Transitions & Energies
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Des bornes de recharge rapides dans les petites stations-services


Le gouvernement va subventionner l’installation de bornes de recharge rapide pour voitures électriques dans les petites stations-services rurales. Une idée intéressante si elle ne se heurte pas aux limites du réseau électrique.

L’absence d’infrastructures de recharge dites publiques, c’est-à-dire accessibles au public, est l’un des principaux freins au développement des véhicules électriques à batteries. Faute de bornes, notamment de celles puissantes permettant une recharge rapide, l’usage d’un véhicule électrique reste cantonné à des trajets relativement courts (pas plus de 100-150 kms), à moins d’avoir beaucoup de temps à perdre. Le gouvernement vient donc d’avoir une idée originale, soutenir l’équipement des petites stations-services en bornes de recharge afin d’éviter qu’elles disparaissent et de facilité l’utilisation de véhicules électriques. C’est aussi un moyen de rattraper le retard chronique d’installations de bornes.

Cela dit entre les bonnes idées, les annonces et la réalité, il y a souvent de grandes différences et le diable se cache dans les détails. Pour que les bornes des petites stations-services soient réellement utiles, faut-il encore qu’elles soient puissantes comme annoncé et que pour cela le réseau électrique le permette, ce qui est loin d’être assuré.

Des bornes trop peu nombreuses et trop peu puissantes

Il existe aujourd’hui selon les derniers chiffres de l’Avere (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), 75.279 points de recharge ouverts au public dans des stations-service, les villes, les parkings… pour un parc de plus d’un million de véhicules 100% électrique ou hybrides rechargeables. L’objectif était de 100.000 bornes fin 2021. En plus, le nombre de bornes ne veut pas dire grand-chose.  La majorité d’entre elles sont relativement peu puissantes, entre 3,7 kW et 22 kW, et nécessitent des heures pour recharger les batteries. Cela explique les statistiques sur la répartition des lieux de recharge d’un véhicule électrique : 40 à 80 % du temps au domicile, 0 à 40 % du temps sur le lieu de travail, 10 à 20 % en itinérance.

En tout cas, une enveloppe de 10 millions d’euros a été ouverte par le gouvernement afin de «cofinancer le déploiement de bornes de recharge pour les véhicules électriques» dans les stations-services indépendantes. Seules celles délivrant moins de 2500 m³ de carburant par an (soit 4.000 en France sur un total de 11.100) seront éligibles à cette aide, accessible à partir du 1er décembre 2022 auprès de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Selon la puissance des bornes (50 ou 150 kW), le cofinancement de l’État pourra être compris entre 60 et 70 % du coût de l’installation.

Les petites station services disparaissent

«Une borne électrique ultra rapide, cela représente 100 à 150.000 euros juste pour l’installation, sachant que l’exploitant ne sait même pas si son modèle économique sera rentable», expliquait en mai dernier Francis Pousse, président de la branche distributeurs carburants et énergies nouvelles chez Mobilians, organisme qui rassemble les professionnels français des services de l’automobile. «Il faut une aide massive pour que le reste à charge de l’exploitant soit minime», ajoutait-il.

«Grâce à leur maillage territorial et au rôle de cohésion sociale qu’elles jouent partout en France, les petites stations-services indépendantes doivent devenir des acteurs-clés de la transition énergétique, au plus près des Français», a déclaré Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique.

C’est la deuxième fois que le gouvernement intervient en faveur des petites station services indépendantes. La première remonte au 22 août avec la mise en place d’une subvention permettant d’appliquer la  «remise carburant» jusqu’à la fin décembre 2022. Selon le volume moyen de carburant vendu en 2021, quelque 880 petites stations-service avaient pu bénéficier d’une aide de 3.000 ou 6.000 euros.

Aujourd’hui en France, plus de 60% des volumes de carburant sont vendus par la grande distribution qui en a fait un produit d’appel. Cette concurrence a vu se multiplier la fermeture des petites stations et a amené les survivants à se «diversifier dans les activités de garage, puis de lavage», souligne Francis Pousse. Les plus entreprenants se lancent dans le commerce alimentaire d’appoint, le dépôt de pain et le relais colis, voire poussent les murs pour accueillir d’autres artisans (coiffeur, tatoueur, toiletteur, etc.).

La rédaction