Transitions & Energies
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Plus de croissance et moins d’émissions de CO2, l’AIE aux antipodes de la Convention citoyenne


Dans une logique totalement opposée à celle de la Convention citoyenne, l’Agence internationale de l’énergie et le Fonds monétaire international ont une stratégie pour accélérer la transition énergétique tout en soutenant l’activité économique, la croissance et l’emploi. Ils l’ont rendu publique il y a quelques jours.

Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le Fonds monétaire international (FMI), contrairement à la Convention citoyenne, il est possible à la fois de stimuler la croissance et les emplois et dans le même temps de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce scénario est décrit dans un rapport de plus de 160 pages publié à la fin de la semaine dernière qui propose une série de mesures pour transformer radicalement le secteur de l’énergie au cours des prochaines années.

Faire face à deux défis en même temps

«Les gouvernements ont une opportunité telle qu’on n’en rencontre qu’une fois dans la vie de relancer leurs économies et l’emploi tout en accélérant le passage vers un futur énergétique plus résilient et plus propre», écrit Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE. Il ajoute «Les sommes d’argent qui vont être injectées dans l’économie pendant cette période sont gigantesques. Or, la façon dont l’énergie et le climat vont être intégrés dans les plans de relance va déterminer l’avenir de la planète. L’économie mondiale risque de s’effondrer mais la calotte polaire est aussi en train de fondre. Il faut faire face à ces deux défis en même temps.»

Le rapport détaille pas moins de trente mesures dans six secteurs clés: la production d’électricité, les transports, l’industrie, les bâtiments, les carburants et les technologies bas carbone. Pour le mettre en œuvre, l’AIE et le FMI estiment que 1.000 milliards de dollars d’investissements (890 milliards d’euros) –représentant environ 0,7% du produit intérieur brut (PIB) mondial actuel– seront nécessaires chaque année entre 2021 et 2023.

Ces mesures permettraient de stimuler la croissance mondiale de 1,1 point de pourcentage par an. Elles devraient créer ainsi chaque année environ 9 millions d’emplois, tout en réduisant les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie de 4,5 milliards de tonnes d’ici à 2023 et en permettant l’accès à l’électricité de centaines de millions de foyers pauvres. «Avec ce plan, 2019 serait définitivement l’année du pic des émissions globales», explique Fatih Birol. 

Doper l’innovation

Plus en détail, l’AIE préconise des investissements afin:

  • d’accélérer le déploiement de sources de production d’électricité bas carbone comme l’éolien et le solaire et la modernisation des réseaux électriques pour mieux intégrer ces sources intermittentes.
  • d’augmenter l’utilisation de transports «propres» comme la voiture électrique sur de courtes distances et les trains à grande vitesse sur les longues distances.
  • d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et des appareils électroménagers.
  • d’améliorer l’efficacité énergétique des équipements utilisés dans les industries agro-alimentaires et textiles.
  • de produire et utiliser en plus grandes quantités des carburants durables (biogaz, bio-méthane…).
  • de doper l’innovation dans des technologies cruciales comme l’hydrogène, la capture et le stockage du C02, les batteries, les petits réacteurs nucléaires modulables.

L’AIE insiste tout particulièrement sur la nécessité de consolider et numériser les réseaux électriques pour améliorer leur sécurité et éviter les risques de coupures massives de courant qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. L’AIE et le FMI recommandent notamment de «moderniser les installations hydroélectriques, d’étendre la durée de vie des centrales nucléaires… d’augmenter la flexibilité des réseaux pour pouvoir ainsi intégrer des parts plus importantes de renouvelables intermittents comme l’éolien et le solaire…».

La rédaction