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La cartouche qui va démocratiser l’usage de l’hydrogène vert


La société suisse Stor-H vient de développer une cartouche révolutionnaire qui permet de stocker de l’hydrogène à l’état gazeux dans un réservoir de la taille d’une bouteille d’eau. Cette cartouche pourrait grandement faciliter et accélérer l’utilisation de véhicules légers fonctionnant à l’hydrogène.

Un des freins au développement de l’hydrogène comme énergie de substitution aux carburants fossiles est la nécessité de créer un réseau de stations de recharge pour alimenter les réservoirs à haute pression des différents véhicules, camions, voitures, scooters, triporteurs et vélos. A moins de pouvoir utiliser des cartouches rechargeables.

C’est la technologie que vient de développer la société suisse Stor-H filiale du groupe Aaqius. Elle permet de stocker l’hydrogène à l’état gazeux dans des cartouches de la taille d’une canette ou d’une bouteille d’eau via une sorte d’«éponge» constituée de plusieurs couches de divers matériaux. La pression dans ses cartouches est faible et il n’y a donc aucun risque d’explosion.

Ces cartouches se clipsent en quelques secondes sur un véhicule disposant du récepteur adapté. L’hydrogène est ensuite converti en électricité via une pile à combustible pour alimenter le moteur électrique. Une cartouche peut se recharger des milliers de fois. Sa durée de vie est estimée à dix ou quinze ans.

Pour les véhicules légers

Cette technologie est pour le moment réservée aux véhicules légers, de moins d’une tonne, allant des vélos électriques aux triporteurs, aux scooters et aux petites voitures. Ces différents véhicules peuvent embarquer jusqu’à deux cartouches. Chacune confère une autonomie d’environ une cinquantaine de kilomètres adaptée à une utilisation urbaine.

Mais rien n’empêche de fabriquer dans un avenir proche des cartouches de plus grandes tailles et de plus grandes capacités et d’étendre leur utilisation aux véhicules lourds, aux utilitaires, aux bateaux… Rappelons que la définition de l’hydrogène vert est sa méthode de fabrication, par électrolyse, qui ne produit aucune émission de CO2.

Le client aura plusieurs moyens d’acheter et de recharger les cartouches Stor-H. Il pourra opter pour un forfait négocié lors de l’achat de son véhicule, lequel aura été conçu spécifiquement pour fonctionner avec les cartouches Stor-H. Le client pourra effectuer lui-même la recharge en achetant une machine de la taille d’une imprimante fonctionnant avec de l’eau déminéralisée et fabriquant l’hydrogène à domicile par électrolyse. Dans ce cas, il faudra compter entre 30 minutes et 2 heures de charge par cartouche.

La solution la plus pratique consistera à échanger via des distributeurs automatiques sa cartouche vide pour une pleine. Des stations-service, des garages, des concessionnaires et des enseignes de la grande distribution, comme Intermarché, sont en pourparlers pour installer ces distributeurs.

Production industrielle

Stor-H a déjà signé des contrats avec plusieurs producteurs d’hydrogène, comme les Services Industriels de Genève, Air Liquide ou encore le géant chinois de la métallurgie MCC. Pour la distribution, des partenariats ont été signés en France, en Suisse, au Maroc ou encore en Chine avec le groupe Censtar qui gère 130.000 stations-service.

Une douzaine de constructeurs vont s’engager dans la fabrication de véhicules légers dotés de la technologie Stor-H, dont le groupe PSA, les start-up Gazelle et No Smoke, ou encore l’entreprise CycleEurope qui commercialise les vélos Gitane et Peugeot.

La production industrielle des cartouches a été lancée cette année et quelques milliers de cartouches seront fabriquées pour un chiffre d’affaires prévu de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le Pdg de Stor-H et Aaqius, Stéphane Aver, déclare aux Echos que «d’ici à 2025, tout l’écosystème Stor-H, des producteurs aux distributeurs, devrait générer 7,66 millions d’euros de chiffre d’affaires pour une production de 900 tonnes d’hydrogène vert. Six à sept pays devraient être équipés massivement par cette technologie, et éviter ainsi l’émission de 200.000 tonnes de CO2.»

La rédaction