui, en Allemagne, sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique, avait touché 192 millions d’euros de subventions de la part de … Gazprom. Qui n’en était pas à son coup d’essai: en 2011, le magazine allemand Welt Am Sonntag avait révélé que le groupe russe avait versé 10 millions d’euros à une autre association écologiste, Naturschutzstiftung Deutsche Ostsee.

Il faut croire qu’entre respect des traditions antinucléaires et défense des objectifs climatiques, certains écologistes ont fait leur choix. Le climat attendra, il y a plus urgent.

Philippe Thomazo

La rédaction