Transitions & Energies

Décarboner la défense nationale, la quadrature du cercle


Le ministère de la Défense a annoncé il y a quelques mois un plan énergie climat visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre, avant tout dans son parc immobilier. Mais il est une réalité incontournable. Il est aujourd’hui impossible de se passer des énergies fossiles pour faire fonctionner des chars, des avions de chasse, des hélicoptères, des corvettes…

A la suite fameux accords de Paris de 2015, la France a choisi de prendre le chemin de la neutralité carbone. Pour ce faire, il est nécessaire de substituer des sources d’énergie peu émettrices aux usages aujourd’hui largement couverts par les énergies fossiles. Industrie, transports, habitat, agriculture, les chantiers ne manquent pas afin d’aboutir à un développement qui soit durable. Mais certains secteurs stratégiques devraient échapper – au moins partiellement – aux impératifs environnementaux, faute d’alternative réelle aux carburants fossiles. C’est bien évidemment le cas de l’armée. Comment pourrait fonctionner un char Leclerc électrique à batteries ?

Du symbolique

Pour autant, des efforts au moins symboliques vont être faits. Le ministère de la défense a ainsi annoncé un premier plan énergie climat il y a quelques mois, visant à réduire les émissions notamment de son parc immobilier et des secteurs facilement mobilisables.

Reste cependant la question des véhicules, engins, navires et autres aéronefs. En effet, si des modèles hybrides existent, comme le prototype «Scarabée» proposé par Arquus dans le cadre du remplacement des véhicules blindés légers (VBL), l’avantage de cette nouvelle motorisation réside plus dans la discrétion des quelques km en électrique que dans une réelle économie de carburants.

Fiabilité, endurance, facilité d’entretien

En effet, difficile d’imaginer des moteurs propres pour un usage militaire quand la préoccupation principale doit être la fiabilité, la facilité d’entretien, la résistance… Mais aussi la souveraineté. Et c’est là que le bât blesse: nos armées dépendent de carburants, issus de pétrole dont l’immense majorité est importé, y compris de pays au comportement parfois inamical.

Alors bien entendu, la France et ses armées disposent de réserves stratégiques, permettant une autonomie sur une période relativement longue. Mais c’est une maigre rustine.

Consacrer la petite production française de pétrole uniquement aux besoins des armées

D’où l’idée de Fabien Lainé, député Modem des Landes. La France n’est certes pas connue pour ses réserves pétrolifères, mais elles existent. Entre autres dans les Landes, justement. Où le site d’exploitation de Parentis extrait chaque jour environ 12.600 barils de pétrole. Une goutte d’eau dans la consommation nationale, mais équivalente à la consommation des forces armées.

Le suscité député a donc ainsi proposé que la production de ce site soit assurée et affectée aux besoins du ministère de la défense. Offrant ainsi une solution souveraine aux besoins énergétiques incontournables pour encore de nombreuses années.

La transition énergétique du pays passerait ainsi à la fois par la suppression des énergies fossiles partout où c’est possible, et simultanément le remplacement du résidu non substituable par une production nationale et de facto souveraine. Cerise sur le gâteau, l’exploitation de ressources locales permet de réduire le bilan carbone des dérivés pétroliers en épargnant le transport.

La loi Hulot interdit l’exploitation d’hydrocarbure sur le sol français…

Malheureusement, cette solution – sommes toutes de bon sens – n’est aujourd’hui pas réalisable. En effet, le pays s’est doté en 2017 d’une loi dite «loi Hulot» interdisant la recherche mais aussi l’exploitation des gisements pétroliers ou gaziers sur le sol français.
Le dogmatisme de certains écologistes nuisant simultanément à la planète, et à la nation. Il ne reste qu’à espérer un retour improbable au bon sens…

Philippe Thomazo

 

La rédaction