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La feuille de route de l’Agence internationale de l’énergie pour relancer l’économie mondiale


Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), n’a jamais été aussi actif que depuis le début de la pandémie de coronavirus. Pour lui, la crise sanitaire doit marquer une inflexion majeure dans la façon dont le monde fabrique et consomme son énergie. Il vient juste de publier une feuille de route pour une relance de l’économie mondiale par la transition énergétique.

Fatih Birol a mené une conférence en ligne à la fin de la semaine dernière réunissant des représentants des gouvernements d’une quinzaine de pays dont l’Australie, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, la Suisse, le Royaume-Uni… et la Commission européenne. L’objectif était de trouver les moyens d’intégrer rapidement les investissements dans l’innovation énergétique et les énergies propres dans les grands plans de relance économique qui suivront la sortie du confinement un peu partout dans le monde.

Efficacité énergétique, éolien, solaire, batteries, hydrogène, capture et stockage du CO2

«La question cruciale est de savoir comment créer des emplois et doper la croissance économique avec des investissements dans les technologies de l’énergie propre… Des défis sans précédents nécessitent des réponses sans précédents. C’est le moment d’être ambitieux et innovant», écrit Fatih Birol.

L’accent devrait être mis sur les domaines suivants: l’efficacité énergétique, l’éolien, le solaire, les batteries, l’hydrogène et la capture et le stockage du CO2.  Avant même la pandémie, les analyses de l’AIE montraient que les gouvernements dirigeaient de fait, directement et indirectement (par la réglementation, les subventions, la fiscalité), 70% des investissements énergétiques dans le monde.

L’agence insiste plus particulièrement sur deux technologies qui nécessitent, selon elle, des investissements rapides et massifs pour se développer et devenir plus performantes et «sont des domaines clés», le stockage de l’électricité par batteries et l’hydrogène. «En les incluant dans les plans économiques de relance, cela permet de soutenir des activités existantes, de créer de nouveaux emplois et de réduire les émissions.»

Les leçons du passé

L’agence souligne aussi la nécessité de combiner deux éléments: des sources fiables d’énergies, indispensables pour que les sociétés modernes soient résilientes dans les périodes de crise, et une baisse structurelle des émissions de gaz à effet de serre pour répondre aux objectifs climatiques. Au début de la généralisation dans le monde du confinement, l’AIE avait mis en garde contre la fragilisation des réseaux électriques, notamment et paradoxalement par la baisse de la consommation. Elle rend la part des renouvelables intermittents plus grande dans la production, mais nécessite quand il n’y a plus de vent et de soleil, de pouvoir activer très rapidement des capacités de production électrique dites «pilotables», fossiles, nucléaires et hydroélectriques.

«La croissance économique couplée à la décarbonisation n’est pas seulement réaliste, elle a déjà eu lieu. Les données publiées par l’AIE montrent que les émissions de CO2 liées à l’énergie ont cessé de progresser l’an dernier même si la croissance mondiale a atteint près de 3%», explique Fatih Birol. Il ajoute qu’un élément clé de la baisse des émissions provient du secteur de la production électrique dans les économies avancées. Cela montre qu’une transition vers des sources d’énergies plus propres est bien en cours.

Mais le directeur exécutif de l’Agence internationale termine néanmoins son texte par une mise en garde. Il incite à tenir compte des leçons du passé. Après la crise financière de 2008 et économique de 2009, les émissions de gaz à effet de serre sont rapidement reparties à la hausse. «C’est pour cela que les gouvernements doivent s’assurer que la transition énergétique fait partie de leurs préoccupations quand ils organisent la réponse à la crise du Covid-19…»

La rédaction