Au Canada, à Darlington en Ontario, va être lancé un premier chantier nucléaire d’un nouveau genre, celui d’un SMR ou petit réacteur modulable. C’est le premier de ce type, très à la mode, à être construit dans un pays occidental même si en fait il en existe de nombreux dans les sous-marin et porte-avions nucléaires. Mais jusqu’à aujourd’hui la Russie est le seul pays à en utiliser pour un usage civil via des barges dans l’arctique.
La technologie à eau bouillante développée par GE
Le modèle qui va être construit dans l’ouest du Canada a été conçu et sera fabriqué par l’entreprise américaine GE Vernova Hitachi Nuclear Energy (GVH). Le producteur d’électricité Ontario Power Generation vient de recevoir le feu vert du gouvernement provincial. Ce réacteur a une particularité technique. Il fonctionnera avec la technologie dite à eau bouillante ou BWR développée dans les années 1950 et 1960, notamment par GE (General Electric). Elle a été ensuite dépassée par la technologie à eau sous pression qui elle a été développée par Westinghouse et dérive des réacteurs de sous-marins nucléaires américains. Aujourd’hui, les BWR représentent environ un quart du parc de réacteurs en fonctionnement dans le monde, surtout aux Etats-Unis et au Japon. Les réacteurs de la centrale de Fukushima sont à eau bouillante.
Dans le BWRX-300, pour 300 mégawatts de puissance électrique, tel est le nom du SMR en construction dans l’Ontario, la chaleur dégagée par la fission fait bouillir l’eau qui baigne les gaines de combustibles dans le cœur du réacteur. Cette vapeur fait ensuite fonctionner les turbines qui produisent l’électricité. Dans un réacteur à eau pressurisée l’eau chauffe mais reste sous pression et transmet sa chaleur à un circuit d’eau secondaire qui se transforme en vapeur et actionne les turbines. Dans un réacteur à eau bouillante, il y a une barrière de moins entre la radioactivité du combustible et l’environnement et donc cela nécessite d’avoir un gainage du combustible particulièrement étanche.
Une construction en trois ans
Le BWRX-300 est modulable et doit être construit rapidement, en trois ans environ. A terme quatre de ces unités sont prévues sur le site de Darlington. Une fois en service, elles devraient générer 1.200 mégawatts, l’équivalent en termes de puissance d’un réacteur de grande taille. L’Ontario a impérativement besoin de cette électricité car d’ici le début des années 2030 plusieurs de ses centrales à charbon vont fermer. Pour Craig Ranson, président de GE Vernova Hitachi Nuclear Energy, : « grâce à la standardisation du BWRX-300, chaque réacteur supplémentaire devient plus simple à construire, plus rapide à connecter au réseau, et donc plus rentable ».
D’autres opérateurs en Amérique du Nord ont manifesté de l’intérêt pour le BWRX-300, la SaskPower toujours au Canada dans le Saskatchewan et aux Etats-Unis la Tennessee Valley Authority. Le SMR pourrait aussi être déployé en Estonie, au Royaume-Uni, en Pologne, en Suède et en République tchèque. L’ère des SMR commence.