<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le meilleur investissement pour EDF est de prolonger la vie des anciens réacteurs nucléaires

18 novembre 2025

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Le meilleur investissement pour EDF est de prolonger la vie des anciens réacteurs nucléaires

par

Même la Cour des comptes reconnait que l’électricité décarbonée produite par le parc nucléaire historique d’EDF (56 réacteurs depuis la fermeture des deux de Fessenheim) est de loin la moins coûteuse et que cela justifie pleinement la prolongation de vie des réacteurs de 40 à 60 ans « et au-delà ». Un investissement rentable pour EDF et plus encore pour le pays. A 51 euros le MWh de coût moyen de production, y compris l’exploitation, la maintenance et le combustible, ce tarif est très nettement inférieur au tarif moyen de soutien aux éoliennes terrestres de 90 euros le MWh et de 88 euros le MWh pour les panneaux solaires au sol, selon les chiffres du CGCSPE (Comité de gestion des charges de service public de l’électricité). Avec en outre, l’avantage considérable pour le nucléaire de ne pas avoir une production intermittente et aléatoire.

La Cour des comptes fait partie de ses institutions de la République qui sont devenues depuis plusieurs années, pour des raisons avant tout politiques et idéologiques, des adversaires plus ou moins masqués de l’énergie nucléaire et même d’EDF. Au point que certains ont dénoncé un véritable sabotage de la filière, notamment lors des auditions de la fameuse Commission d’enquête parlementaire de 2023 sur « La perte de souveraineté énergétique de la France ».

Mais les magistrats ont bien été obligés de reconnaître, dans un rapport sur la maintenance du parc électronucléaire publié lundi 17 novembre, que l’électricité décarbonée produite par le parc nucléaire historique d’EDF (56 réacteurs depuis la fermeture des deux de Fessenheim) est de loin la moins coûteuse et que cela justifie pleinement la prolongation de vie des réacteurs de 40 à 60 ans « et au-delà ». La Cour estime même que la prolongation de réacteurs au-delà de 60 ans est presque « inévitable », sans quoi la production électrique nucléaire sera divisée par deux d’ici 20 ans.

« La Cour indique que la poursuite de l’exploitation du parc nucléaire jusqu’à 50 ans, voire 60 ans, est une option avantageuse pour le système électrique français puisqu’elle devrait s’avérer rentable pour EDF et que son coût apparaît compétitif par rapport à la construction de nouvelles capacités de production, sous réserve que les prévisions de production soient effectivement atteintes et que les conditions et prix de vente de l’électricité ne soient pas dégradées ».

Corrosion sous contrainte et « grand carénage »

Alors évidemment, la Cour des comptes souligne l’augmentation du coût d’entretien annuel du parc. Il ne pouvait pas en être autrement… Cela s’explique à la fois par les opérations dites de « grand carénage », qui permettent d’augmenter de dix ans l’autorisation de fonctionnement d’un réacteur donnée par l’autorité de sûreté (ASNR), et aussi évidemment par l’épisode de la découverte du phénomène de corrosion sous contrainte de canalisations sur certains réacteurs qu’il a fallu réparer dans l’urgence. C’est dans la découverte tardive et « fortuite » de ces problèmes qu’EDF est fautif, pas dans leurs réparations qui a même été plus rapide qu’anticipé.

La Cour des comptes estime à 51 euros (de 2023) le MWh « le coût de prolongation actualisé du parc existant de 40 à 60 ans », en dépit des investissements lourds nécessaires pour le faire. Ce montant correspond au coût moyen de production, comprenant les coûts de maintenance supplémentaires, le combustible et l’exploitation, pour les réacteurs au- delà de 40 ans. Rappelons que selon les chiffres du CGCSPE (Comité de gestion des charges de service public de l’électricité), le tarif moyen de soutien aux éoliennes terrestres en 2025 est de 90 euros le MWh et celui des panneaux solaires au sol de 88 euros le MWh. Et la production électrique éolienne et solaire est en outre intermittente et aléatoire.

EDF a bien géré les crises

La prolongation à 60 ans serait donc très rentable pour EDF et plus encore le pays même si la disponibilité du parc a baissé à 74% sur la période 2014-2024 contre 80% les dix années précédentes, à cause des crises du Covid de 2020-2021 et de la corrosion sous contrainte de 2023 qui a entraîné une succession d’arrêts de réacteurs. D’après la Cour des comptes, cette disponibilité ne devrait pas remonter rapidement du fait cette fois des programmes de « grand carénage ». A voir… En tout cas, ce facteur de charge du nucléaire n’a rien à voir avec celui de l’éolien terrestre (22% en 2024) ou du photovoltaïque (13% en 2024).

Les magistrats reconnaissent au passage qu’EDF a plutôt bien géré les crises avec le lancement en 2019 du programme Start2025, dont les premiers résultats sont probants mais « qu’il faut ancrer dans la durée ». Ils résument la situation ainsi : « une capacité démontrée d’EDF à surmonter des crises qui contraste avec la persistance de difficultés structurelles ».

Chassez le naturel de la Cour des comptes, il revient au galop

Le rapport souligne aussi que les activités de maintenance et les investissements sur le parc ont crû de 28% sur la période 2014- 2024 et dépassent les 6 milliards d’euros par an, dont 5,1 milliards pour le « grand carénage ». Ce grand programme ombrelle de toute la maintenance et de la prolongation du parc représente un investissement de 100,8 milliards d’euros sur la période 2014 à 2035 (131,9 milliards en intégrant des charges d’exploitation complémentaires): 33 milliards dépensés de 2014 à 2022, 33 milliards pour 2022- 2028 et le même montant pour la période 2029-2035.

Enfin, la Cour des comptes ne pouvait pas totalement chasser son naturel et a tout de même réservé quelques critiques à EDF notamment sur la gestion de ses fournisseurs. Même si la révision des politiques d’achat est trop récente pour que la Cour puisse se prononcer sur son efficacité… La politique d’EDF initiée en 2020 visant à réinternaliser certaines compétences considérées comme stratégiques, comme l’ouverture et la fermeture des cuves des réacteurs, laissée à la discrétion des sites, mériterait d’être clarifiée et « mise en cohérence », recommande le rapport. Enfin, concernant les fraudes et falsifications de documents qualité chez les fournisseurs, la Cour des comptes considère que le risque n’est toujours pas totalement maîtrisé.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This
.et_pb_column_1_4 { display:none !important; } .wp-image-13628 { display:none !important; }