Transitions & Energies

Métaux stratégiques, et si la solution se trouvait dans les volcans?


Pour ne pas avoir à ouvrir des centaines de nouvelles mines et endommager l’environnement pour alimenter la transition énergétique, il serait possible d’exploiter le magma des volcans, riche en métaux tels que le cuivre, le nickel et le zinc. Les volcans, actifs ou dormants, pourraient par la même occasion fournir une source importante d’énergie géothermique, transformant les opérations minières gourmandes en énergie en processus neutres en carbone.

Scientifiques et ingénieurs cherchent partout dans le monde de nouveaux moyens pour produire massivement et à moindre coûts, économiques comme environnementaux, de l’énergie décarbonée et renouvelable. Mais ils se heurtent invariablement au même problème: les équipements de la transition énergétique (éoliennes, panneaux solaires, batteries, électrolyseurs, réseaux électriques…) nécessitent des quantités considérables de minéraux et plus particulièrement de métaux qualifiés aujourd’hui de critiques comme le cuivre, le nickel, le zinc, le lithium, le cobalt… Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cela devrait se traduire par l’ouverture dans le monde d’ici 2040 de près de 400 nouvelles mines. Cela semble sur le plan économique, politique et environnemental presque impossible. Voilà pourquoi des scientifiques soulignent depuis plusieurs années que les volcans et plus particulièrement leur magma pourraient apporter une solution en donnant accès à une bonne partie des quantités de métaux nécessaires à la transition et en même temps à une source importante d’énergie géothermique. Reste à développer des technologies permettant de prélever ses ressources au cœur des volcans et à les rendre économiquement réalistes…

Du magma extrêmement riche en métaux critiques

Le magma des volcans est par nature extrêmement riche en métaux. Un volcan actif, comme par exemple l’Etna en Italie, rejette chaque jour environ 20 tonnes de cuivre et 10 kg d’or sous forme de gaz volcaniques. S’il est impossible d’extraire les métaux des gaz volcaniques, il est en revanche possible de les extraire des saumures magmatiques chaudes présentes dans le volcan. Les métaux présents dans ces saumures sont très concentrés. Et comme il y a environ 2.000 volcans dans le monde, cela pourrait constituer une énorme source de métaux critiques. Les volcans actifs comme dormants peuvent se prêter à l’extraction de métaux.

Dans un article publié il y a quelques semaines, la revue scientifique Geoscientist insiste sur le fait qu’il existe tout simplement peu d’alternatives à l’exploitation du magma des volcans. «D’ici 2050, la demande de lithium devrait augmenter de 965%, celle de cobalt de 585%, celle de cuivre de 7% et celle d’argent de 60% par rapport aux niveaux de production actuels, et pourtant les exploitations minières existantes extraient des minerais de plus en plus pauvres et les nouvelles réserves sont de plus en plus difficiles à trouver

Un accès à de l’énergie géothermique en abondance

Il existe d’autres avantages à cette solution. Les auteurs de l’article de Geoscientist, Olivia Hogg et le Professeur John D. Blundy, soulignent que les fluides chauds présents dans les volcans peuvent être utilisés dans le même temps pour produire une énergie géothermique abondante permettant de rendre le processus d’extraction des métaux neutre en carbone. L’énergie géothermique provenant d’une activité volcanique assure déjà plus de 90% de la demande de chauffage d’un pays comme l’Islande.

Des chercheurs de la Commission géologique du Canada travaillent depuis des mois sur la possibilité d’accéder à l’énergie géothermique des monts Meager et Cayley qui sont des volcans endormis. Les résultats de leurs recherches suggèrent qu’il existe un «potentiel élevé» en particulier du mont Meager. Les deux volcans sont situés au sommet de réservoirs souterrains extrêmement chauds qui pourraient être utilisés pour produire de l’électricité et éventuellement extraire des métaux. Mais pour accéder à cette énergie géothermique, il faudrait pomper le liquide chaud ce qui s’annonce techniquement très difficile.

La rédaction