Les automobilistes français qui ont des voitures à moteur à essence ont trouvé depuis quelques années une parade à la hausse des prix des carburants pétroliers, le Superéthanol E85. Un carburant constitué d’essence mélangé avec une grande quantité d’alcool d’origine agricole issu de plantes riches en sucres comme la betterave, cultivée massivement dans le Nord, et le maïs et le blé venant plutôt des exploitations du Sud-Ouest. Sa dénomination E85 indique en théorie une proportion de 85% d’éthanol et de 15% d’essence. En fait, cette proportion varie tout au long de l’année notamment parce que pendant la saison froide il est nécessaire d’avoir une plus grande proportion d’essence pour que les moteurs ne rencontrent pas de problèmes de combustion. Etant en partie décarboné, le Superéthanol E85 bénéficie de taxes et subventions avantageuses.
Voilà pourquoi la consommation de ce carburant s’est élevée l’an dernier à 887 millions de litres (contre 468 millions de litres en 2021) et il est maintenant disponible dans 40% des stations-services. En fait, le succès de l’E85 n’a pas été linéaire. Les ventes ont stagné en 2023 et 2024 après s’être envolées en 2022. La faute, notamment, à une offre de véhicules qui s’est drastiquement réduite en neuf. Jaguar et Land Rover ont abandonné la partie et Ford, champion jusque-là du flexifuel, a sérieusement réduit la voilure.
Des boitiers électroniques rapidement rentabilisés
Pour autant, la clientèle du Superéthanol est restée fidèle et concerne avant tout des voitures à essence converties par l’installation d’un boitier électronique qui adapte le système d’injection du moteur. Selon la collective du bioéthanol, qui regroupe les acteurs de cette filière, le parc de véhicules E85 en France a augmenté de 8% l’an dernier pour atteindre 400.000 exemplaires et sur ce total, il y aurait environ 250.000 voitures équipées de kits de transformation homologués.
Et ils sont rentabilisés rapidement. En tenant compte de la surconsommation engendrée par l’éthanol de l’ordre de 25%, liée à la moindre densité énergétique de ce carburant, l’économie réalisée représente 730 euros sur 13.000 km. Soit à peu près le tarif d’un kit de conversion pour des moteurs pas trop sophistiqués.
Le gouvernement a parfois du mal à savoir ce qu’il fait lui-même
Il faut dire que le prix du Superéthanol est nettement inférieur à 1 euro le litre. Il se situait lors des derniers jours autour de 0,73 centimes le litre, à un niveau même inférieur à celui d’il y a un an (autour de 0,80 centimes le litre). Si le bioéthanol est aussi peu cher, c’est que la fiscalité qui lui est appliquée est réduite, notamment parce que son utilisation émet moins de CO2 que les carburants pétroliers traditionnels. Elle est de l’ordre de 11,83 centimes par litre contre 68,29 centimes pour le SP95. Et l’année 2025 a été favorable au superéthanol qui bénéficie maintenant d’un abattement de 40% sur ses émissions de CO2 dans le cadre du calcul d’une taxe sur les véhicules de société comme c’était déjà le cas pour le malus écologique.
Mais le gouvernement, à la recherche désespérée de nouvelles ressources fiscales, avait envisagé dans un article du projet de loi de finances de supprimer tous les avantages fiscaux de l’E85… avant de se raviser. Et les députés ont accepté de le suivre. Il faut dire que le gouvernement a parfois du mal à savoir ce qu’il fait lui-même. Il s’est ainsi aperçu in extremis qu’il a décidé de convertir 40.000 véhicules officiels, de la police, de la gendarmerie, des douanes, au Superéthanol E85. Ils vont être équipés d’un kit de conversion. L’Etat fera ainsi des dizaines de millions d’euros d’économies par an sur les frais de carburants. A condition évidemment de ne pas supprimer l’avantage fiscal du Superéthanol E85…














