Transitions & Energies

Seule l’Europe fait des efforts pour réduire ses émissions de CO2


La réalité en matière de réduction dans le monde des émissions de gaz à effet de serre est assez différente des engagements signés de la COP21, des discours volontaristes et des promesses. La très grande majorité des pays qui ont signé l’accord de Paris ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font. C’est ce que démontre un rapport intitulé «La vérité derrière les promesses climatiques» que l’on peut trouver ici, publié il y a quelques jours par l’Universal Ecological Fund, un collectif de chercheurs auquel appartient Robert Watson, l’ancien président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

En théorie, et à l’exception des Etats-Unis qui l’ont quitté, la quasi-totalité des pays a signé l’accord de Paris de décembre 2015 visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre, très exactement 195 sur les 197 que reconnait l’ONU. Cet accord quasi universel a pour objet de limiter le réchauffement climatique en dessous de +2°C – idéalement +1,5°C – par rapport aux températures qui existaient à l’époque préindustrielle (en 1900). Elles ont augmenté de près de 1°C aujourd’hui en moyenne.

Pour atteindre l’objectif fixé par la COP21, il faut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre dont le CO2 est le principal constituant, de 50% d’ici 2030. Nous sommes aujourd’hui très loin de pouvoir y parvenir. Mais ce que montre l’étude du Universal Ecological Fund, c’est que la plupart des grandes nations ont dans les faits renoncé à tenir leurs engagements et ne se sont même jamais donné les moyens de le faire… En prenant dans l’ordre les quatre principaux émetteurs de gaz à effet de serre, aucun ne se trouve aujourd’hui sur une trajectoire compatible avec ce que ces dirigeants se sont engagés à faire.

La Chine. Le plus gros émetteur de la planète, 26,8% des gaz à effet de serre, s’était engagé à réduire son intensité carbone de 60% à 65% par rapport aux niveaux de 2005. Mais jusqu’à aujourd’hui, ses émissions de CO2 ont augmenté de pas moins de 80% entre 2005 et 2018. Selon les chercheurs, cette progression devrait se poursuivre au moins au cours des dix prochaines années.

Les États-Unis. Le deuxième plus gros émetteur de la planète (13,1%) n’est pas non plus un modèle, loin de là. L’administration Obama s’était engagée à réduire, d’ici 2025, ses émissions de gaz à effet de serre de 26% à 28% par rapport aux niveaux de 2005. Mais Donald Trump a décidé de sortir de l’accord de Paris, un retrait devenu officiel le 4 novembre dernier. L’administration Trump a en outre supprimé ou modifié des régulations fédérales visant à réduire les émissions, notamment dans les transports et l’automobile

L’Inde. Le troisième émetteur (7%) avait pris l’engagement de faire baisser, d’ici 2030, l’intensité de ses émissions de 30% à 35% par rapport à 2005. Mais ces émissions ont augmenté de 76% entre 2005 et 2017 et, comme pour la Chine, cette progression devrait se poursuivre au moins jusqu’en 2030.

La Russie. Il s’agit de loin du plus mauvais élève dont les engagements… n’engagent que ceux qui veulent bien les entendre. Le pays dirigé par Vladimir Poutine n’a même pas fait l’effort, contrairement aux autres, d’établir une feuille de route visant à lutter contre ses propres émissions (4,7% des émissions mondiales). Cela au moins a le mérite d’être clair.

 L’Europe seule au monde

De fait, seuls les pays de l’Union Européenne tentent de s’inscrire réellement dans la trajectoire définie en décembre 2015. L’Union Européenne représente dans son ensemble le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète (9%). Ces 28 États membres se sont engagés à réduire, d’ici 2030, leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% par rapport au niveau de 1990. Ils ont déjà réussi à les faire baisser de 22%.

Pour autant, la dépendance de certains pays européens aux énergies fossiles et plus particulièrement au charbon pour produire de l’électricité, notamment l’Allemagne et la Pologne, est un frein. L’Allemagne est de loin le plus gros émetteur de CO2 de l’Union Européenne (22% du total), derrière le Royaume-Uni (10,7%), l’Italie (10%), la Pologne (9,6%) et la France (9,3%). Enfin, l’Union Européenne a fait jusqu’à aujourd’hui le plus facile. Elle va devoir maintenant rapidement s’attaquer à la diminution des émissions de CO2 dans deux domaines plus compliqués que la production d’électricité, à savoir les transports et l’industrie.

Ainsi, comme on peut le voir sur la carte se trouvant au début de l’article, selon l’Universal Ecological Fund, seuls 36 pays, tous européens, présentent des engagements «suffisants» (vert). Douze pays ont des engagements «partiellement suffisants» (jaune), huit se trouvent dans la catégorie «partiellement insuffisants» (orange) et une écrasante majorité de 128 pays ont des engagements «insuffisants» (rouge). Les pays en noir au nombre de dix n’ont tout simplement pas quantifiés leurs engagements.

La rédaction