Vague de froid, un impact immédiat sur la consommation, la production et les prix de l’électricité

21 novembre 2025

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Vague de froid, un impact immédiat sur la consommation, la production et les prix de l’électricité

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Le système électrique français est thermosensible. Cela signifie que lors des vagues de froid, même celle modérée que nous connaissons en cette fin du mois de novembre, la consommation, la production et les prix de gros de l’électricité s’envolent. La production nucléaire, hydraulique et à gaz a ainsi augmenté fortement pour répondre à une consommation qui est passée en quelques jours de 56 à 74 GW (+32%) en pointe en fin de journée. Et les prix de gros ont atteint 160 euros le MWh, ils n’avaient pas dépassé 50 euros le MWh il y a une semaine.

Le véritable test de la capacité de notre système électrique à répondre à la demande se fait en hiver quand il fait froid. Il est comme disent les experts, thermosensible. Cela signifie que 1°C de température extérieure en moins se traduit en moyenne par une augmentation de la consommation d’environ 2.400 mégawatts (MW).

La petite vague de froid que nous connaissons en cette fin du mois de novembre permet ainsi de mesurer immédiatement les conséquences sur le niveau de consommation, le type de production et les prix de gros de l’électricité.

Ainsi, le premier jour blanc Tempo de la saison a été activé le 20 novembre et un jour ou plusieurs jours rouges pourraient l’être dans les prochains jours. Rappelons que ce contrat propose des prix bas de l’électricité en contrepartie d’une sobriété par temps froid. Les clients sont notamment incités à réduire leur consommation au cours de 22 jours rouges répartis entre le 1er novembre et le 31 mars.

74 GW de consommation en pointe

Pour en revenir à la production et la consommation d’électricité, il suffit d’ouvrir l’application en ligne éCO2mix, l’outil de RTE pour visualiser en temps réel les productions filière par filière, la consommation et les données de marché, pour constater l’impact de la vague de froid.

La consommation a grimpé à plus de 74 GW jeudi 20 novembre en fin de journée à 19 heures. Elle était de 56 GW à la même heure une semaine plus tôt :  + 18 GW (+32%) en quelques jours… l’équivalent de la production de 18 réacteurs nucléaires. Et les températures devraient continuer à baisser pendant encore quelques jours. On comprend mieux la mobilisation des moyens de production pilotables. Pour rappel, le pic de consommation en 2025 a été touché le 14 janvier à 87 GW et le pic historique a été atteint le 8 février 2012 à 102 GW.

Consommation d’électricité en France le 20 novembre 2025 à 19 heures. Source : RTE (éCO2mix).

La capacité théorique de production du parc installé en France est de 159GW. Un chiffre qui n’a pas grande signification. D’abord, parce qu’une partie des centrales est toujours en arrêt pour maintenance. Ensuite, parce que le réseau n’est pas capable de transporter une telle puissance. Enfin, parce que la production des renouvelables notamment intermittents dépend des conditions météorologiques (vent et soleil). La disponibilité du parc nucléaire est ainsi de 74% sur la période 2014-2024, ce qui est historiquement faible et est la conséquence des crises du Covid de 2020-2021 et de la corrosion sous contrainte de 2023 qui ont entraîné une succession de problèmes de maintenance de réacteurs. Mais cela n’a rien à voir avec le facteur de charge de l’éolien terrestre qui était de 22% l’an dernier et celui du solaire photovoltaïque qui était de 13%, toujours en 2024.

Jusqu’à 162,5 euros le MWh

Pour ce qui est de la production d’électricité depuis le début de la petite vague de froid de fin novembre 2025, les exportations ont baissé sensiblement (de 14 GW à 3GW en fin de journée lors du pic de consommation en une semaine), le parc nucléaire est monté en puissance et assurait le 20 novembre en fin de journée plus de 49 GW (la capacité de production maximale du parc nucléaire est de 63GW), l’hydroélectricité a été fortement sollicitée à plus de 15 GW (19% du total) et il faut remarquer l’augmentation très nette de la production d’électricité des centrales à gaz (7,8 GW) contre 1 GW avant la période de froid et même les centrales à charbon (0,5 GW). Enfin, les renouvelables intermittents assuraient une partie limité de la production, de 5% du total pour l’éolien à 19 heures le 20 novembre, soit 3,7 GW, et évidemment rien pour le solaire puisqu’il faisait nuit.

Production d’électricité en France le 20 novembre 2025 à 19 heures. Source : RTE (éCOmix).

Du côté des prix de gros de l’électricité, ils se sont envolés avec le froid. C’est mécanique puisque le système de fixation des prix sur le marché européen est celui dit du « merit order » ou ordre de mérite. La dernière centrale sollicitée pour produire fixe le prix du marché et il s’agit en général d’une centrale à gaz. En France, les prix ne dépassaient pas 50 euros le mégawattheure (MWh) il y a une semaine et sont montés jeudi 20 novembre jusqu’à 162,5 euros le MWh. Ils ont même dépassé 198 euros le MWh en Allemagne.

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La rédaction

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