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Les conséquences de l’embargo chinois sur le charbon australien


En voulant sanctionner l’Australie, coupable d’avoir demandé une enquête internationale indépendante sur l’origine de la pandémie de Coronavirus, la Chine a peut-être commis une erreur. L’économie australienne n’en souffre pas trop, mais l’économie chinoise commence à subir des pénuries d’électricité et des coupures de courant qui affectent des centaines de millions de personnes. Beijing montre aussi que sa puissance économique est une arme politique. Un avertissement.

La bataille économique et politique entre la Chine et l’Australie commence à avoir de sérieuses conséquences sur la production d’électricité chinoise. Mécontente des critiques formulées en Australie sur le pouvoir Chinois et sa gestion de la crise du Covid, Beijing a voulu punir ce pays et montrer au passage l’étendue de sa puissance en interdisant les importations de charbon australien. La Chine a été particulièrement agacée par l’appel au printemps dernier du Premier ministre australien Scott Morrison à ouvrir une enquête indépendante sur les origines du coronavirus. D’autant plus que l’Organisation mondiale de la santé a décidé ensuite de suivre cette recommandation.

Interdiction d’importer du charbon australien

Les sanctions commerciales de Beijing ont donc commencé à se succéder. Le 13 décembre, la Commission nationale du développement et de la réforme a autorisé toutes les centrales électriques du pays à importer du charbon sans restriction, sauf depuis l’Australie. Le vin, le bœuf et l’orge australiens ont été aussi touchés par des interdictions d’importation ou des droits de douane prohibitifs. L’Australie a décidé de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce.

Le problème pour la Chine est que l’économie australienne résiste pour l’instant plutôt bien aux sanctions, aidée par la hausse significative des cours du fer. Sur les 100 milliards d’euros d’exportations australiennes annuelles, le minerai de fer en représente près de la moitié. Et les producteurs de charbon devraient pouvoir écouler leurs stocks, une partie au moins, auprès de leurs autres principaux clients, comme l’Inde, le Japon et le Vietnam.

Coupures de courant et rationnement

Plus gênant encore pour Beijing, le manque de charbon commence à se faire sentir et les coupures de courant à se multiplier dans certaines régions. Le pays est très dépendant du charbon pour sa production d’électricité. Des centaines de millions de Chinois se sont ainsi vu ordonner de rationner leur consommation d’électricité y compris le chauffage et l’utilisation des ascenseurs. Certaines entreprises doivent limiter leur activité.

Un reportage de RFI montre des bureaux sans chauffage et des rues plongées dans le noir le soir dans certaines provinces chinoises. Les autorités du Hunan, en Chine méridionale, n’autorisent plus la consommation électrique qu’entre 10h30 et midi et 16h30 et 20h30. Même distribution alternative dans la journée dans la province voisine du Jiangxi. Dans le Zhejiang, les radiateurs électriques ne peuvent être allumés que quand les températures descendent en dessous de 3 degrés. La Mongolie intérieure est aussi touchée par les restrictions. Et dans le même temps, plus de 50 navires australiens dont les soutes sont pleines de charbon restent bloqués le long des côtes chinoises.

L’information étant contrôlée étroitement par les autorités chinoises, ces dernières préfèrent évoquer la rigueur de l’hiver et une forte augmentation de la demande pour expliquer les pénuries… Mais comme le montre la Statistical Review of World Energy, publiée chaque année par BP, le charbon représente 58% de la consommation totale d’énergie chinoise. Record du monde. Et si la Chine produit beaucoup de charbon, elle en importe aussi de grandes quantités, notamment d’Australie. Canberra assurait l’an dernier 57% des importations de charbon de la Chine ce qui lui assurait 8,7 milliards d’euros de revenus.

La rédaction