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Le Luxembourg veut réduire le «tourisme à la pompe»


Il s’agit d’une véritable tradition. Les frontaliers, Français, Allemands et Belges, particuliers et entreprises, viennent faire le plein de leurs véhicules dans les stations-service du Luxembourg. Et on comprend bien pourquoi. Par rapport à la France, aujourd’hui et en moyenne, les prix à la pompe dans le Grand-Duché sont 37% plus avantageux pour l’essence et 42% pour le diesel.

Cela explique pourquoi le Luxembourg avec ses 610.000 habitants compte pas moins de 234 stations-service dont plus de 60% sont installées à ses frontières. Il s’agit d’une manne financière pour le pays puisque le secteur pétrolier génère environ deux milliards d’euros de revenus fiscaux par an, soit 3% de son PIB, selon le Groupement Pétrolier Luxembourgeois.

Le problème, c’est que le Grand-Duché se retrouve avec un bilan d’émissions de CO2 catastrophique. Il devrait rejeter 9,3 millions de tonnes de CO2 cette année alors qu’il est supposé atteindre 8,1 millions de tonnes dès l’an prochain. Le transport concentre «près des deux tiers des émissions de CO2 du pays», explique le ministre des finances Pierre Gramegna.

La seule solution consiste à diminuer progressivement le fameux «tourisme à la pompe». Ce dernier représente pas moins de 77% des ventes de carburants depuis 2015. Et encore, ce chiffre est en légère baisse puisque durant plus de 15 ans, l’approvisionnement des frontaliers dans les pompes luxembourgeoises représentait 80% des ventes du pays.

Augmenter les taxes

Pour réduire les ventes de produits pétroliers sans déséquilibrer les finances du pays, le gouvernement luxembourgeois vient donc de décider, au début de la semaine, d’augmenter progressivement les taxes sur le carburant. «Le prix du diesel et de l’essence au Luxembourg se situant bien en dessous de ceux des pays limitrophes, il est essentiel de diminuer progressivement les écarts de prix avec les pays voisins, afin de réduire les exportations de carburant», a-t-il déclaré. Dès 2020, le tarif des carburants augmentera au Luxembourg de trois à cinq centimes pour le diesel et de un à trois centimes pour l’essence. Ces hausses interviendront entre février et avril.

Mais dans la tradition luxembourgeoise, le changement sera très progressif. Les prix des carburants resteront encore nettement plus avantageux que ceux pratiqués en France. Et puis au passage le gouvernement luxembourgeois a décidé d’instaurer la gratuité dans les transports publics à partir du 1er mars 2020.

La rédaction