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Réduire le gaspillage d’énergie, le moyen le plus efficace pour faire baisser rapidement les émissions de CO2


Combien d’entre vous ont trop chaud en hiver, à cause du chauffage excessif, et trop froid en été, à cause de la climatisation trop puissante? Combien d’entre vous laissent leur ordinateur sous tension la nuit et n’éteignent pas l’éclairage quand ils quittent une pièce au travail comme chez eux? Tout le monde ou presque se comporte comme cela.

Selon une étude réalisée au Royaume-Uni par Schneider Electric et citée par le magazine Forbes, au moins 117 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre provenaient l’an dernier d’énergie perdue ou gâchée. Pour donner un ordre d’idée, cela représente un quart des émissions de gaz à effet de serre du Royaume-Uni. Et pour les pays en Europe qui dépendent autant ou plus des énergies fossiles pour fabriquer de l’électricité, comme la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne… les conséquences de ce gaspillage sont identiques ou pires. L’énergie est tout simplement à l’origine en Europe de 80% des émissions de gaz à effet de serre. La première façon efficace de réduire ses émissions consiste à s’attaquer sérieusement au gaspillage

Mais il est plus facile de vanter les mérites, réels ou supposés, des voitures électriques à batterie, des éoliennes et des panneaux solaires. Car qui va décider, par exemple, de supprimer les éclairages inutiles dans les grandes villes, de jour comme de nuit? Qui va décider de s’attaquer en priorité et avec des moyens importants aux millions de logements qui sont des passoires thermiques?

Un autre calcul fait par Schneider Electric montre qu’il est possible de réduire de près de moitié les émissions de CO2 d’ici 2040, en réduisant de 30 à 50% la consommation d’énergie des bâtiments existants en accélérant la «décarbonisation» et l’électrification (du chauffage notamment).

Rejeter la faute sur les autres

Selon Schneider Electric, les entreprises du Royaume-Uni estiment qu’environ 36% de leur consommation quotidienne d’énergie est gaspillée. Et près de la moitié de ses entreprises (44%) n’ont pas pris d’initiatives pour réduire leur consommation d’énergie ou ne savent pas si elles ont pris de telles initiatives.

Et il ne s’agit pas seulement des entreprises. Plus de trois quart des consommateurs adultes du Royaume Uni (76%) considèrent qu’ils en ont déjà fait assez pour réduire le gaspillage d’énergie et 12% n’ont pas la moindre intention de moins consommer d’énergie. Et la faute est toujours celle des autres. Plus de la moitié des personnes interrogées (58%) considèrent que les autres sont responsables du gaspillage d’énergie et notamment 25% considèrent que leur conjoint est fautif car il n’éteint pas la lumière et les appareils électroniques…

Il n’y a pas que les Anglais à rejeter la faute sur les autres. Une étude sociologique très récente montre qu’une majorité de personnes -aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Inde, en Suède- considère qu’elles se comportent bien mieux que la moyenne en matière de respect de l’environnement.

Mais en-dehors de l’autosatisfaction et du peu d’enthousiasme pour changer son mode de vie et de consommation, le principal obstacle à la réduction du gaspillage tient à son coût, réel ou supposé. Pas moins de 8 entreprises sur 10 au Royaume-Uni craignent de voir leurs coûts de fonctionnement augmenter si elles prennent des mesures et investissent pour économiser l’énergie. Il en va de même pour les particuliers et la France n’est pas mieux placée avec la baisse à venir de fait des aides à l’isolation des logements.

Et pourtant s’en prendre au gaspillage est sans doute la façon la plus simple, la plus efficace et la plus immédiate de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.

La rédaction