Transitions & Energies
Old_car Wikimedia

Et si rouler peu dans une vieille voiture était la meilleure solution pour la planète


Il n’y a pas le moindre doute. Une voiture récente, y compris à moteur thermique, pollue bien moins qu’un véhicule plus ancien. Les normes d’émissions de gaz à effet de serre sont devenues de plus en plus strictes tout comme celles d’émissions de particules fines. Les constructeurs automobiles ont consacré beaucoup de moyens depuis quelques années à rendre plus propre ce qui sort des pots d’échappement.

Mais considérer l’empreinte carbone d’un véhicule est un calcul bien plus complexe que de prendre en compte les seules émissions de son groupe motopropulseur. Les pouvoirs publics s’en tiennent là parce que c’est plus simple, parce que cela montre leur engagement pour la planète et contre la pollution en édictant des normes toujours plus strictes… même si c’est en fait peu efficace voire néfaste.

La véritable empreinte carbone doit prendre en compte l’énergie nécessaire et la pollution engendrées par la fabrication du nouveau véhicule et le recyclage de l’ancien. Selon l’association Transport & Environment, la fabrication d’une voiture produit environ cinq tonnes de CO2, le quart des émissions du cycle de vie total d’une voiture, soit 36.000 kms de rejet à l’échappement. Et il s’agit d’une estimation peu précise tant il est difficile de mesurer le coût écologique de fabrication et de transport des très nombreuses pièces qui composent une voiture (jusqu’à 500.000).

Il faut en outre considérer l’ensemble de la chaîne de production. C’est-à-dire pas seulement la fabrication des composants, mais aussi l’extraction et la transformation des matières premières utilisées. Les mines, les aciéries, les usines pétrochimiques qui produisent les plastiques sont à l’origine de nombreuses émissions polluantes.

En partant de l’estimation de Transport & Environment de cinq tonnes de CO2 pour fabriquer une voiture, cela signifie qu’il faut parcourir 250.000 kms pour effacer les émissions liées à sa production si elle rejette 20 g/km de moins de CO2 que celle qu’elle remplace. Et cela sans tenir compte du coût pour l’environnement du recyclage du véhicule ancien. Cela aussi consomme de l’énergie.

Il faut y ajouter la pollution provenant des pièces non recyclables, notamment plastiques, et les modèles en fin de vie revendus dans des pays où l’on ne pratique pas le recyclage, notamment en Afrique. Ils finissent dans des cimetières à ciel ouvert après avoir continué à polluer. La pollution est déplacée et le gain pour la planète est inexistant.

La solution de la conservation – acheter moins, consommer moins, user moins, prendre soin et entretenir – est peut être la plus raisonnable et la plus efficace. Changer de voiture très régulièrement, comme le suggèrent sans cesse le gouvernement et les constructeurs, est un calcul à courte vue.

La rédaction