Transitions & Energies
BMW groupe motopropulseur hydrogène X5

Pour BMW, dans cinq ans la voiture à hydrogène sera aussi bon marché qu’une voiture à essence


Avec le développement des filières hydrogène en Allemagne, au Japon, en Chine, en Corée du sud et en Californie, BMW est confiant sur la possibilité de proposer à partir de 2025 des véhicules à hydrogène au même prix que ceux à essence. Ils seront notamment parfaitement adapté aux déplacement à longue distance et aux véhicules lourds.

BMW a dévoilé le 30 mars de nouvelles informations techniques sur son SUV X5 fonctionnant à l’hydrogène avec une pile à combustible. Il entend le produire en petite quantité à partir de 2022 pour tester le marché. Le véhicule affichera jusqu’à 275 kW de puissance (374 chevaux). Celle-ci sera fournie par une pile à combustible de 125 kW (170 chevaux) et le complément proviendra d’une batterie placée au-dessus du moteur électrique. Elle permettra d’apporter instantanément le supplément de puissance nécessaire lors des dépassements ou des accélérations.

Le moteur électrique du X5 sera situé à l’arrière (à droite sur la photographie ci-dessus) et le SUV n’aura que les roues arrières motrices. La pile à combustible sera installée à l’avant à la place du moteur conventionnel. Les deux réservoirs en fibre de carbone contiendront six kilos d’hydrogène compressé à 700 bars. L’autonomie des prototypes est aujourd’hui de l’ordre de 400 à 500 kilomètres mais pourrait augmenter d’ici le lancement du modèle. Il faudra moins de quatre minutes pour recharger les réservoirs à une station. Un autre avantage du véhicule électrique à pile à combustible, par rapport à celui à batteries, et qu’il peut utiliser sa propre chaleur générée par la fabrication de l’électricité pour chauffer l’habitacle en hiver ce qui n’a pas d’impact sur son autonomie.

BMW a déjà annoncé, il y a quelques semaines, son intention de mettre sur la route dès 2022 une petite flotte de son modèle X5. «La pile à combustible va contribuer à convertir toutes nos voitures au zéro émissions au cours des deux prochaines décennies» avait alors expliqué le Docteur Jürgen Guldner, vice-président de BMW, responsable du développement de l’hydrogène, de la pile à combustibles et des prototypes. «La pile à combustible s’ajoutera à notre palette de motorisations dans l’avenir. Nous ne la voyons pas comme une concurrente du véhicule électrique à batteries mais comme une offre supplémentaire pour nos clients.»

Passer à la production de masse

Au tout début de l’année, le Directeur de la recherche et du développement de BMW, Klaus Frölich, expliquait dans une interview à Automotive News que l’hydrogène deviendra une vraie alternative à partir de 2025, notamment pour les gros véhicules et plus particulièrement les camions et les utilitaires. Il soulignait que cela n’a aucun sens d’électrifier un gros camion en réduisant, du fait du poids des batteries, sa charge utile de 6 à 7 tonnes. Il ajoute qu’avec 200 stations d’hydrogène sur les autoroutes vous pouvez alimenter des flottes de milliers de véhicules à hydrogène.

BMW s’est associé à Toyota depuis 2015 pour développer la technologie de la pile à combustible. Sa première génération de voitures à hydrogène était juste une petite flotte de modèles de séries 5 GT convertis. «Nous avons commencé à travailler sur la troisième génération avec un défi clair qui consiste à abaisser les coûts à un niveau où ils deviennent compétitifs sur le marché», explique Jürgen Guldner. Il s’agit aujourd’hui du principal obstacle au développement des voitures à hydrogène avec celui, non négligeable, de la mise en place d’un réseau de stations pour recharger les véhicules. Mais dans ce dernier domaine, l’Allemagne a fait résolument le choix, contrairement à la France, de développer rapidement la production et la distribution d’hydrogène vert, fabriqué sans émissions de CO2.

Entre 800 et 1.000 stations pour couvrir un pays comme l’Allemagne

La technologie des piles à combustible est aujourd’hui bien plus coûteuse que celle des motorisations essence et diesel, notamment parce que la production de véhicules à hydrogène reste marginale. Mais l’amélioration permanente des piles, le fait qu’elles utilisent de moins en moins de métaux précieux comme le platine et qu’elles pourront à terme s’en passer, et surtout le passage à une production de masse vont tout changer. La Chine, la Corée du Sud, le Japon et donc l’Allemagne, les pays les plus industrialisés, ont fait le choix de l’hydrogène, notamment pour les transports sur longue distance.

Pour Jürgen Guldner, «si vous regardez les plans que le Japon, la Corée et d’autres ont rendu public, ils montrent tous que la fenêtre permettant d’égaliser les coûts avec les technologies conventionnelles se situe entre 2025 et 2030… Beaucoup de travail a été fait dans le passé et il y en a encore beaucoup à faire en réduisant le nombre de cellules nécessaires pour obtenir un niveau raisonnable de puissance.» Il souligne également que le coût des moteurs électriques, qui sont les mêmes dans un véhicule à batterie et un véhicule à pile à combustible, ne cessent de baisser.

BMW reste tout de même prudent sur la vitesse de déploiement des véhicules à hydrogène. Le constructeur allemand considère que les véhicules électriques à batteries sont les mieux adaptés aux villes et aux métropoles et que ceux à hydrogène et pile à combustible seront une meilleure offre pour les déplacements à longue distance et les véhicules lourds. Concernant les infrastructures de rechargement, Jürgen Kludner est assez optimiste. «Au Japon, en Corée, en Allemagne et en Californie, le nombre de stations augmente rapidement et nous pensons que cela va continuer. Dans des pays et des Etats de cette taille, nous avons besoin de 800 à 1.000 stations pour que chaque utilisateur en ait une qui se trouve à moins de 10 kilomètres de son domicile. Il y en a 80 en Allemagne aujourd’hui et il y en aura au moins entre 250 et 400 d’ici 2025.»

La rédaction