Transitions & Energies

Le fiasco de la route solaire


Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, voulait en faire le modèle d’une révolution à venir, celle de la route produisant de l’électricité grâce à des dalles photovoltaïques. Une portion d’un kilomètre de départementale a été choisie dans l’Orne en 2016 pour tester cette technologie. L’ambition était d’en installer pas moins de 1.000 kilomètres d’ici 2020. Les résultats ont été catastrophiques avec une succession de problèmes techniques et une production électrique dérisoire. La route solaire, qui ne fait plus que 200 mètres aujourd’hui, sera totalement démantelée dans les prochaines semaines. Elle aura coûté 5 millions d’euros à l’Etat.

La première route solaire au monde, inaugurée en fanfare en 2016 par Ségolène Royal alors ministre de l’Environnement dans la commune de 3.200 habitants de Tourouvre-en-Perche dans l’Orne (61) en région Normandie, est un échec total. Elle aura coûté 5 millions d’euros d’aides à l’Etat pour un résultat catastrophique. Au point que ce qu’il en reste sera démantelé dans les prochaines semaines. Cela permettra de ne plus voir les joints en lambeaux, les dalles solaires qui se décollent de la chaussée et les éclats qui parsèment la résine censée protéger les cellules photovoltaïques.

Equiper 1.000 kilomètres de routes en 2020

Les objectifs annoncés par la ministre de l’Ecologie étaient très ambitieux. Faire d’abord un test sur un kilomètre de chaussée et ensuite équiper 1.000 kilomètres de routes à l’horizon 2020 avec cette technologie présentée comme révolutionnaire et unique au monde. Le tronçon d’expérimentation a été installé sur une route départementale par Colas et sa filiale Wattway. Constitué de 2.800 mètres carrés de dalles photovoltaïques capables de supporter le trafic routier, il devait fournir de l’électricité permettant théoriquement d’alimenter l’éclairage public d’une ville de 5.000 habitants.

Une production électrique ridicule

Sept ans et demi plus tard, il a fallu se rendre à l’évidence, la route solaire ne produit presque rien. Selon les calculs réalisés par le magazine local Le Perche, le tronçon aurait produit « un total de 366,2 MWh, soit 61 MWh par an ». De quoi alimenter la consommation sur une année de trois logements de cinq personnes…

Soulagement des habitants de la commune

Dès les premières semaines qui ont suivi l’inauguration de la route, les problèmes techniques se sont multipliés : affaissement, encrassement, courts-circuits, nuisances sonores, délaminations… Pas moins de 10 types de dalles photovoltaïques différentes auront été testés, sans grand succès. Dès l’été 2019, une bonne partie des dalles ont été démontées et la route solaire ramenée à 400 mètres… et même 200 mètres aujourd’hui. Cela n’a pas empêché les habitants de Tourouvre-en-Perche de subir des gênes et des travaux à répétition sur ce tronçon constamment en réfection. Le démantèlement est pour eux un soulagement.

La rédaction