La révolution du pétrole et du gaz de schiste il y a un peu plus d’une décennie a transformé le marché mondial des hydrocarbures. Elle a donné accès soudain à des ressources nouvelles et a permis aux Etats-Unis en quelques années de redevenir le numéro un mondial du pétrole et de gaz naturel.
La fracturation hydraulique a poussé la production américaine de pétrole et de gaz à des niveaux records ce qui a eu un impact considérable sur les cours des hydrocarbures. L’indépendance pétrolière américaine retrouvée a dans le même temps affaibli la capacité du cartel des pays producteurs, l’OPEP+ de contrôler le marché. Enfin, les exportations américaines de GNL (Gaz naturel liquéfié) ont profondément transformé le commerce mondial du gaz naturel et ont fait des Etats-Unis le remplaçant de la Russie comme fournisseur de l’Europe.
Des ressources considérables qui peuvent être exploitées à des prix compétitifs
Les Etats-Unis produisent aujourd’hui 80% du pétrole et du gaz de schiste dans le monde. Mais cette technologie ne leur est pas réservée. Des découvertes et la diffusion des techniques d’exploitation permettent à de nouveaux pays d’entrer dans la course. Le Canada, l’Argentine, l’Arabie saoudite, la Chine et l’Algérie disposent de ressources considérables de pétrole et de gaz de schiste, et ils commencent à la fois à les évaluer et à les exploiter. C’est ce que montre une étude récente de GlobalData intitulée « Emerging Oil and Gas Shale Plays » (Les nouveaux gisements de pétrole et de gaz de schiste).
Le Canada dispose de gisements importants à commencer par celui de Montney, dans l’ouest du pays. Il s’agit de l’un des plus grands gisements de gaz naturel du continent Nord-Américain qui recèle aussi du pétrole. Il a aussi et surtout des coûts de production parmi les plus faibles nécessitant la technique de la fracturation. Car le talon d’Achilles du gaz et plus encore du pétrole de schiste est le fait que leur exploitation est plus coûteuse que celle des gisements dits conventionnels. Mais ce n’est pas le cas pour les ressources de Montney. Selon une étude de la firme d’investissement Kimmeridge, le bassin de Montney est celui aujourd’hui dont le potentiel est le plus important d’Amérique du Nord avec des volumes considérables de ressources inexploitées de haute qualité.
Argentine et Algérie
En Amérique du Sud, les ressources les plus prometteuses se trouvent en Argentine, dans le gisement de Vaca Muerta. On estime qu’il contient des ressources récupérables de 16 milliards de barils de pétrole et 8.700 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Ces chiffres font de Vaca Muerta le deuxième plus grand gisement de gaz de schiste au monde derrière le bassin Permien américain et la quatrième plus grande ressource de pétrole de schiste.
En Afrique, c’est l’Algérie qui possède les réserves qui sont considérées aujourd’hui comme les plus prometteuses. Alger est en passe de conclure des accords avec les compagnie américaines Exxon et Chevron pour explorer et investir dans ses ressources en gaz de schiste. Elles estiment que l’Algérie détient les troisièmes réserves de gaz de schiste au monde après la Chine et l’Argentine.
Les ambitions d’Aramco et de la Chine
Le premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie Saoudite, s’est aussi lancé dans le gaz de schiste. Le pays développe le gisement de Jafurah, le plus grand de gaz non conventionnel découvert à ce jour dans le royaume contiendrait 6.500 milliards de mètres cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensats (un pétrole léger associé à la production de gaz). La plus grande compagnie pétrolière au monde, Aramco, doit lancer la première phase de production à Jafurah dès cette année. Cette ressource devrait lui permettre d’atteindre son objectif qui consiste à augmenter la capacité de production nationale de gaz de 60% d’ici 2030 par rapport à 2021.
Et il y a enfin la Chine qui pourrait devenir un producteur très important de gaz et de pétrole de schiste ce qui rendrait Pékin bien moins dépendant des importations. Plusieurs gisements importants ont été découverts récemment. La Chine dispose d’importantes ressources en schiste, notamment en gaz naturel, mais leur extraction est difficile, contrairement aux États-Unis, en raison de la géologie complexe des formations géologiques où se trouvent les gisements. Mais la Chine entend pousser l’exploration du pétrole et du gaz de schiste, même coûteuses et difficiles, pour des raisons évidentes de souveraineté.
