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Les deux scénarios de la transition selon BloombergNEF


Le cabinet d’étude dédié à la transition énergétique BloombergNEF vient de publier ses prévisions annuelles sur la consommation d’énergie dans le monde d’ici 2050. BloombergNEF propose deux scénarios. Un volontariste dit «NetZero» marqué par des investissements massifs dans les renouvelables, le nucléaire, l’hydrogène et la capture du CO2 et un autre qui poursuit la transition telle qu’elle est amorçée aujourd’hui baptisé «Economic Transition». Dans le premier cas, le réchauffement serait inférieur à 2°C et dans le second il serait de 2,6°C… si les modèles sont fiables.

BloombergNEF (New Energy Foundation) est un cabinet d’étude dédié à la transition énergétique créée et financé par l’agence d’information financière du même nom. Il a l’avantage d’être indépendant des contraintes politiques des grandes organisations internationales et d’avoir ainsi souvent des analyses plus libres et originales. Il n’a pas non plus pour stratégie d’annoncer en permanence les catastrophes à venir pour justifier son existence et ses prises de position.

Le pari de l’électrification massive, de l’hydrogène et de la capture du CO2

Son dernier rapport New Energy Outlook 2022, publié il y a quelques jours, est à la fois réaliste et raisonnablement optimiste ce qui tranche avec le catastrophisme ambiant. BloombergNEF revient ainsi aux fondamentaux, la décarbonation ne peut se faire que par une électrification généralisée des usages de l’énergie par le recours tout aussi massif à l’hydrogène vert et par la capture du CO2 à grande échelle. Cela implique des investissements massifs dans la production d’électricité décarbonée, éolienne, solaire, nucléaire, hydraulique.

En préambule, Bloomberg NEF concède que sa «modélisation montre bien qu’une trajectoire qui limite l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C d’ici 2050 semble de plus en plus hors de portée» mais «des chemins existent encore pour rester bien en-deçà de 2°C de réchauffement (par rapport à la période préindustrielle) si les gouvernements et les entreprises agissent de façon déterminée en faveur des énergies et des technologies bas carbone».

Tout cela ne peut se faire que par des investissements massifs qui selon BloombergNEF doivent être trois fois supérieurs dans les technologies et équipements de la transition que dans les carburants fossiles. Les technologies moins matures comme l’hydrogène et la capture du carbone doivent notamment être des priorités des financements publics et privés.

Cette trajectoire volontariste est illustrée par le scénario dit «Net Zero». Il est construit autour d’un pic atteint actuellement de la consommation des énergies fossiles dans le monde.  Le pic historique de la demande pour le pétrole devrait rester celui atteint 2019, celui pour le gaz naturel le niveau de 2021 et pour le charbon le niveau de 2022. Il s’agit d’hypothèses construites sur une scénario macroéconomique marqué à la fois sur une récession majeure en 2023 dans le monde et un redémarrage ensuite lent de l’activité.

Produire plus de 80 000 TWh d’électricité

Le plus intéressant dans le scénario «Net Zero» est le fait qu’il passe par une électrification massive du système énergétique mondial, en ayant recours à des filières bas carbone pour la production d’électricité. Le monde aurait besoin, dans ce scénario, de produire plus de 80 000 TWh d’électricité par an à l’horizon 2050, soit plus du triple du niveau actuel. Le mix électrique mondial de 2050 reposerait principalement sur l’éolien (47% de la production), le solaire (26%) et le nucléaire (9%).

Précisons qu’environ 23 000 TWh d’électricité seraient dédiés en 2050 dans le scénario «Net Zero» à la production d’hydrogène vert par électrolyse et la consommation mondiale d’hydrogène quintuplerait d’ici à 2050. Pour donner une idée des investissements massifs que cela représenterait dans la production électrique, les seuls besoins d’électricité pour la production d’hydrogène en 2050 équivaudraient à l’ensemble de la consommation mondiale d’électricité en 2020…

Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, BloombergNEF insiste aussi sur l’explosion indispensable des capacités de capture et de stockage de CO2. Elles avoisinent 40 millions de tonnes en 2021 et devraient être portées à 1,7 milliard de tonnes en 2030 et à plus de 7 milliards de tonnes en 2050.

Poursuite du déploiement des technologies actuelles

BloombergNEF présente aussi un autre scénario dit «Economic Transition» qui «ne suppose aucune nouvelle action politique pour accélérer la transition» et qui conduirait à un réchauffement de près de 2,6°C. Il est construit sur la poursuite du développement et du déploiement des technologies actuelles de la transition, éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques à batteries.

Les renouvelables y compris l’hydraulique et le nucléaire représenteraient ainsi les deux tiers de la production mondiale d’électricité d’ici 2050. BloombergNEF estime dans ce scénario que plusieurs pays clés de la transition, notamment la Chine, l’Inde et l’Indonésie, pourraient dépasser les objectifs de décarbonation qu’ils se sont fixés. Dans ce scénario, la consommation de carburants fossiles dans le monde culminera au cours de la prochaine décennie et aura diminué en 2050 de 29% par rapport à aujourd’hui.

La rédaction