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Superphénix Wikimedia Commons

La France abandonne la quatrième génération de réacteurs nucléaires


L’avenir de l’énergie nucléaire vient encore de s’assombrir en France. Ce qui était il y a quelques années un des rares domaines industriels ou la technologie française était à la pointe s’enfonce dans les incertitudes et les renoncements. La faute au manque de courage des gouvernements successifs, incapables de décider d’une stratégie nucléaire de long terme, et des errements du chantier de l’EPR, réacteur de troisième génération, de Flamanville.

Dernière très mauvaise nouvelle en date, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a décidé d’abandonner le projet de prototype de réacteur nucléaire de quatrième génération dit à neutrons rapides baptisé Astrid (acronyme de l’anglais Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration). La France renonce ainsi de fait à être le numéro un mondial de la technologie nucléaire civile. En cause, selon Le Monde qui révèle cette décision, son coût trop élevé, de 5 à 10 milliards d’euros sur quelques décennies, et plus encore l’absence de soutien d’EDF et de volonté politique…

Cette nouvelle génération de réacteurs refroidis au sodium devait utiliser pour fonctionner les déchets radioactifs, uranium appauvri et plutonium, produits par le parc actuel de 58 réacteurs et stockés sur le site de La Hague. Astrid devait permettre de produire de l’énergie et de recycler les déchets existants, notamment ceux ayant une durée de vie de milliers d’années. Son prototype devait être construit sur le site de Marcoule dans le Gard.

Le réacteur Superphénix de Creys-Malville, voir la photographie ci-dessus, abandonné en 1997 sur décision du gouvernement Jospin à la suite d’un accord politique avec les Verts, s’appuyait déjà sur ce concept. Un concept séduisant car il boucle le cycle nucléaire avec la réutilisation des déchets radioactifs.

Une source interne au CEA, citée par Le Monde, indique que la cellule de vingt-cinq personnes qui coordonnait le programme a été fermée au printemps et que l’organisme de recherche «n’y consacre plus de moyens ni d’énergie». Interrogée par l’agence Reuters, une porte-parole du CEA a indiqué que le projet était désormais envisagé sur «le long terme, pour la deuxième moitié du siècle». En clair, il est bel et bien enterré.

Selon des chiffres de la Cour des comptes, près de 738 millions d’euros avaient été investis dans le projet Astrid à fin 2017, dont près de 500 millions provenaient du grand emprunt du Programme d’investissements d’avenir.

La rédaction