<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> MaPrimeRénov’, c’est reparti pour le meilleur… et pour le pire

3 octobre 2025

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MaPrimeRénov’, c’est reparti pour le meilleur… et pour le pire

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Mis en sommeil pendant trois mois faute de budget et compte tenu, pour changer, de ses multiples dérives, le dispositif d’aides publiques à la rénovation des logements MaPrimeRénov' a été relancé depuis le 30 septembre. Sans surprise, la plateforme en ligne a commencé par tomber en panne et ne sera opérationnelle... que la semaine prochaine. Si tout se passe bien. Sur le fond, l'énième nouvelle formule MaPrimeRénov’ voit ses ambitions et ses moyens fortement restreints. L’heure n’est plus à dilapider des milliards d’euros d’argent public pour des résultats inexistants ou presque. Seuls les logements classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE) sont éligibles. Les plafonds de travaux sont abaissés à 40.000 euros au maximum contre 70.000 euros auparavant. Enfin, seuls 13.000 dossiers pourront être acceptés jusqu'à la fin de l'année… et ne seront financés qu'en 2026.

La rénovation énergétique des bâtiments est indispensable pour réduire la consommation d’énergie, tout particulièrement de combustibles fossiles, et limiter ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Le secteur du bâtiment représente pas moins de 44% de la consommation finale d’énergie et 27% des émissions de gaz à effet de serre du pays… Mais la rénovation est menée en dépit du bon sens depuis des années par les gouvernements successifs, les agences publiques (notamment l’Anah, Agence nationale de l’habitat) et l’administration. Ce qui s’est traduit par des milliards d’euros engloutis dans des rénovations dont l’impact est des plus limité. Et le tout avec des changements incessants de normes et de règles dans l’attribution des subventions et des aides, sans parler des errements répétés du trop fameux DPE (Diagnostic de performance énergétique). Une nouvelle méthode pour le calculer doit encore entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Il a été créé en 2006 !

Les dispositifs dysfonctionnels sont certes sans cesse corrigés et réformés depuis des années, sans pour autant améliorer les choses. Ils restent complexes, coûteux et ont engendré une multiplication d’arnaques en tous genres. L’impact réel de MaPrimeRénov’ est mal compris, mal évalué et les attributions des aides mal contrôlées. Tout le monde le sait depuis des années, mais l’argent continue à être distribué et l’administration, les ministres et les agences de l’Etat cachent leur impuissance et leur irresponsabilité derrière des discours volontaristes et moralisateurs.

Manquements graves de 34% des professionnels contrôlés par la Répression des fraudes

Illustration, la Répression des fraudes a indiqué le 29 septembre dernier avoir relevé des manquements graves de 34% des 1.000 professionnels contrôlés en 2024 dans la filière de la rénovation énergétique. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a transmis à la justice « 140 procès-verbaux pénaux pour des pratiques commerciales trompeuses et de démarchage agressif ». L’administration a aussi infligé 50 amendes administratives, « principalement pour du démarchage téléphonique illicite », et a ordonné une mise en conformité à 140 professionnels.

En tout cas, depuis le 1er octobre, la énième mouture du dispositif MaPrimeRénov’ (rien que le nom reflète l’amateurisme) est entrée en vigueur après trois mois de suspension, non sans mal… Ainsi, ceux qui ont cherché le 30 septembre à se connecter à la plateforme en ligne n’ont pas pu. Elle était en panne. L’Anah a indiqué avoir rencontré une anomalie technique et avoir dû mettre la plateforme en maintenance. Et cette maintenance doit se poursuivre jusqu’au début de la semaine prochaine… Si tout se passe bien. Heureusement que le ridicule ne tue plus.

Un dispositif très restreint

Sur le fond, le nouveau dispositif est restreint par rapport au précédent. Seuls les logements classés E, F ou G au diagnostic de performance sont éligibles. Les plafonds de travaux sont abaissés à 40.000 euros maximum contre 70.000 euros auparavant. Les ménages aux revenus très modestes sont prioritaires et la subvention maximale est divisée par deux, passant de 63.000 euros à 32.000 euros.

Enfin, faute de budget, seuls 13.000 dossiers pourront être acceptés jusqu’à la fin de l’année et ne seront financés qu’en 2026. L’enveloppe 2025 a été entièrement dépensée par les dossiers déposés avant juin. Depuis le début de l’année, 71.828 dossiers de rénovations d’ampleur avaient été acceptés, près du double par rapport à l’année 2024 perturbée par de multiples changements de règles.

La responsabilité de l’Etat… et des professionnels

On peut presque parler de réouverture symbolique. L’Etat a fixé des « objectifs par territoire » qui se comptent souvent en quelques dizaines de dossiers. Le collectif Rénovons, d’entreprises et associations du secteur, dénonce dans une lettre adressée au Premier ministre un « abandon » par l’Etat de sa politique de rénovation énergétique qui a subi un « détricotage » au fil des années. Ils ont raison. Mais cette politique a été sabotée en partie par la profession elle-même qui n’a pas fait le ménage dans ses rangs. Avec l’inefficacité d’une bonne partie des travaux qui ont été mal faits et évidemment la multiplication des arnaques.

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La rédaction

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