Transitions & Energies
Wall Street New York

Les banques commencent à mesurer le risque carbone dans leurs comptes


Discrètement, une petite équipe d’employés consacre tout son temps à mesurer et calculer ce qui pourrait devenir une des données les plus importantes qu’une institution financière doit connaître et rendre publique. Quelle est la part de ces investissements et de ces engagements qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique et est soumise à un risque de perte de valeur. Bloomberg explique, dans un article publié très récemment, que ces calculs sont menés aujourd’hui dans la plupart des grandes banques et des grandes compagnies d’assurance dans le monde.

Pour les banques, le danger est que si la transition vers une économie décarbonée se fait brutalement, les sociétés dont les activités émettent beaucoup de gaz à effet de serre risquent de voir soudain leur valeur et leur rentabilité s’effondrer.

Pour les contraindre à mesurer l’ampleur potentielle des risques se trouvant dans leurs bilans, Mark Carner, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a été jusqu’à mettre en garde les groupes financiers contre un «Minsky moment climatique» tant qu’ils ne dévoilaient pas leurs «engagements» carbone. Il faisait référence à l’économiste américain Hyman Minsky, le théoricien des crises financières, qui a démontré qu’elles ont souvent pour origine la montée de risques cachés dans les bilans bancaires.

Mais la tâche pour mesurer ses risques potentiels est particulièrement difficile. Il faut disséquer toutes les transactions et tous les investissements. Les données fournies par les clients, qui vont des constructeurs automobiles aux producteurs d’énergie, sont souvent imprécises et il faut parfois prendre en compte le fait que parfois différents services de la banque travaillent avec le même client. Plus difficile encore, les établissements financiers doivent élaborer une stratégie pour réduire leurs risques carbone.

Mais ils ont de moins en moins le choix. Ils commencent à être mis sous pression par les activistes climatiques qui entendent les contraindre à ne plus prêter d’argent aux entreprises et aux secteurs d’activité grands émetteurs de CO2. Un certain nombre de banques comme ING, HSBC, Société Générale…  ont déclaré qu’elles entendaient prendre les objectifs climatiques en compte dans leur politique de crédits.

La rédaction