L’électrification des usages est la clé de la transition énergétique. L’électricité bas carbone doit progressivement se substituer aux combustibles fossiles dans les transports, le chauffage des bâtiments et l’industrie. Plus facile à dire qu’à faire compte tenu des contraintes techniques et économiques très sous-estimées par les technocrates et les institutions qui assènent à jets continus leurs modèles et leurs injonctions.
Ainsi, les réussites dans l’électrification des usages ne viennent pas forcément d’où on les attend. Le meilleur exemple en est donné par l’impact du développement impressionnant du rail en Chine et tout particulièrement de la construction à marches forcées dans le pays d’un réseau sans équivalent de trains à grande vitesse. Une situation mise en avant le mois dernier par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport annuel, le World Energy Outlook 2025.
40% du trafic de passagers dans le monde et 30% du fret
Il en ressort que l’essor spectaculaire du ferroviaire a permis à la Chine d’économiser l’importation de près de 1,5 million de barils de pétrole par jour en 2024. Un volume incroyable, plus important que toutes les économies réalisées par l’ensemble des voitures électriques dans le monde la même année !
« Dans un scénario où l’activité ferroviaire non urbaine en Chine serait restée à son niveau de 2000, la demande de pétrole serait supérieure de près de 1,5 million de barils par jour en 2024 à ce qu’elle a été… Entre 2015 et 2024, le rail non urbain en Chine a permis d’éviter cumulativement près de 12 millions de barils par jour de consommation de pétrole et plus de 1,6 Gt de CO2, soit l’équivalent de ses émissions annuelles combinées provenant des transports, des bâtiments et de l’industrie légère en 2024 », affirme l’Agence internationale de l’énergie.
On ne mesure pas instinctivement le poids pris par l’essor spectaculaire du ferroviaire dans la transition énergétique du pays qui émet, de loin, le plus de gaz à effet de serre dans le monde. La Chine représente aujourd’hui 40% du trafic ferroviaire de passagers et 30% du fret mondial. Son réseau de trains à grande vitesse a doublé depuis 2015. Il dépasse aujourd’hui 40.000 km, soit presque trois fois plus que toutes les lignes à grande vitesse du reste de la planète réunies.
L’efficacité énergétique sans équivalent du rail
L’Europe possède le deuxième plus grand réseau ferroviaire à grande vitesse, qui représente un quart de celui de la Chine, et le Japon et la Corée du sud occupent les places suivantes. D’ici 2035, le réseau ferroviaire à grande vitesse chinois devrait atteindre 45.000 km.
Le rapport de l’AIE souligne que le rail chinois est aujourd’hui massivement électrifié. Sur les 162.000 kilomètres de voies de chemin de fer du pays, plus de 120.000 sont électrifiés, soit 75,8% du total. Cela donne un avantage énergétique important face aux autres modes de transport. A titre de comparaison, « en Chine, en moyenne, le transport ferroviaire de passagers hors zone urbaine consomme environ 80 fois moins de pétrole par passager-kilomètre que le transport aérien. Les chiffres équivalents pour les voitures particulières sont près de 100 fois moins élevés et 10 fois moins élevés pour les bus. Le transport ferroviaire de marchandises consomme environ 30 fois moins de pétrole que le transport routier », écrit l’AIE.
Maintenant, il ne faut pas perdre de vue une chose. La production électrique chinoise, qui alimente le transport ferroviaire, est très carbonée en étant assurée à 50% par des centrales à charbon…













