Transitions & Energies

L’étrange idée japonaise d’un navire batterie


Une start-up japonaise qui ne manque pas de créativité va construire le prototype d’un navire batterie permettant de transporter de l’électricité renouvelable bas carbone de son  lieu de production vers son lieu de consommation. Elle explique que c’est un moyen plus sûr au Japon que les câbles sous-marin.

La société japonaise PowerX a lancé un projet étonnant de construction d’une «centrale électrique mobile» sous la forme d’un navire batterie de 140 mètres qui transportera 241 mégawattheures d’électricité renouvelable sur de courtes distances. Il sera lui-même propulsé par sa propre électricité. Le navire est présenté par la start-up japonaise comme un tanker dont les cuves remplies de pétrole seront remplacées par d’immenses batteries.

Le Japon est entouré de mers profondes et subit de nombreux tremblements de terre

L’idée est la suivante: l’électricité renouvelable, éolienne et solaire, est souvent produite à distance de l’endroit où elle est le plus nécessaire. Un navire électrique rempli de batteries peut transporter cette électricité stockée là où elle est nécessaire. La question qui vient immédiatement à l’esprit est de savoir s’il n’est pas plus simple et moins coûteux d’installer un câble électrique sous-marin? PowerX répond que le Japon est entouré de mers profondes et subit de nombreux tremblements de terre. «La solution construite avec un navire résout des problèmes tels que les longs temps d’arrêt dus aux dysfonctionnements et aux réparations des câbles sous-marins, ainsi que les coûts élevés associés aux connexions et aux sous-stations à ultra-haute tension», écrit PowerX. Une vidéo présente ici le projet.

PowerX construit une grande usine de batteries, ce qui explique aussi pourquoi remplir un navire de batteries lui semble une meilleure solution que d’installer un câble reliant les éoliennes aux consommateurs de leur électricité. Un prototype baptisé «Battery Tanker X» (voir l’image ci-dessus) sera construit. Il emportera 96 modules de batteries lithium-fer-phosphate de la taille d’un conteneur ainsi que des contrôleurs et des unités de charge. Ce prototype n’ira pas très loin. Propulser un lourd navire dans des eaux agitées est particulièrement compliqué avec des systèmes de propulsion électrique alimentés par des batteries. L’autonomie maximale du navire, avant qu’il consomme trop d’électricité pour que le transport ne soit plus économiquement réalisable, ne doit pas dépasser 300 km. Selon le Pdg de PowerX, Masahiro Ito, le premier navire devrait être construit d’ici la fin de l’année 2025, et les premiers tests pratiques devraient commencer en 2026.

La question du coût

Le navire définitif baptisé Arche de puissance «Power Ark» sera, comme son nom l’indique, bien plus puissant que le prototype. Il transportera huit fois plus de capacités de batteries, ce qui signifie qu’il prendra la mer avec un volume colossal de deux gigawattheures. Les navires seront équipés de mécanismes de sécurité renforcés et d’extinction des incendies absolument essentiels si les batteries lithium-ion venaient à entrer en court-circuit.

Une flotte de «Power Ark» pourrait transporter 4.190 GWh d’électricité renouvelable provenant d’Hokkaido pour répondre à la demande à Aomori, à 100 km de là. Si quatre navires étaient déployés 24 heures sur 24 sur cet itinéraire, la start-up affirme que le coût du transport de l’énergie serait d’environ 0,17 dollar par kWh. Le prix de détail moyen de l’électricité domestique au Japon est d’environ 0,25 dollar ce qui laisse une faible marge de 0,07 dollar par kWh à répartir entre les producteurs d’électricité renouvelable et les distributeurs. PowerX a créé une filiale appelée «Ocean Power Grid, Inc» pour commercialiser et développer cette technologie.

La rédaction