<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La lumière commence à se faire sur l’origine du blackout espagnol

6 octobre 2025

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La lumière commence à se faire sur l’origine du blackout espagnol

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Depuis la gigantesque panne de courant qui a plongé dans le noir le 28 avril dernier la péninsule ibérique, le gouvernement espagnol n’a eu de cesse de chercher avant tout de dédouaner sa politique énergétique. C'est-à-dire à ne surtout pas mettre en cause les renouvelables intermittents et plus particulièrement les parcs photovoltaïques. Mais l'Entsoe, l'organisme regroupant les gestionnaires européens de réseaux de transport d'électricité, ne joue pas ce jeu-là. Dans un premier rapport d’étape sur le blackout, il pointe des « surtensions en cascade » et fait état de grandes difficultés à récupérer les données en laissant entendre que les pouvoirs publics espagnols n'y sont pas pour rien… Dix jours avant le blackout, le 18 avril, l’Entsoe, avait averti des risques de surproduction solaire à l'approche des beaux jours.

La panne d’électricité massive qui a soudain privé de courant toute la péninsule ibérique le 28 avril dernier n’a aucun équivalent, du fait de son origine, dans le monde. Il s’agit du premier blackout de l’histoire résultant de surtensions.

Telle est la conclusion du premier rapport d’étape de l’Entsoe, l’organisme regroupant les gestionnaires européens de réseaux de transport d’électricité, qui a mandaté un panel de 45 experts pour étudier, sans biais politique et idéologique, les origines de la gigantesque coupure de courant. « Il s’agit de la panne d’électricité la plus grave qu’ait connue l’Europe au cours de ces vingt dernières années et le plus important est qu’il s’agit de la première du genre », a expliqué Damian Cortinas, président du conseil de l’Entsoe.

« Jamais produit auparavant en Europe »

Elle est la conséquence de « surtensions en cascade ». Dix jours avant le blackout, le 18 avril, l’Entsoe, avait averti des risques de surproduction solaire à l’approche des beaux jours… Damian Cortinas a ajouté : « cela ne s’est jamais produit auparavant en Europe, nous en sommes sûrs… et probablement dans le monde entier ». Il a également laissé entendre qu’il s’agit bien d’un problème propre au système électrique espagnol en soulignant que « même si la capacité d’interconnexion [du réseau avec la France] avait été doublée, cela n’aurait pas empêché la panne et n’aurait pas accéléré le rétablissement ».

La tension d’un réseau électrique est comparable dans son principe à la pression de l’eau dans un tuyau. Appliquée à l’électricité, c’est elle qui met les électrons en mouvement. Mais en cas de surtension, le système électrique doit se protéger car il risque d’être endommagé.

La difficile collecte des données

Si ce premier rapport d’étape de l’Entsoe a mis autant de temps pour être réalisé et rendu public, c’est qu’il s’est appuyé sur une quantité très importante de données et que certains « tiers » « n’avaient pas donné leur consentement au gestionnaire de réseau de transport espagnol pour transmettre les données », a révélé Klaus Kaschnitz, le n°2 du panel d’experts. « La collecte de données complètes et de haute qualité s’est avérée très difficile pour cette enquête ». Et certaines données restent manquantes qui n’ont pas été transmises par les gestionnaires des réseaux de distribution et les producteurs espagnols. Les soupçons se portent évidemment sur le gouvernement espagnol qui fait tout pour masquer les perturbations du système électrique résultant des fluctuations incontrôlées de production des renouvelables intermittents et plus particulièrement des parcs solaires. Les renouvelables intermittents fournissaient 70% de la production électrique au moment du blackout.

Et la présidente du gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, Beatriz Corredor, avait été jusqu’à mettre en cause dans l’origine de la panne le rôle de certains producteurs d’« électricité conventionnelle », issue de centrales à gaz, nucléaires ou hydrauliques qui avaient des seuils de contrôle de la tension placés trop bas. Ils se seraient trop protégés des surtensions !

Le rapport final au premier trimestre de 2026

Selon le rapport d’étape de l’Entsoe, la demi-heure précédant la panne a été marquée par deux épisodes de « fluctuations de puissance, de tension et de fréquence ». Les gestionnaires du réseau ont alors tenté de rééquilibrer le système, notamment « en réduisant les exportations de l’Espagne vers la France ». Cela a « permis de limiter les fluctuations » mais a « entraîné une augmentation de la tension dans le système électrique ibérique ». Ils ont fini par perdre le contrôle avec des séries de pertes de production d’installations éoliennes et solaires qui se sont mises en sécurité et de déconnexions en chaîne dans la foulée de plusieurs centres de production électrique. « Sans compensation adéquate par d’autres ressources du système », ces déconnexions ont accéléré les hausses de tension et tout le système est tombé.

Le groupe d’experts dévoilera au premier trimestre de l’année prochaine son rapport final qui « comprendra une analyse détaillée des causes profondes et des recommandations sur la manière de prévenir des événements similaires dans le système électrique européen à l’avenir ».

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